Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Sommet UE/Etats-Unis

Création d’un Conseil économique transatlantique

Lundi 30 avril 2007, Angela Merkel et George Bush en discussion dans le bureau ovale de la Maison Blanche à l'occasion du sommet annuel Etats-Unis/Union Européenne qui se tient à Washington. 

		(Photo : Reuters)
Lundi 30 avril 2007, Angela Merkel et George Bush en discussion dans le bureau ovale de la Maison Blanche à l'occasion du sommet annuel Etats-Unis/Union Européenne qui se tient à Washington.
(Photo : Reuters)

Américains et Européens, réunis en sommet ce lundi 30 avril à Washington, créent un Conseil économique transatlantique, destiné à favoriser une plus grande intégration économique entre les deux premières puissances commerciales du monde. Les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) signent également ce lundi l’accord de libéralisation du trafic aérien transatlantique, dit de «ciel ouvert» qui entrera en vigueur le 30 mars 2008. En contrepartie, sur le climat, aucun accord n’est attendu, étant donné le refus américain d’accepter des objectifs de limitation des gaz à effet de serre.


Le Conseil économique transatlantique mis en place lors du sommet de Washington, sera chargé de piloter un vaste chantier visant à harmoniser les réglementations et les normes, de l'industrie automobile ou pharmaceutique par exemple, de la propriété intellectuelle ou des marchés publics, pour favoriser les investissements et les échanges entre les Etats-Unis et l’Union européenne. Cette nouvelle institution, dont le co-président européen sera le vice-président de la Commission, Günter Verheugen, dirigera le travail pendant la période entre les sommets annuels, en vue d’une meilleure intégration économique entre les deux rives de l’Atlantique.

Au programme de ce Conseil, pour 2007 et 2008, figurent en tant que priorités : les réglementations sur les cosmétiques «pour réduire le recours aux tests sur les animaux par une coopération sur les méthodes alternatives», mais aussi la réponse «aux préoccupations communes» dans le secteur automobile, sur la sécurité routière et les économies de carburant «pour lever ou réduire les obstacles au commerce transatlantique». Concernant les marchés financiers, le projet veut que les normes comptables américaines GAAP et européennes IFRS puissent être «reconnues dans les deux aires juridictionnelles sans qu'il soit nécessaire de les harmoniser d'ici 2009».

D’autre part, le Conseil de coopération économique devra s'adjoindre «un groupe de personnalités expérimentées dans le domaine des relations transatlantiques» qui apporteront leurs «idées et recommandations sur les priorités de l'intégration transatlantique».

Le 1er mars dernier, la chancelière allemande, Angela Merkel, dont le pays assure la présidence tournante de l’Union européenne, a défendu la «nécessité urgente» de ce projet «compte tenu de la concurrence avec la Chine et l’Inde». «Il n'est pas question ici de droits de douane et de barrières tarifaires. Non, il s'agit de parvenir, en ce qui concerne les normes réglementaires, à une plus grande harmonisation entre l'Union européenne et les États-Unis en matière de protection de la propriété intellectuelle, de réglementation des marchés financiers et de normalisation des produits industriels. Nous croyons pouvoir dégager ainsi des marges de manœuvre considérables, que nous pourrons ensuite réinvestir dans l'innovation et la créativité. Nous savons, compte tenu de la concurrence avec la Chine et l'Inde, que c'est une nécessité urgente», a déclaré Angela Merkel qui a fait des relations économiques transatlantiques une des priorités de la présidence allemande de l’UE.

L'ambassadeur américain auprès de l'Union européenne, C. Boyden Gray, a décrit la coopération économique comme la «substantifique moëlle» de la relation entre les deux principaux blocs économiques mondiaux.

Un marché transatlantique libre d’entraves à l’horizon 2015

Les Etats-Unis et l’Union européenne produisent ensemble 57% du PNB (produit national brut) mondial et sont donc ainsi considérés comme le moteur de l’économie mondiale. Les deux puissances économiques avaient lancé, en 1995, la base de leur nouveau partenariat, en signant le Nouvel agenda transatlantique destiné à fournir un cadre politique à leur collaboration dans divers domaines, notamment la promotion de la paix et de la stabilité, la réponse aux défis mondiaux, la consolidation des relations économiques. Trois ans après, lors du sommet de 1998, une nouvelle initiative avait été lancée dans le domaine de l’économie : le Partenariat économique transatlantique visant à intensifier les relations économiques entre les deux puissances et à développer le système commercial mondial.

