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Présidentielle 2007

Rachida Dati : une ascension irrésistible

Rachida Dati 

		(Photo : AFP)
Rachida Dati
(Photo : AFP)
Rachida Dati vient d’être nommée Garde des Sceaux dans le gouvernement de François Fillon. Parmi les sept femmes qui sont devenues ministres, elle a vraisemblablement le parcours le plus atypique et le plus spectaculaire. A force de volonté et d’ambition, elle a réussi à réaliser une carrière hors norme et à faire la démonstration de sa compétence. Désormais, plus question de se laisser emprisonner dans l’image de la jeune femme d’origine maghrébine qui tombe au bon moment pour jouer les minorités visibles.

Une magistrate à la justice. Si Rachida Dati a obtenu ce ministère régalien, très prestigieux mais aussi très sensible, ce n’est pas seulement par la grâce d’un jeu de chaises musicales gouvernementales, c’est certainement en grande partie parce qu’elle est du sérail. On ne le sait pas forcément mais Rachida Dati a fait l’école de la magistrature et a été auditeur de justice au tribunal de grande instance de Bobigny, juge à la cour d’appel d’Amiens puis substitut du procureur de la République au tribunal d’Evry.

Bien sûr, ce n’est pas ce qui l’a fait connaître. Cette jeune femme, âgée aujourd’hui de 41 ans -ce qui en fait après Valérie Pécresse (39 ans) la plus jeune ministre du gouvernement Fillon- a fait son entrée sur la scène médiatique depuis qu’elle a intégré l’équipe de Nicolas Sarkozy en 2002. D’abord conseillère du ministre de l’Intérieur, elle a notamment été en charge du dossier de l’immigration et a travaillé sur le projet de loi sur la prévention de la délinquance. Mais surtout, Rachida Dati est devenue avec Xavier Bertrand, la porte-parole du candidat de l’UMP. On l’a alors beaucoup vue et beaucoup entendue.

Une grande admiration pour Nicolas Sarkozy

Elle fait incontestablement partie du premier cercle des fidèles du nouveau président de la République, même si elle a commencé à travailler avec lui assez récemment. Rachida Dati ne cache d’ailleurs pas son admiration pour Nicolas Sarkozy, ni son affection pour son épouse Cécilia. Celle-ci l’a aidé, explique-t-elle, à trouver sa place dans l’équipe de Nicolas Sarkozy. Les deux femmes se sont d’ailleurs donné une accolade très chaleureuse lors de la cérémonie d’investiture du président de la République, le 16 mai dernier.

Rachida Dati sait se rendre attachante et susciter de l’intérêt chez ses interlocuteurs. Il est vrai que son sourire déterminé et son regard noir perçant ne laissent pas indifférent. Mais il y a autre chose : elle a l’art de demander avec tant de conviction qu’on ne peut rien lui refuser. C’est ce qui lui a permis de capter l’attention de plusieurs personnalités politiques importantes qui l’ont successivement aidée et soutenue. A commencer par Albin Chalandon.

C’est à lui que Rachida Dati a demandé de lui mettre le pied à l’étrier. Elle avait 21 ans et a réussi à se faire inviter à une réception à l’ambassade d’Algérie à Paris. Le ministre de la Justice était présent. Elle lui a demandé un rendez-vous. Il le lui a accordé et lui a permis d’obtenir un stage à la direction financière chez Elf. La carrière de Rachida Dati, qui n’avait alors en poche qu’un Deug d’économie de la faculté de Dijon, a débuté grâce à lui. Elle lui en sait gré puisqu’elle est venue en sa compagnie prendre ses fonctions au ministère de la Justice.

Ensuite, elle va enchaîner les rencontres. Celle de Jean-Luc Lagardère lui permet d’entrer à la direction des audits chez Matra communication et de se faire financer une nouvelle formation : un MBA (master of business administration). Elle intègre ensuite la Banque européenne de développement (Berd) à Londres, avant de rentrer en France pour occuper le poste de secrétaire générale du bureau d’études sur le développement urbain de la Lyonnaise des eaux. Et c’est à ce moment-là, qu’elle croise le chemin de Marceau Long et Simone Veil. Ce sont ces deux personnalités qui vont la convaincre de s’orienter vers le droit et d’entrer à l’école nationale de la magistrature.

Une volonté sans faille

Rachida Dati a su non seulement saisir toutes les opportunités mais aussi les créer. Car au départ, rien ne la prédestinait à évoluer dans les sphères du pouvoir. Elle est issue d’une famille modeste installée dans une petite ville de province, Chalon-sur-Saône. Son père est un immigré marocain d’abord maçon puis ouvrier. Sa mère était algérienne, ne travaillait pas, ne savait ni lire, ni écrire. Elle est aujourd’hui décédée. Rachida est la deuxième dans une famille de douze enfants, huit filles et quatre garçons. Est-ce parce que ses parents l’envoient faire sa scolarité dans une institution religieuse catholique, où elle côtoient les jeunes filles de la bourgeoisie locale, qu’elle commence à rêver d’une autre vie ? Cela joue certainement un peu.

En tout cas, elle se prend en main très vite. Dès l’âge de 14 ans, elle commence à travailler pour gagner son argent de poche. Elle fait du porte-à-porte pour vendre des produits cosmétiques. Un peu plus tard, à seize ans, elle est standardiste et aide soignante dans une clinique. Dès qu’elle a un moment, elle lit les magazines disposés dans la salle d’attente. Elle s’informe sur tous les gens qui comptent. Cela lui donne des idées. Elle écrit des lettres vibrantes aux personnalités qu’elle aimerait rencontrer. Elle fait partie de ces gens qui tentent tout et qui ne renoncent pas. Sa volonté est certainement son principal atout. Elle lui a permis de sortir de son milieu. En devenant aujourd’hui ministre de la Justice, elle est certainement allée un peu plus loin que son rêve.



par Valérie  Gas

Article publié le 18/05/2007 Dernière mise à jour le 18/05/2007 à 15:20 TU