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Côte d'Ivoire

Les brigades mixtes, un retard justifié

Le président Laurent Gbagbo (à droite) demande à son Premier ministre, Guillaume Soro (à gauche), de lui faire des propositions sur le «reformatage» de l'armée. 

		(Photo : AFP)
Le président Laurent Gbagbo (à droite) demande à son Premier ministre, Guillaume Soro (à gauche), de lui faire des propositions sur le «reformatage» de l'armée.
(Photo : AFP)
Le démantèlement de «zone de confiance» (ZDF) qui matérialisait la scission de la Côte d’Ivoire, prévoit, selon l’accord de Ouagadougou, le remplacement sur ces lieux des forces internationales, Casques bleus de l’Onu et les soldats français de l’Opération Licorne, par des brigades mixtes, composées de soldats loyalistes et rebelles. Mais l’application du calendrier accuse déjà un retard.

Le démantèlement de la «Zone de confiance» (ZDF) est désormais un acquis. Les premières opérations d’installation des brigades mixtes à Bangolo, le 16 avril, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire ont été largement médiatisées, mais le rythme que les autorités réconciliées de la Côte d’Ivoire voulait imprégner au processus a connu quelque ralentissement. Selon les termes de l’accord de Ouagadougou, les Forces nouvelles (rebelles) et les Forces de défense et sécurité (loyalistes) devaient former des brigades conjointes pour remplacer les forces internationales. Dix militaires de chaque côté et quatre soldats des forces internationales composent une brigade. Pour l’instant, «trois des six brigades mixtes sont déjà installées. Des dates sont prévues pour l’installation du reste», a déclaré Michel Amani Nguessan, le ministre de la Défense.

Ces brigades ont pour mission de patrouiller dans la «Zone de confiance» afin de sécuriser la région pendant que les Casques bleus de l’Onu se replient sur 17 postes d’observation. Les soldats français de l’opération Licorne seront redéployés uniquement à Abidjan, à Yamoussoukro et à Bouaké. Ils interviendront, selon le jargon militaire, en «troisième rideau», si besoin est, en soutien aux forces de l’Onu. Leurs effectifs passeront de 3 500 à 3 000 soldats dans les prochaines semaines.

Le démantèlement de la «Zone de confiance» implique également le désarmement des milices et l’intégration de leurs combattants dans l’armée régulière. Cette opération, vue comme le socle de la réunification paraît, aujourd’hui, moins facile à mettre en place. Pour les Forces nouvelles, la participation au Centre de commandement intégré (CCI), l’état-major bicéphale chargé d’encadrer le processus militaire est déjà un pas vers un retour dans les rangs de l’armée régulière. Mais pour les groupuscules armés qu’ils ont entretenus sur le terrain et les milices proches du pouvoir d’Abidjan l’intégration dans l’armée régulière n’est pas automatique.

«Le reformatage», selon Laurent Gbagbo

Les miliciens de l’ouest de la Côte d’Ivoire, regroupés au sein des Forces de résistance du grand ouest (FRGO), ont découvert à leurs dépens que leur statut de supplétifs de l’armée régulière ne suffisait pas à faire d’eux des militaires de l’armée régulière du jour au lendemain. «Nous allons remettre, le 19 mai, les dernières armes que nous détenons au président Laurent Gbagbo et à son Premier ministre, Guillaume Soro, lors d’une cérémonie officielle à Guiglo», a déclaré le chef des FRGO, le «général» Denis Maho Gofléhi. Ces miliciens dans l’ouest de la Côte d’Ivoire sont au nombre 12 000.

L’intégration dans l’armée pose alors plusieurs questions. Faut-il intégrer purement et simplement tous ces hommes en armes? Faut-il prendre en compte leur grade dans la rébellion et les milices? Quels sont les critères d’éligibilité aux grades de l’armée régulière, si l’ex-rebelle ou l’ancien milicien passe l’étape de l’intégration?  Toutes ces questions trouvent déjà un début de réponse dans l’allocution du président Laurent Gbagbo face à 2 000 militaires loyalistes et rebelles reçus au palais présidentiel à Abidjan, le 7 mai. Le président de la République a posé quelques préalables à tout plan d’intégration massive. «Quel est le type de l’armée de l’air que nous voulons? Quel est le type de la marine que nous voulons? (…) On n’a pas encore réglé toutes ces questions, or tant qu’on n’a pas réglé ces problèmes on ne pourra pas faire un vrai formatage de l’armée», a souligné Laurent Gbagbo qui a aussi soulevé la question des effectifs dans les différentes spécialités de l’armée.

Il a demandé au ministre de la Défense et au Premier ministre de lui faire, dans un délai d’un mois, des propositions. Le président Laurent Gbagbo a également parlé du service civique. Il préconise l’ouverture des camps pour accueillir, très rapidement, dans le cadre du service civique, au moins 40 000 jeunes auxquels il faudra donner une formation. «Cette guerre est une guerre du chômage. Donc il faut mettre les jeunes dans les centres, pour leur apprendre un métier et leur donner une perspective de travail», a insisté Laurent Gbagbo qui prévoit d’ouvrir ces centres, en priorité, autour des zones de conflit.

par Didier  Samson

Article publié le 09/05/2007 Dernière mise à jour le 09/05/2007 à 16:49 TU