Colombie
Ingrid Betancourt serait vivante

(Photo : AFP)
Très amaigri après avoir erré plus de deux semaines dans la jungle amazonienne, John Frank Pinchao Blanco, un sous-officier de la police colombienne, a relaté son évasion, mercredi, lors d’une conférence de presse à Bogota. L’ancien otage était retenu par les Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC) depuis le 1er novembre 1998, lorsque les guérilleros avaient lancé une attaque contre un camp de la police. Il y avait eu des dizaines de morts et une soixantaine de personnes enlevées, dont de nombreux policiers.
Durant cette rencontre avec la presse, le sous-officier était encadré par le ministre colombien de la Défense, Juan Manuel Santos, et le directeur de la police, le général Oscar Naranjo. Emu et éprouvé par des conditions de détention très dures, il a raconté avoir réussi à échapper à ses geôliers à la faveur d'une opération lancée récemment par la police dans la zone de Vichada, près de la frontière avec le Brésil. Dans la confusion, il est parvenu à se défaire de ses chaînes et à s’enfoncer dans la forêt. Ce n’est qu’au bout de dix-sept jours qu’il a été repéré par une patrouille de police.
Pressé de questions par les journalistes, John Frank Pinchao Blanco a été interrogé au sujet d’Ingrid Betancourt, enlevée il y a cinq ans, alors qu’elle faisait campagne en tant que candidate des Verts à l’élection présidentielle en Colombie. Il a déclaré l’avoir côtoyée, de même que trois agents anti-drogue américains détenus avec elle : «La dernière fois que je les ai vus, c'était le 28 avril».
L’ancien otage dit, également, avoir vu la directrice de campagne d’Ingrid Betancourt, Clara Rojas, enlevée en même temps qu’elle. Confirmant une information donnée, en juin 2006, par un journaliste colombien indépendant, John Frank Pinchao Blanco a déclaré qu'elle avait eu un enfant avec un guérillero des FARC. «Elle a eu un enfant qui, aujourd'hui, doit avoir plus ou moins trois ans. Je sais seulement qu'il s'appelle Emmanuel».
Marie-Eve Detoeuf
Correspondante de RFI en Colombie
«John Frank Pinchao Blanco ne donne pas de précisions sur la date ni sur la durée de sa cohabitation d'otage avec Ingrid Betancourt.»
Les propos de John Frank Pinchao Blanco ont rendu espoir à la famille d'Ingrid Betancourt, dont les enfants vivent en France. «Sachant que nous, on n'a pas de preuve de vie de maman depuis quatre ans, c'est vrai que ce serait pour nous une nouvelle assez géniale si elle se confirme», a déclaré jeudi, sur la chaîne LCI, sa fille Mélanie Delloye-Betancourt. Toutefois, dit-elle, «il [l’ex-otage colombien] est un peu confus après une captivité aussi longue et on ne sait pas exactement s'il a voulu dire qu'il a vu ma mère en avril de cette année ou il y a deux ans et demi (…) Il est clair que quelqu'un l'a vue et qu'elle et sa directrice de campagne sont vivantes et quelque part dans cette région de la forêt colombienne».
De son côté, le comité de soutien à Ingrid Betancourt dit sa «joie» et son «soulagement» après l'évasion de John Franck Pinchao Blanco. Mais il entend rester prudent, considérant que le témoignage de l’ex-otage n’est pas véritablement une preuve qu’Ingrid Betancourt est encore en vie.
Hervé Marro
Membre du comité de soutien d'Ingrid Betancourt
«Pour nous, ce n'est pas une preuve de vie (...) même si ça contribue à nous redonner espoir.»
Les Forces armées révolutionnaires colombiennes sont le plus ancien et le plus important des mouvements de guérilla d'Amérique latine. Fortes de quelque 17 000 hommes, les FARC réclament la libération de 500 de leurs hommes, en échange de 56 otages, dont Ingrid Betancourt et les trois agents américains. Ceux-ci ont été pris en otage le 13 février 2003, alors qu’ils effectuaient une mission de lutte anti-drogue dans le Caqueta, une province du sud-ouest de la Colombie. Les rebelles avaient abattu leur avion de reconnaissance.
par Philippe Quillerier
Article publié le 17/05/2007 Dernière mise à jour le 17/05/2007 à 15:15 TU