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Sri Lanka

Premier raid aérien rebelle

Lorsque les premiers SMS ont été mis en circulation, en pleine nuit, ce 26 mars, ceux qui ont entendu le bruit des explosions étaient loin d'imaginer qu'à une trentaine de kilomètres de là, l'aéroport international et militaire de Colombo venait d'être bombardé et que, pour la première fois de leur histoire, les rebelles séparatistes, les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) venaient de lancer une offensive aérienne. Et cela, contre une base militaire gouvernementale installée dans l'enceinte de l'aéroport international de Colombo. Une première qui marque un tournant et une escalade.


Deux soldats des Tigres de libération de l'Eelam tamoul posent dans un des appareils de leur flotte aérienne. 

		(Photo : Reuters)
Deux soldats des Tigres de libération de l'Eelam tamoul posent dans un des appareils de leur flotte aérienne.
(Photo : Reuters)

«Maintenant que ces terroristes ont une flotte aérienne, c'est toute la région qui est menacée. Et non plus le seul Sri Lanka», lance Lakshman Hulugalle, s'exprimant en tant que porte-parole du gouvernement. De fait, vers une heure du matin ce 26 mars, deux avions ont survolé l'aéroport de Katunayake, à une trentaine de kilomètres au nord de Colombo. Sur les quatre bombes qu'ils ont lâchées, deux ont explosé. Quelques minutes après, des témoins sur place, disent avoir entendu des coups de feu. Selon l'armée, les dégâts sont mineurs et aucun civil n'a été touché. Mais, précision importante, l'aéroport militaire visé se trouvant dans l'enceinte de l'aéroport international de Colombo, les vols ont été suspendus, les passagers évacués et les routes qui mènent à l'aéroport fermées. En juillet 2001, ce même aéroport avait déjà été l'objet d'une opération commando et plusieurs appareils civils avaient été détruits.

Les rebelles promettent de nouvelles attaques aériennes

Pour atteindre leur cible, les rebelles tamouls ont dû longer la côte Ouest à basse altitude afin d'éviter les radars. Reste qu'avec leur action aérienne, une faille apparaît dans la surveillance de l'espace aérien. Il est vrai que, jusque-là, la rébellion tamoule s'était seulement manifestée dans des opérations terrestres ou maritimes pour revendiquer l'indépendance des territoires du Nord et du Nord-Est. Ce raid aérien rebelle est en effet une première en plus de 30 ans de conflit. Peu de temps après l'attaque, qui a vu les pilotes et leurs avions rejoindre leur base sains et saufs, la guérilla a revendiqué le bombardement et a menacé Colombo «d'autres attaques du même type».

«Le gouvernement ne compte changer ni ses plans, ni sa stratégie», réplique Lakshman Hulugalle. Les autorités s'efforçent de minimiser et de relativiser l'évènement, assurant que l'armée était parfaitement au courant de l'existence de la flotte aérienne des rebelles indépendantistes et qu'elle serait déjà équipée pour contrer ce genre d'attaque. Mais de leur côté, les observateurs estiment qu'il s'agit surtout pour les autorités de ne pas reconnître une telle défaillance dans leur système de sécurité. Quoi qu'il en soit, en donnant un premier aperçu de sa flotte aérienne, le LTTE change la donne du conflit entre la majorité bouddhiste cingalaise et la minorité hindouiste tamoule.

«Les LTTE ont une puissance militaire qui ne peut pas être ignorée. On les pensait affaiblis par les défaites successives dans l'est du pays, mais ce n'est visiblement pas le cas», analyse Rohan Edrisinha, directeur du Centre pour une politique alternative (CPA), une organisation indépendante. Et le chercheur d'ajouter qu'il «espère que cette attaque va faire réfléchir le gouvernement sur l'intérêt d'un dialogue plutôt qu'une solution purement militaire». Une chose est sûre, si les deux parties ne reviennent pas au plus vite à la table des négociations, le Sri Lanka risque de vivre un «bain de sang» comme l'en a menacé il y a plusieurs semaines, S.P Thamilshelvan, le chef politique de la guérilla indépendantiste tamoule.



par Mouhssine  Ennaimi

Article publié le 26/03/2007 Dernière mise à jour le 26/03/2007 à 15:42 TU