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Lutte contre le cancer: bien, mais peut mieux faire!

(Source : www.cancerdusein.org)
(Source : www.cancerdusein.org)
En 2003, le président Jacques Chirac avait fait de la lutte contre le cancer un des chantiers prioritaires de son quinquennat. A quelques semaines de son départ de l’Elysée, le président français peut s’enorgueillir d’un bilan largement positif du dispositif mis en place pour lutter contre la maladie. Mais si, globalement, des progrès considérables ont été réalisés, des défis immenses restent à relever.

La plupart des quelque soixante-dix mesures édictées, en 2003, lors de la mise en place du chantier présidentiel sont aujourd’hui effectives. Le plan Cancer a eu le mérite de mobiliser l’opinion et les pouvoirs publics sur la gravité de ce fléau. Hélas, entre 2000 et 2006, la mortalité est quasiment restée stable chez les femmes et a diminué de seulement 12,2 % chez les hommes Lancé le 24 mars 2003, pour une durée de quatre ans, ce projet présidentiel, qui figurait parmi les trois chantiers prioritaires du chef de l’Etat, arrive donc à son terme. Les moyens ont été déployés pour accompagner le projet (près d’un milliard d’euros). Le plan prévoyait de faire baisser la mortalité par cancer de 20 % en 5 ans, les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. Toutefois, le bilan est jugé «positif» par l'Institut national du cancer. Ce plan est également tourné vers l’avenir : deux décrets, parus au Journal officiel, en fin de semaine dernière, fixent les critères de qualité et d’activité que devront respecter les hôpitaux, pour être autorisés à traiter les cancers d’ici 2009, ce qui va conduire de nombreux hôpitaux à se restructurer.

Aujourd’hui le succès du plan Cancer se chiffre : il y a dix ans, au moins un patient sur deux survivait à un cancer. Actuellement, «plus de 60% des malades sont en rémission à cinq ans», se réjouit  Henri Pujol, président de la Ligue nationale contre le cancer. Pour Henri Pujol, ces statistiques constituent les «chiffres de l’espoir». Mais, estime-t-il cependant, il ne faut pas «faire de triomphalisme» car, si quelque huit cent mille malades vivent aujourd’hui avec un cancer en France, le pays enregistre encore environ cent cinquante mille décès par an.

«Mieux vaut prévenir que guérir», dit l’adage. Grâce à ce chantier présidentiel, des progrès considérables ont été réalisés dans le domaine de la prévention. Ainsi, les dépistages gratuits du cancer du sein sont entrés dans les mœurs. Or, si ce cancer concerne aujourd’hui une femme sur neuf, les dépistages précoces permettent de soigner 85% des cas et de réduire l’agressivité des traitements appliqués. De la même manière, la population se sent de plus en plus interpellée par les campagnes d’information et de dépistage sur les mélanomes (cancer de la peau). Enfin, le nombre de fumeurs a reculé de 1,4 millions personnes en quatre ans. Les pouvoirs publics se sont fortement mobilisés pour y parvenir (campagnes d’information sur les méfaits du tabac, mesures drastiques concernant l’interdiction de fumer dans les lieux publics).

«Le plan Cancer, que le monde entier nous envie» 

Des progrès considérables restent cependant à réaliser, notamment dans la qualité de vie à apporter tant aux malades qu’aux anciens malades, lesquels se plaignent de marginalisation lorsqu’ils reprennent leur activité professionnelle, et de discriminations à l’embauche ou dans l’accès aux assurances et au droit à l’emprunt. Une nouvelle convention pour l’accès au crédit, entrée en vigueur en janvier dernier, est encore trop récente pour pouvoir juger de son efficacité. En terme de prévention, des efforts sont à poursuivre : ainsi, le cancer du côlon est l’un des plus répandus et si l’amélioration de la survie a été forte dans les années 1980, permettant de passer d’un tiers à 60%, les progrès enregistrés depuis sont faibles. Des dépistages systématiques seront proposés aux hommes et aux femmes de plus de 50 ans avant la fin de l’année.

Les responsables sanitaires donnent l’alerte également sur la hausse des cancers du foie et de la gorge liés à la consommation d’alcool. La lutte contre la consommation d’alcool chez les jeunes fait partie des prochains défis, ainsi que celle contre les différentes pollutions environnementales (amiante, gaz etc). Le président Jacques Chirac a évoqué la nécessité de «développer nos dispositifs de veille sanitaire environnementale, conduire des études épidémiologiques et toxicologiques de grande ampleur pour mesurer très exactement les risques encourus, et faire de la recherche dans ce domaine une priorité, afin de mieux cerner les interactions entre les gènes et l’environnement».

Les chercheurs de l’Association pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse (ARTAC), saluent la prise de conscience, même tardive, du Président de la République, et l’accueillent comme une reconnaissance du travail qu’ils poursuivent sans relâche depuis de nombreuses années. Chaque semaine, en effet, de nouvelles études scientifiques publiées dans des revues de dimension internationale confirment l’importance des pollutions chimiques, physiques ou biologiques dans la genèse des cancers et de tant d’autres maladies environnementales.

«Lorsque le plan a été lancé, c’était la première fois qu’un chef d’Etat choisissait un problème de santé comme priorité, commente le professeur Dominique Maraninchi, président de l’Institut national du cancer (InCa), cité par le quotidien le Parisien. Au début, le dossier était tellement ambitieux que personne n’y croyait. Mais aujourd’hui cela constitue une vraie réussite. D’ici quelques années, le plan Cancer, que le monde entier nous envie, aura un effet considérable sur la survie des patients». Pour ce faire, «je demeurerai mobilisé à vos côtés, a assuré le chef de l’Etat aux Français, pour que demain, très vite, le plus vite possible, ensemble nous ayons assumé que le cancer soit vaincu».



par Dominique  Raizon

Article publié le 27/03/2007 Dernière mise à jour le 27/03/2007 à 16:46 TU