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Terrorisme

Neuf mois de prison pour «le taliban australien»

David Hicks est le premier des prisonniers de Guantanamo à être condamné au terme d'une procédure formelle devant un tribunal militaire d'exception américain. Il devra purger sa peine dans son pays, en Australie.

Une photo non datée de David Hicks. 

		(Photo : Reuters)
Une photo non datée de David Hicks.
(Photo : Reuters)

Neuf mois de prison : ce verdict, apparemment clément, s'explique par l'accord intervenu entre la défense de ce jeune Australien de 31 ans et l'accusation qui lui reprochait d'avoir rencontré Oussama ben Laden et d'avoir apporté une aide aux terroristes – en l'occurrence, il avait été chargé de surveiller le bâtiment désaffecté de l'ambassade américaine à Kaboul. Les termes de l'accord étaient qu'il devait plaider coupable, renoncer aux accusations de mauvais traitements qu'il avait portées contre ses geôliers et s'interdire tout accès aux médias pendant un an, en échange de quoi il était condamné à 7 ans de prison, avec l'obligation de ne purger effectivement que neuf mois, le reste de la peine étant suspendu. La modestie de la sanction finale est d'autant plus remarquable qu'il était censé risquer la prison à perpétuité.

Vêtu d'un costume et les cheveux coupés courts, contrastant avec l'apparence qu'on lui connaissait, David Hicks a donc fait patte de velours devant ses juges, se repentant de s'être rapproché de l'organisation al-Qaïda, qui l'a entraîné dans ses camps. Son avocat a plaidé la naïveté d'un jeune homme déçu de ne pas avoir été accepté dans l'armée de son pays et donc sensible à ce genre d'aventure, mais inoffensif puisqu'il n'a participé à aucune attaque. Cette procédure accélérée fait de lui le premier des prisonniers de Guantanamo à être condamné. Les Etats-Unis doivent maintenant le renvoyer d'ici deux mois en Australie pour qu'il y soit remis aux autorités pénitentiaires.

«Les faits parlent d'eux-mêmes»

Le Premier ministre australien, John Howard, allié de George Bush en Irak, a été très critiqué pour n'avoir pas énergiquement réclamé la libération de David Hicks, depuis plus de cinq ans qu'il est retenu, hors de tout cadre légal, sur la base américaine de Cuba. Et si le chef du gouvernement australien a bien accueilli l'annonce d'une sentence réduite et du retour au pays de celui qu'on a appelé «le taliban australien», il met en garde ceux qui feraient du prisonnier un héros. «Les faits parlent d'eux-mêmes», a-t-il déclaré ce samedi.

Mais le père de David Hicks a répliqué que si son fils plaidait coupable, cela ne voulait rien dire : le verdict reflétait, au contraire, la minceur des charges. Tant les adversaires de la guerre en Irak que certains opposants politiques à John Howard se sont, en outre, étonnés que tout cela – le maintien pour quelques mois encore de David Hicks en prison et l'interdiction qui lui est faite de s'adresser aux médias – survienne alors que des élections générales sont prévues à la fin de l'année en Australie. Tout a l'air programmé, disent-ils, pour que cette question ne vienne pas perturber la campagne électorale que mènera le gouvernement.



par Michèle  Gayral

Article publié le 31/03/2007 Dernière mise à jour le 31/03/2007 à 12:26 TU