Après le refroidissement des relations transatlantiques en 2003, en raison de la guerre en Irak, les relations entre les deux rives de l’Atlantique se sont nettement améliorées. Une amélioration symbolisée par la visite à Bruxelles du président américain George Bush, en février 2005. Un an après, les parlementaires européens vont plus loin. En avril 2006, la commission du commerce international du Parlement européen a proposé la mise en place d’un «marché transatlantique libre d’entraves» à l’horizon 2015.

«Ciel ouvert», visas, climat

Après quatre ans de laborieuses négociations, Américains et Européens signent aussi, ce lundi, l'accord de libéralisation du trafic aérien transatlantique, dit «ciel ouvert» qui permettra, à partir du 30 mars 2008, aux compagnies de voler de n’importe où en Europe à n’importe où aux Etats-Unis. Les compagnies européennes pourront ainsi desservir toutes les villes américaines à partir de n’importe quel aéroport européen, ce qui jusque-là n’était pas autorisé. Selon les spécialistes, la signature de cet accord devrait entraîner une baisse des prix des billets et provoquer un boom du trafic aérien transatlantique.

Les Européens comptent réclamer aux Américains de renoncer à leur exigence de visa pour les ressortissants des Etats d'Europe de l'Est ayant intégré récemment l'Union. En effet, les Etats-Unis refusent l'entrée sans visa sur leur territoire des ressortissants des 12 pays entrés dans l'UE depuis 2004 (à l’exception de la Slovénie) et également de la Grèce.

La chancelière allemande Angela Merkel comptait sur ce sommet annuel à Washington pour accorder les positions sur le changement climatique avant le sommet du G8, les huit pays industrialisés, début juin à Heiligendamm. Mais, faute d'entente sur des objectifs de réduction des émissions de dioxyde de carbone, les deux parties devraient en rester aux déclarations d'intention. La mise au point d’une déclaration commune sur le climat s’est heurtée au refus des Etats-Unis d’adopter des objectifs de limitation des gaz à effet de serre, raison pour laquelle, Washington n’a pas signé le protocole de Kyoto. En contrepartie, les 27 membres de l'Union se sont engagés, en mars, à réduire les émissions des gaz à effet de serre d'au moins 20% d'ici à 2020 par rapport à 1990. Se voulant à la pointe du combat, l'Allemagne vient de présenter un plan se proposant de réduire les émissions de 40% d'ici à 2020.

Paul Wolfowitz ne démissionnera pas

Paul Wolfowitz doit rester à la tête de la Banque mondiale, a déclaré le président Bush à la presse en présence des dirigeants européens. «Mon opinion est qu'il doit rester», a affirmé George Bush, en ajoutant que la crise qui secoue actuellement la Banque mondiale n'avait pas été abordée lors de ses discussions avec les dirigeants européens. La chancelière allemande a également indiqué que la question n'avait pas été évoquée et estimé qu'il appartenait à la Banque mondiale elle-même de la trancher de manière «transparente et franche». Les eurodéputés avaient demandé aux dirigeants européens de réclamer, lors de ce sommet, le départ de Paul Wolfowitz de la présidence de la Banque mondiale, suite aux révélations selon lesquelles il a accordé des augmentations de salaires très importantes à sa compagne Shaha Riza, également salariée de la Banque mondiale.

Ce lundi, Paul Wolfowitz, évoquant une «campagne de dénigrement» dirigée contre lui, a annoncé qu’il n’avait pas l’intention de démissionner. Il était venu se défendre devant les administrateurs de la Banque mondiale des accusations de népotisme portées contre lui, mais son maintien à la tête de l'institution internationale dépend surtout du soutien que lui accordera l'administration américaine. En effet, les Etats-Unis, premier pays donateur de la Banque mondiale, y disposent de la plus forte représentation. Le président George W. Bush «a entière confiance dans la capacité de Paul  Wolfowitz à continuer à diriger la Banque mondiale», a aussi indiqué ce lundi Tony Fratto, porte-parole de la Maison Blanche.



par Elisa  Drago

Article publié le 30/04/2007 Dernière mise à jour le 30/04/2007 à 17:54 TU