Royaume-Uni
Tony Blair part le 27 juin
Le Premier ministre est en effet le leader du parti majoritaire à la Chambre des communes.
«J’ai été Premier ministre de ce pays pendant plus de dix ans. A ce poste, dans le monde d’aujourd’hui, je pense que c’est assez long pour moi, mais encore plus pour le pays». Après dix ans sous la bannière du travaillisme et trois mandats plus tard, ses compatriotes ne veulent plus de lui. Tony Blair avait été porté au pouvoir en mai 1997 par un raz-de-marée d’optimisme. A 54 ans, il partira dans une atmosphère générale de désillusion et de confiance rompue, le Labour ayant atteint son plus bas niveau historique dans les sondages.
La déclaration de Tony Blair intervient cependant au lendemain de l’un de ses succès majeurs, à savoir l’installation, mardi, du gouvernement nord-irlandais, dans lequel cohabitent désormais protestants et catholiques, avec comme Premier ministre le protestant Ian Paisley.
Le Parti travailliste va désigner son nouveau dirigeant dans le cadre d’une procédure interne qui devrait durer sept semaines. Le nouveau leader deviendra automatiquement Premier ministre jusqu’aux prochaines élections législatives prévues en 2009 ou 2010.
«Un gouvernement de morts-vivants»
Pour sa part, le chef de l’opposition David Cameron a dénoncé à la Chambre des communes un gouvernement de «morts-vivants». Il se dit inquiet de voir l’annonce du départ de Tony Blair conduire à «encore sept semaines de paralysie».
Même s’il ne fait pas l’unanimité au sein du Parti travailliste et encore moins auprès des électeurs, le dauphin le plus probable du Premier ministre actuel reste le chancelier de l’Echiquier (ministre de l’Economie et des Finances) Gordon Brown. Natif d’Ecosse comme Tony Blair, le locataire du 11 Downing Street, ronge son frein depuis des années, impatient que son ex-ami lui cède la place.
Ce départ sonne la fin d’une époque marquée certes par une croissance économique ininterrompue, mais aussi par la guerre en Irak sur laquelle Tony Blair a perdu la confiance des Britanniques. L’opinion publique ne lui a jamais pardonné une politique étrangère marquée par un alignement sans faille sur les Etats-Unis.
«En attendant un vrai boulot»
Tony Blair pourrait rester parlementaire jusqu’aux prochaines élections. Son «agent électoral» à Sedgefield, John Burton, a indiqué que le Premier ministre «a une relation très forte avec les gens de sa circonscription et il continuera tant qu’il sera leur représentant au parlement. Ce devrait être le cas pour les deux ou trois prochaines années, à moins que les Nations unies ou quelqu’un d’autre ne vienne avec un vrai boulot» a-t-il plaisanté.
Tony Blair n’a rien dit de son avenir après Downing Street. La presse britannique affirme qu’il pourrait se consacrer à une fondation Blair, devenir ambassadeur itinérant en Afrique, voire au Proche-Orient, ou encore président de l’Union européenne dans deux ans. A moins qu’il n’écrive ses mémoires. Excellent orateur, il est également assuré de gagner une fortune s’il se lance dans le circuit international des discours et conférences.
Pour l’heure, Tony Blair a regagné Londres, jeudi, en fin d’après-midi. D’ici le 27 juin, il entend se concentrer sur les dossiers urgents.Vendredi, il sera à Paris pour y rencontrer le président élu Nicolas Sarkozy.
par Françoise Dentinger
Article publié le 10/05/2007 Dernière mise à jour le 10/05/2007 à 17:12 TU