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Djibouti-France

La chancellerie française et l’affaire Borrel

Les juges Fabienne Pous et Michèle Ganascia. 

		(Photo : AFP)
Les juges Fabienne Pous et Michèle Ganascia.
(Photo : AFP)

Dans le cadre de l’affaire du juge français, Bernard Borrel, retrouvé mort à Djibouti en 1995, deux magistrates, vice-présidentes du tribunal de Paris, ont perquisitionné les ministères des Affaires étrangères et de la Justice à Paris, les 19 et 20 avril.


Le ministère des Affaires étrangères a reçu en premier, le 19 avril, la visite des juges en charge d’enquêter désormais sur les éventuelles pressions exercées par le ministère de la Justice dans le dossier du juge Bernard Borrel retrouvé mort à Djibouti en 1995. Les deux magistrates, Fabienne Pous et Michèle Ganascia étaient accompagnées de deux experts en informatique et de quelques policiers et greffiers. En présence aussi des avocats de la veuve du juge Borrel, plusieurs bureaux ont été perquisitionnés dont celui de Pierre Vimont, directeur de cabinet du ministre. Au bout de la journée de perquisition, les juges sont reparties avec de nombreux documents.

Le lendemain, 20 avril, les deux juges se sont rendues au ministère de la Justice pour les mêmes raisons. Récupérer des documents qui pourraient éventuellement étayer la thèse selon laquelle des pressions auraient été exercées par le ministère français de la Justice dans cette affaire. En effet, Elisabeth Borrel, l’épouse du juge mort à Djibouti, a déposé une plainte pour «pressions sur la justice» contre le porte-parole du ministère des Affaires étrangères d’alors, Hervé Ladsous, aujourd’hui ambassadeur de France en Chine. Il avait déclaré en janvier 2005, qu’une copie du dossier d’instruction sur la mort du juge Borrel serait «prochainement transmise à la justice djiboutienne». Mais la juge chargée de l’enquête, Sophie Clément, s’y était opposée en soulignant que la demande des autorités judiciaires djiboutiennes avait «pour unique but de prendre connaissance des pièces mettant en cause le procureur de Djibouti».

Le meurtre n’est toujours pas élucidé

M. Ladsous, mis en cause, se défend en rejetant les supposés torts sur le cabinet du ministre de la Justice d’alors, Dominique Perben, dont il aurait simplement repris un communiqué. Il faut rappeler que dans la suite de l’instruction du dossier, la juge Sophie Clément avait délivré, en octobre 2006, des mandats d’arrêt contre le procureur  et le chef des services secrets de Djibouti pour une éventuelle «subornation de témoin».

Le juge Bernard Borrel, en mission de coopération à Djibouti, était conseiller du ministre de la Justice de ce pays. Le 19 octobre 1995, son corps à moitié calciné avait été retrouvé au pied d’une falaise à quelque 80 km de la capitale. Les enquêtes préliminaires avaient conclu à un suicide par immolation, mais très vite des investigations poussées ont démontré que le juge français aurait plutôt été assassiné. L’entourage de l’actuel président de la République, Ismaël Omar Guelleh, alors chef des services secrets de son pays, était mis en cause. Depuis la mort de son mari, Elisabeth Borrel, elle-même magistrate, se bat pour la recherche de la vérité sur sa mort, dans un pays qui abrite la plus importante base militaire française à l’étranger.

par Didier  Samson

Article publié le 20/04/2007 Dernière mise à jour le 20/04/2007 à 15:00 TU