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RDC

Les violences inquiètent la communauté internationale

Les violences entre l'armée congolaise et la garde raprochée de l'ancien vice-président Jean-Pierre Bemba ont fait entre 200 et 500 victimes selon les diplomates européens. 

		(Photo : AFP)
Les violences entre l'armée congolaise et la garde raprochée de l'ancien vice-président Jean-Pierre Bemba ont fait entre 200 et 500 victimes selon les diplomates européens.
(Photo : AFP)

Les diplomates européens en poste à Kinshasa se sont déclarés «indignés» par l’attaque de l’armée congolaise contre les éléments de la garde rapprochée du sénateur Jean-Pierre Bemba, battu par le président Joseph Kabila au second tour de l’élection présidentielle d’octobre dernier. Ces incidents, qui se sont produits les 22 et 23 mars, ont fait des centaines de victimes, pour la plupart des civils. L’ancien vice-président congolais est réfugié depuis bientôt une semaine dans une résidence de l’ambassade de l’Afrique du Sud à Kinshasa. Il a manifesté le souhait d’être évacué au Portugal pour des raisons de santé.


Le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère, Javier Solana, a exprimé ce mercredi son «inquiétude» concernant la situation en République démocratique du Congo et a une nouvelle fois appelé les deux parties au dialogue. Tandis que les ambassadeurs de 14 Etats européens en poste à Kinshasa ont fermement condamné le «recours prématuré et inadapté à la force» par les autorités congolaises, lors des graves affrontements qui opposé, les 22 et 23 mars, l’armée nationale congolaise et la garde rapprochée de l’ex-vice président Jean-Pierre Bemba. Celui-ci avait refusé d’intégrer ses hommes dans les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), invoquant des problèmes de sécurité.

Les 14 ambassadeurs européens ont déploré «la perte de nombreuses vies humaines, parmi lesquelles de nombreux civils», tout en soulignant que «les voies de négociation n’étaient pas encore épuisées». Le représentant de l’Allemagne, Karl-Albrecht Wokalek, a estimé que ces violences ont fait entre 200 et 500 morts, tandis que l’organisation humanitaire catholique Caritas faisait état de 163 tués et 150 blessés graves.

Les diplomates européens ont également dénoncé les nombreux cas de pillage et de viols commis par les militaires des deux camps. Ils ont aussi condamné les «graves violations des normes internationales», après l’entrée de soldats congolais dans des locaux diplomatiques à Kinshasa, notamment la résidence de l’ambassadeur d’Italie et les installations de l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l'enfance). Les ambassades d’Espagne et de Grèce ont été atteintes par des tirs d’obus. Le gouvernement du Premier ministre Antoine Gizenga a présenté ses excuses.

Bemba souhaite être évacué

Le gouvernement congolais a lancé, lundi dernier, un mandat d’arrêt contre Jean-Pierre Bemba, qui bénéficie néanmoins du statut de sénateur, après sa défaite à l’élection présidentielle, où il a obtenu 42% des voix. Il a été formellement accusé de «haute trahison pour entretien de milice». Néanmoins, le ministre congolais de la Défense a affirmé que 600 soldats de la garde de Bemba, qui se trouvent dans la région de l’Equateur, le bastion de l’ancien vice-Premier ministre, allaient intégrer l’armée nationale. Le président Joseph Kabila a affirmé, lors d’une conférence de presse lundi à Kinshasa, qu’il fallait «mettre fin à une situation d’insécurité» et que Bemba devait «répondre des ses actes».

Dans un entretien publié lundi à Paris par le quotidien Le Monde, Jean-Pierre Bemba a accusé le président Kabila de vouloir se débarrasser de lui et affirmé que sa garde personnelle n’était «nullement une milice, ce sont des soldats détachés et rémunérés par les forces armées régulières». Il a également accusé les autorités d’avoir déployé deux détachements de mille hommes contre sa garde, totalisant à peine 200 hommes, dont la moitié à Kinshasa. Jean-Pierre Bemba craint qu’une «nouvelle dictature» ne s’installe dans son pays, soulignant que «les 450 millions de dollars dépensés par les Occidentaux pour les élections n’auront servi à rien».  

Les ambassadeurs européens ont plaidé pour une «diplomatie discrète», concernant la situation du sénateur Bemba. Ce dernier a demandé à être évacué vers le Portugal, pour des raisons médicales. Des négociations officielles sont en cours, selon l’agence de presse portugaise Lusa. Des sources diplomatiques à Kinshasa ont déclaré que «ce souhait a été manifesté par Bemba lui-même». La même agence souligne que l’ancien vice-président de la RDC possède une «résidence de vacances à Quinta do Lago, en Algarve (sud du Portugal)», ce qui aurait justifié sa «demande de déplacement vers le territoire portugais».

La Mission de l’Onu en RDC (Monuc) a plaidé, mercredi, pour l’ouverture d’un «large dialogue, pour consolider une paix durement gagnée». La guerre civile en RDC, de 1998 à 2003, a provoqué des millions de victimes directes et indirectes selon les organisations internationales. Les élections présidentielle et législatives de 2006 devaient marquer la fin du processus de transition et l’instauration d’un régime démocratique. 



par Antonio  Garcia

Article publié le 28/03/2007 Dernière mise à jour le 28/03/2007 à 18:05 TU

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Aldo Ajello

Ancien représentant spécial de l'Union européenne dans la région des Grands Lacs

«Je ne suis pas entièrement surpris par les derniers événements survenus à Kinshasa.»

[28/03/2007]

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