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Sommet UE/Etats-Unis

Bush veut fermer Guantanamo

George W. Bush accompagné du chancelier autrichien Wolfgang Schuessel (au centre)  et du président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso (à droite), lors de la conférence de presse de clôture du sommet UE/Etas-Unis qui s'est tenue à Vienne ce mercredi. 

		(Photo: AFP)
George W. Bush accompagné du chancelier autrichien Wolfgang Schuessel (au centre) et du président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso (à droite), lors de la conférence de presse de clôture du sommet UE/Etas-Unis qui s'est tenue à Vienne ce mercredi.
(Photo: AFP)
Le président américain, qui a participé à Vienne au sommet Union européenne/Etats-Unis, a déclaré qu’il souhaitait fermer le camp de détention de Guantanamo, suite aux critiques qui ont surgi à propos de la situation des prisonniers dans cette base américaine située sur l’île de Cuba.

«J’aimerais bien fermer Guantanamo, j’aimerais en finir» :  ainsi s’est exprimé George Bush à Vienne, lors de la conférence de presse de clôture du sommet Union européenne/Etats-Unis qui s’est tenu mercredi dans la capitale autrichienne. Le président américain répondait ainsi aux multiples critiques qui ont surgi dans la communauté internationale, au sujet des conditions de détention et du statut de centaines de prisonniers qui se trouvent dans cette base. George Bush a déclaré qu’il comprenait les protestations européennes et qu’il avait expliqué aux dirigeants présents à Vienne son intention de rapatrier dans leurs pays d’origine les détenus qui se trouvent à Guantanamo, mais que plusieurs d’entre eux «devaient être traduits devant les tribunaux américains» car, selon le président des Etats-Unis, «il s’agit de tueurs de sang-froid, qui tueront s’ils sont remis en liberté». Bush a rappelé que son gouvernement est en train de négocier avec les pays d’où sont originaires plusieurs de ces détenus «principalement d’Arabie Saoudite, d’Afghanistan et du Yémen», pour qu’ils puissent être extradés.

Guantanamo zone de non-droit

Le chancelier autrichien Wolfgang Schüssel, en tant que président en exercice de l’Union européenne, a salué la prise de position de George Bush, au sujet du dossier des prisonniers détenus à Guantanamo, mais il a aussi souligné que «la victoire  contre le terrorisme ne doit pas ébranler les valeurs humaines». La base navale américaine de Guantanamo, située dans l’extrême Sud-Est de l’île de Cuba, abrite depuis janvier 2002 un centre de détention, où se trouvent toujours 460 prisonniers capturés lors du début de l’offensive des Etats-Unis en Afghanistan contre les talibans à l’automne 2001.

On évalue à environ 760 le nombre de prisonniers qui sont passés par ce centre de détention. À peine dix de ces prisonniers ont été formellement inculpés mais aucun n’a encore été jugé. Les autorités militaires américaines affirment que ces suspects sont des talibans ou des membres du réseau terroriste al-Qaïda. Le gouvernement des Etats-Unis a été critiqué à plusieurs reprises en raison du fait que ces détenus n’ont pas accès au bénéfice des conventions internationales en matière juridique. La base de Guantanamo est ainsi devenue une zone de non-Droit, d’autant plus que les services d’immigration des Etats-Unis ne la considèrent pas comme étant territoire fédéral.

Les appels à la fermeture de ce centre de détention se sont multipliés partout dans le monde et surtout depuis le suicide de trois prisonniers le 10 juin dernier. Des dizaines de détenus ont été libérés, depuis quelques mois, après des périodes de détention (sans jugement) qui ont pu se prolonger jusqu’à trois ans. La Cour suprême des Etats-Unis devra prendre une décision pour que les prisonniers de Guantanamo puissent être jugés par des tribunaux militaires américains.     

Cette base avait été cédée par le gouvernement de Cuba aux Etats-Unis en 1903, en signe de reconnaissance pour l’appui américain lors de la lutte pour l’indépendance contre l’Espagne. Depuis les années 1960, le régime castriste réclame en vain la restitution de cette enclave, de 117 kilomètres carrés.

 L’Iran et la Corée du Nord préoccupent toujours Bush 

Le président américain à également profité de la tribune du sommet de Vienne pour critiquer le gouvernement de Téhéran qui tarde à donner une réponse définitive au sujet de la suspension de son programme d’enrichissement d’uranium. Bush a rappelé que l’Iran dispose de quelques semaines, mais pas de plusieurs mois, pour répondre aux propositions de coopération formulées par les six puissances – Etats-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne, France, Chine et Russie – en échange de la suspension du programme iranien d’enrichissement d’uranium. Le président de l’Iran, Mahmoud Ahmadinejad, avait déclaré mercredi matin que la réponse à ces propositions ne serait donnée que le 22 août.  

Toujours à Vienne, le président des Etats-Unis a lancé un avertissement aux autorités de la Corée du Nord à propos de leur programme de développement du missile de longue portée Taepoding-2, pouvant transporter des charges nucléaires à une distance de plus de cinq mille kilomètres et pouvant atteindre l’Alaska et l’Australie. Bush a dit que le régime nord-coréen doit respecter ses engagements internationaux, notamment ceux qui concernent le gel des tests de lancement de missiles qui avaient été paraphés en 1999.

Les questions géostratégiques ont quelque peu marginalisé plusieurs sujets concernant la coopération transatlantique qui devaient être discutés en profondeur dans ce sommet. L’UE et les Etats-Unis n’ont pas réussi à avancer dans la question de la libéralisation des échanges commerciaux, même si les deux parties se déclarent favorables aux négociations dans le cadre du cycle de Doha. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso s’est déclaré convaincu du succès futur des discussions. Mais elles devront être reprises dans le cadre de la réunion de l’Organisation mondiale du commerce, très attendue par les pays en développement, comme l’Inde ou le Brésil.

Les Américains et les Européens se sont aussi déclarés d’accord au sujet de la «coopération stratégique» en matière d’énergie. Il s’agit de garantir la sécurité des producteurs, des consommateurs et des pays par où transitent les hydrocarbures.        

par Antonio  Garcia

Article publié le 21/06/2006Dernière mise à jour le 21/06/2006 à TU

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