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France

Etat de vigilance

Le plan Vigipirate reste au niveau rouge (3 sur 4). 

		(Photo : AFP)
Le plan Vigipirate reste au niveau rouge (3 sur 4).
(Photo : AFP)

Après les attentats d’Alger, le 11 avril, qui ont fait au moins 33 morts, la France, en pleine campagne électorale, renforce et ajuste les mesures de sécurité. A neuf jours du premier tour de l’élection présidentielle du 22 avril, les autorités françaises recommandent une «vigilance extrême» et ont annoncé la mise en place d’une surveillance particulière auprès des permanences électorales et autour de l’organisation des meetings des partis politiques.


Ces attentats confirment que «la France est sous la menace d'actes terroristes», a déclaré mercredi le ministre français de l'Intérieur François Baroin. En évoquant, une « instabilité » des pays du Maghreb, après les attentats d’Alger qui ont fait le 11 avril 33 morts et de la veille, à Casablanca (Maroc), où trois kamikazes se sont fait exploser et un quatrième a été abattu lors d'une opération de police, le ministre français a appelé à la vigilance «en tout temps, en tout lieu, en toute circonstance», car a-t-il ajouté, «nous ne pouvons pas oublier ce qui s'est passé dans d'autres pays européens en période électorale, que ce soit en Espagne ou en Grande-Bretagne», a notamment souligné François Baroin dans une allusion aux attentats du 11 mars 2004 à Madrid (191 morts) et du 7 juillet 2005 à Londres (56 morts).

Le juge anti-terroriste français Jean-Louis Bruguière a, lui aussi, confirmé que la France était sous une menace terroriste. «L'Europe et la France en particulier sont concernées. La France revient d'une façon très récurrente comme étant une cible prioritaire», a-t-il déclaré, tout en faisant état d’une «liaison étroite» avec l’ensemble des partenaires européens mais aussi les Américains, dans le cadre d’un «partenariat mondial».

Par crainte d’attentats à la veille de l’élection présidentielle, les autorités françaises ont récemment renforcé et ajusté les mesures de sécurité. Le 5 avril dernier, lors d’une rencontre à huis clos avec les vingt préfets du sud-ouest de la France, le ministre de l’Intérieur avait déjà annoncé un renforcement du dispositif de sécurité «auprès des permanences» des partis et autour de «l’organisation des meetings». Les responsables de la sécurité n’ont cependant pas jugé nécessaire d’élever le niveau d’alerte anti-terroriste estimant qu’il n’y a pas davantage d’indices d’aggravation des menaces déjà «très élevées» sur la France.

Réactions de candidats

La menace d’attentats s’est invitée dans la campagne électorale. Le candidat de l’UMP et ancien ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy estime que la menace n’est pas plus importante aujourd’hui qu’elle ne l’était hier, mais qu’elle est réelle. «Je veux dire aux Français que ce qui est arrivé à Londres en juillet (2005), ce qui est arrivé à Madrid, et même ce qui est arrivé à New York aurait pu nous arriver», a déclaré Nicolas Sarkozy, en ajoutant : «le détroit de Gibraltar, c'est 12 km…». En 2005, en France, 138 personnes ont été arrêtées pour leurs liens à des activités terroristes. Le chiffre est de 32 depuis le début 2007, a souligné l'ancien ministre de l'Intérieur.

Ségolène Royal, candidate socialiste à la présidentielle a souligné dans un communiqué que : «Ces événements montrent que le terrorisme demeure une grave menace susceptible de frapper chacun de nos pays». Jean-Marie Le Pen, candidat de l’extrême droite, a estimé que la France, en raison d'une «immigration planétaire», est  assise «sur une poudrière». L'autre candidat de la droite radicale, Philippe de Villiers a réclamé, par mesure de précaution, «l'interdiction des mouvements salafistes (revendiquant un retour à l’islam des origines)» et estimé que la France était «en danger». Tout en rappelant que le «Premier ministre Dominique de Villepin a dit, il y a un an, qu'il y avait environ 5 000 salafistes sur le territoire national», Philippe de Villiers a reconnu que «tous les salafistes ne sont pas des extrémistes», mais estimé qu’une telle mesure servirait «à protéger les musulmans modérés».

Ce vendredi, José Bové, candidat altermondialiste à la présidentielle, a mis en garde contre une «instrumentalisation» du risque terroriste pour «faire peur aux Français» avant le premier tour. «En 2002, on nous avait joué la sécurité par les faits divers. Il me paraîtrait dangereux qu'on fasse rentrer la sécurité par le biais du terrorisme. Attention de ne pas instrumentaliser le risque terroriste pour orienter le vote» du 22 avril, a-t-il déclaré.

Le dispositif de sécurité français destiné à prévenir les menaces ou à réagir face aux actions terroristes, dénommé plan Vigipirate, est en alerte «rouge», troisième degré d’alerte sur une échelle de 4 niveaux, depuis les attentats de Londres en 2005. Il prévoit notamment des contrôles aléatoires d’accès aux trains, des patrouilles dans les TGV (trains à grande vitesse), ainsi que la restriction ou l’interdiction de l’espace aérien. Quelque 1 350 militaires, hors gendarmerie nationale, participent en «rythme permanent» au plan Vigipirate, chargés notamment de la sécurisation des grandes gares, aéroports et sites touristiques où patrouillent des militaires.

Lois sécuritaires en Allemagne

L’Espagne craint, elle aussi un nouvel attentat. Cependant Madrid n’a pas jugé nécessaire de rehausser son niveau d’alerte. Le niveau 2 sur une échelle de 3 est activé depuis la mi-février, début du procès des 29 accusés des attentats du 11 mars. Le niveau 3 n’est activé qu’en cas de «menace réelle et concrète», car cela impliquerait de «descendre avec l’armée et les chars dans la rue», expliquent des sources du ministère espagnol de l’Intérieur. Les forces de sécurité espagnoles sont cependant en état de haute vigilance, d’autant plus que le juge d'instruction Baltasar Garzon et des analystes espagnols ont estimé jeudi que l'Espagne, et notamment ses enclaves africaines de Ceuta et Melilla, courraient un risque important de subir un attentat islamiste. Dans la revendication de l'attentat d'Alger, al-Qaïda au Maghreb proclame que l'Espagne est un territoire qu'il doit faire passer dans le giron musulman, en raison de l'occupation maure d'une partie de la péninsule ibérique entre les 8e et 15e siècle.

En Allemagne, le gouvernement envisage de permettre un accès automatique de police aux photos d'identité digitales figurant sur les passeports allemands, en cas de poursuites judiciaires pour des crimes et délits. Un projet de loi est à l’étude en ce sens. Il s’inscrit dans une série de mesures prises depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et destinées à combattre la criminalité et le terrorisme. En décembre dernier, les députés allemands ont déjà approuvé la création d'un «fichier antiterroriste» national, regroupant les bases de données, jusque-là cloisonnées, des différents services de police et de renseignements. D’autre part, le ministre de l'Intérieur conservateur Wolfgang Schäuble veut renforcer le dispositif sécuritaire en Allemagne pour faire face à la menace terroriste, notamment en adoptant des mesures permettant une surveillance efficace des sites internet. Ces mesures suscitent toutefois beaucoup de méfiance en Allemagne. Elles réveillent les craintes d'un Etat policier omniprésent rappelant la sombre période du nazisme.



par Elisa  Drago

Article publié le 13/04/2007 Dernière mise à jour le 13/04/2007 à 17:32 TU