Est-Ouest
L’Otan ne parvient pas à calmer les inquiétudes russes
Les 26 pays membres de l’Organisation de l’Atlantique nord se sont retrouvés pour s’accorder sur le bouclier antimissile américain en Europe. L’Alliance espérait ainsi apaiser les divergences avec Moscou.
De notre correspondant à Bruxelles

(Photo : www. wsmr-history.org)
Depuis plusieurs mois, des tensions opposent Russes et Occidentaux sur ce dossier sensible. En effet, Washington entend négocier avec la Pologne et la République tchèque l’installation de missiles et d’un radar sur leurs territoires. Ces installations doivent ainsi compléter le bouclier américain en cours de déploiement en Europe.
L’Organisation du traité de l’Atlantique nord souhaitait donc transmettre un message fort et rassurant en direction de Moscou. Pour ce faire, tous les pays membres avaient envoyé des hauts responsables pour les représenter à cette réunion de Bruxelles.
Tous ont convenu que le projet américain ne visait pas la Russie. James Appathurai, porte-parole de l’Otan, a d’ailleurs rappelé que ce bouclier antimissile ne représente en aucun cas «une menace pour la sécurité» russe. Pour l’Otan, ce projet vise en priorité à contrer une menace potentielle en provenance de l’Iran.
Le représentant américain, John Rood, secrétaire d’Etat adjoint au contrôle des armements et de la sécurité internationale, a aussi fait le déplacement pour informer les Alliés des propositions qu’il avait faites à la Russie. Washington propose un approfondissement de la coopération entre les deux pays. Cela passerait par l’amélioration de la détection des départs de missiles dans le monde entier. Pour calmer les tensions, les Américains suggèrent aussi la mise en place de systèmes destinés à la protection, sur le terrain, des troupes de chacun des deux pays. Washington a même envisagé de tenir des exercices antimissiles conjoints avec Moscou.
L'hostilité de la Russie
Avant même la rencontre entre la délégation russe et l’Otan, Moscou a finalement coupé court aux négociations. Un peu plus tôt dans la journée, le vice-Premier ministre russe, Sergueï Ivanov, avait rejeté les propositions américaines, qualifiant le projet de «chimérique».
La Russie voit d’un mauvais œil l’extension de ce bouclier antimissile. En février dernier, lors d’une conférence sur les questions de sécurité, le président russe avait déjà fait part de son mécontentement. Vladimir Poutine avait alors tenu un discours violemment anti-américain dans lequel il fustigeait le dispositif.
Plusieurs pays européens ont alors fait part de leurs inquiétudes. Ces tensions ont peut être ravivé les souvenirs de la Guerre Froide. Dans un esprit de conciliation, ils ont donc demandé à ce que ce dossier soit débattu au sein de l’Otan, et non pas en bilatérales entre Washington, Varsovie et Prague.
Le projet américain prévoit l’installation en Pologne de dix missiles intercepteurs d’engins intercontinentaux. En République tchèque, les Etats-Unis comptent installer un radar d’ici 2012. Autant d’équipements pour pouvoir détruire d’éventuels missiles iraniens de longue portée.
Mais pour Moscou ce bouclier pourrait avoir un autre objectif. Tout d’abord, le radar serait assez puissant pour surveiller une partie du territoire russe. La Russie craint surtout qu’il s’agisse d’une première étape en vue de la mise en place d’un système antimissile capable de couvrir l’ensemble de la planète. Un tel dispositif aurait pour conséquence de bousculer l’équilibre stratégique entre les deux pays.
par Grégoire Lory
Article publié le 19/04/2007 Dernière mise à jour le 19/04/2007 à 16:42 TU