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Tchad

Grève pour la revalorisation des salaires

Le président Idriss Deby Itno inaugurant l'oléoduc Doba-Kribi, le 10 octobre 2003. Pour la population, les bienfaits de l'exploitation du pétrole se font toujours attendre. 

		Photo : AFP
Le président Idriss Deby Itno inaugurant l'oléoduc Doba-Kribi, le 10 octobre 2003. Pour la population, les bienfaits de l'exploitation du pétrole se font toujours attendre.
Photo : AFP
L’Union des syndicats du Tchad (UST) a pris la tête d’un mouvement de revendication en lançant un mot d’ordre de grève dans la fonction publique. Cette grève de deux semaines débute ce 2 mai.

L’Union des Syndicats du Tchad, au nom d’une intersyndicale, a décidé de mettre la pression sur les autorités tchadiennes en déclenchant une grève de deux semaines dans la fonction publique. Elle était déjà en négociation avec le gouvernement pour obtenir une revalorisation des salaires, des retraites et des allocations familiales. La grille des salaires comprend 9 catégories divisées chacune en 3 échelons. Le salaire minimum est de quelque 25 000 francs CFA (38 euros) et le plus élevé, la catégorie 9, celui des cadres supérieurs, tourne autour de 180 000 francs CFA (environ 275 euros).

«A ce jour, le gouvernement tchadien s’est engagé à augmenter de 10% la valeur du point d’indice, de 10% les retraites avec un effet rétroactif au 1er janvier et à revaloriser les allocations familiales», a déclaré Fatimé Tchombi, la ministre de la Fonction publique et du Travail. «Ces propositions sont dérisoires et reflètent plutôt la mauvaise volonté du gouvernement de trouver des solutions satisfaisantes aux problèmes sociaux», a répliqué Djibrine Assali, le coordinateur de l’intersyndicale. Les syndicats avaient demandé, lors des négociations, le doublement du salaire minimum ce qui devait entraîner en cascade un relèvement substantiel des traitements salariaux dans la fonction publique.

La manne pétrolière 

La mauvaise redistribution des revenus générés par l’exploitation du pétrole est à la base du mécontentement exprimé aujourd’hui par les travailleurs. L’Etat tchadien avait pris certains engagements cautionnés par la Banque mondiale et qui plaçaient la lutte contre la pauvreté en tête de ses priorités. Une loi de 1999 a créé un Fonds pour les générations futures, dans le but de constituer des provisions au profit des populations lorsque les réserves pétrolières seront épuisées. Or, très rapidement, des amendements ont été apportés à cette loi, incluant, dans les secteurs prioritaires pouvant bénéficier des fonds issus de l’exploitation du pétrole, des domaines tels que l’Administration territoriale et la Sécurité.

Les nouvelles dispositions ont supprimé le Fonds pour les générations futures, provoquant le courroux de la Banque mondiale. «Ces amendements sont de nature à détourner substantiellement le programme de gestion des revenus pétroliers de ses objectifs initiaux de réduction de la pauvreté et constituent une violation de l’accord de prêt signé», avait réagi la Banque mondiale qui craignait que les fonds de 36 millions de dollars, déjà disponibles, ne servent à financer l’effort de guerre contre la rébellion armée au Tchad.

Selon un  rapport de la Banque mondiale, les recettes pétrolières du Tchad ont été évaluées à quelque 110 millions de dollars en 2004. Le même rapport indiquait que 64 millions de dollars devaient être consacrés aux infrastructures, à l’éducation, à la santé, aux affaires sociales, à l’agriculture, à l’élevage et à l’environnement. Mais de nombreuses organisations non gouvernementales impliquées dans les programmes de développement ont dénoncé la mauvaise répartition des fonds, détournés de leurs objectifs premiers. La Banque mondiale avait estimé le taux de croissance du revenu national du Tchad, en 2004, à près de 31%. Cette progression avait laissé supposer un relèvement du niveau de vie que les travailleurs, aujourd’hui en grève, ont attendu en vain. 



par Didier  Samson

Article publié le 02/05/2007 Dernière mise à jour le 02/05/2007 à 17:15 TU