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Proche-Orient

La crise dégénère à Gaza

Le conflit dans les territoires palestiniens a connu un nouveau tournant violent, ce jeudi. En riposte aux tirs de roquettes palestiniens, l’aviation israélienne a bombardé à plusieurs reprises le centre de Gaza et des militaires y ont ensuite fait une incursion. Le mouvement islamiste du Hamas a immédiatement menacé de reprendre ses attentats suicides en Israël. Cette nouvelle escalade intervient alors que la bande de Gaza est secouée depuis six jours par de violents combats interpalestiniens. Dans la soirée, on a appris que le président Abbas avait annulé sa visite à Gaza après la découverte d'un tunnel bourré d'explosifs qui devaient exploser au passage de son convoi. De hauts responsables sécuritaires palestiniens ont indiqué que cette tentative d'attentat contre le président Abbas avait été organisée par la branche militaire du Hamas.

Nouvelle escalade au Proche-Orient : en riposte aux tirs de roquettes palestiniens sur le sud d'Israël (ici - à gauche - dans une école à Sderot), l'armée de l'Etat hébreu a lancé des raids aériens sur le centre de Gaza. 

		(Photos : Reuters)
Nouvelle escalade au Proche-Orient : en riposte aux tirs de roquettes palestiniens sur le sud d'Israël (ici - à gauche - dans une école à Sderot), l'armée de l'Etat hébreu a lancé des raids aériens sur le centre de Gaza. (Photos : Reuters)

«C'est une guerre ouverte déclarée au Hamas. Toutes les options contre l'ennemi sioniste sont ouvertes, y compris les opérations martyres». Tels sont les mots prononcés par Abou Obaida, porte-parole de la branche armée du Hamas. Après le premier raid aérien d’Israël contre un quartier général du Hamas à Gaza, la réaction du mouvement islamiste ne s’est pas fait attendre. Et comme pour souligner encore davantage la détermination de son mouvement, Abou Obaida ajoute : «S'il y a des possibilités d'attentats suicide, nous les saisirons».

Pendant ce temps, règnent des scènes de panique dans le quartier de Rimal, à Gaza. Une source médicale indique qu’une personne a été tuée. Des ambulances évacuent une trentaine de blessés sous les gravats du bâtiment.

L’armée israélienne a visé, avec son bombardement, un point aussi stratégique que symbolique : un quartier général de la Force exécutive. Cette dernière a été créée en mars 2006, peu après la formation du nouveau gouvernement issu du Hamas. Son but a été de contrer l’hégémonie du Fatah dans les services de sécurité palestiniens.

Alors que s’élèvent encore de grandes colonnes de fumée noire dans le ciel au dessus de l’immeuble détruit, l’armée israélienne frappe une deuxième fois, puis une troisième fois : une bombe israélienne pulvérise une voiture circulant dans la ville de Gaza, tuant, à son bord, un combattant des  Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, et blessant cinq autres Palestiniens. Un peu plus tard, un autre membre du Hamas est tué lors du troisième raid israélien, qui avait pour cible la maison de Khaled Abou Hillal, le porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Mercredi soir, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert avait ordonné une «riposte sévère» à des tirs de roquettes incessants depuis la bande de Gaza sur le sud d’Israël. Des tirs qui ont fait six blessés et des dégâts matériels. «Nous allons frapper tous ceux qui sont impliqués dans les tirs et la production de roquettes», avait menacé encore jeudi matin Ephraïm Sneh, vice-ministre israélien de la Défense. Et pour cela, l’armée de l’Etat hébreu semble ne pas vouloir se contenter des frappes aériennes. Jeudi, elle a redéployé aussi des canons de 155 mm face à la bande de Gaza, a précisé un de ses porte-paroles. Selon des sources proches du ministère de la Défense, une offensive terrestre serait inévitable mais celle-ci resterait dans un premier temps probablement limitée.

Trêve trop fragile à Gaza

Cette nouvelle escalade de la crise au Proche-Orient intervient alors que les territoires palestiniens sont déchirés depuis six jours par de très violents affrontements entre les deux mouvements rivaux palestiniens.

Les combats, qui opposent le Hamas du Premier ministre Ismaïl Haniyeh et les services de sécurité du Fatah, fidèles au président Mahmoud Abbas, ont fait 47 morts depuis la reprises des violences, vendredi 11 mai. Bien qu’une trêve ait été signée mercredi soir entre les deux factions adversaires, les combats ont repris jeudi à l’aube.   

Mahmoud Abbas, qui avait annoncé sa visite à Gaza pour s’entretenir de la trêve avec le Premier ministre Haniyeh, a finalement annulé ce déplacement. Des sources proches du président palestinien ont laissé entendre qu’Abbas souhaiterait d’abord un engagement ferme de la part du Hamas sur le cessez-le-feu. Il faut dire que c’est la quatrième trêve actuellement en vigueur depuis le début des nouveaux affrontements interpalestiniens, il y a six jours. Et il est fort probable que, une fois encore, cette trêve reste lettre morte.



par Stefanie  Schüler

Article publié le 17/05/2007 Dernière mise à jour le 17/05/2007 à 15:41 TU