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Proche-Orient

Israël renforce la pression militaire sur le Hamas

En représailles aux tirs de roquettes sur son territoire, l’Etat hébreu a poursuivi, lundi, ses raids aériens sur la bande de Gaza, tuant treize Palestiniens depuis dimanche soir. Le gouvernement d’Ehud Olmert menace, en outre, de liquider les dirigeants islamistes, dont le chef politique du Hamas, Khaled Mechaal, qui vit en exil en Syrie, et n’exclut pas une opération contre le Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, lui aussi haut responsable du mouvement islamiste. Dans la soirée, toutefois, le gouvernement palestinien a proposé une «trêve globale et réciproque» à Israël.
Obsèques, lundi 21 mai, de neuf Palestiniens tués par un raid israélien sur Gaza. 

		(Photo : Reuters)
Obsèques, lundi 21 mai, de neuf Palestiniens tués par un raid israélien sur Gaza.
(Photo : Reuters)

Officiellement, en Israël, l’heure n’est pas aux représailles massives. Pour l’instant, alors que les combats inter-palestiniens ont connu une accalmie ces dernières heures, l’Etat hébreu écarte toute opération terrestre d’envergure dans la bande de Gaza, dont l’armée israélienne s’est retirée en 2005. Mais le cabinet de sécurité israélien a donné, dimanche, le feu vert à l'armée pour qu’elle intensifie ses opérations destinées à mettre un terme aux tirs palestiniens de roquettes en provenance de la bande de Gaza.

Objectif privilégié des raids menés par l’aviation israélienne, le Hamas n’est, toutefois, pas le seul groupe radical palestinien visé. Lundi, quatre militants du Jihad islamique ont ainsi été tués par un missile visant la voiture dans laquelle ils circulaient. Selon le groupe islamiste, qui revendique fréquemment des tirs de roquettes, conjointement avec le Hamas, l’attaque a eu lieu dans le secteur de Jabaliya, au nord de la bande de Gaza.

Les quatre tués étaient membres de la branche militaire du Jihad islamique, les brigades al-Qods. Cette dernière attaque est survenue quelques heures après deux autres raids qui ont fait neuf morts, à Gaza, dimanche soir et dans la nuit. Un porte-parole militaire israélien a confirmé l’opération, affirmant que les personnes visées dans leur véhicule étaient impliquées dans la fabrication de roquettes tirées sur le territoire israélien.

Un peu plus tôt, lundi, quatre nouvelles roquettes avaient été tirées vers le sud d'Israël, en direction de la ville de Sdérot, sans faire ni victime ni dégâts, a indiqué l’état-major de l’armée israélienne. Dimanche, a-t-il ajouté, 14 roquettes avaient explosé en territoire israélien, également sans faire de victime.

«Nous les avons tous dans notre ligne de mire»

La semaine dernière, Israël s’était dit déterminé à faire cesser ces tirs de roquettes. «Ça suffit !», avait déclaré Tzipi Livni, la ministre des Affaires étrangères. Ce lundi, des membres du gouvernement israélien ont encore haussé le ton, menaçant d'éliminer le Premier ministre palestinien issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et Khaled Mechaal, le leader politique du mouvement qui vit en exil à Damas, la capitale syrienne.

«Je ne fais aucune différence entre ceux qui mènent les attaques et ceux qui donnent les ordres. Nous les avons tous dans notre ligne de mire», a déclaré lundi, à Radio Israël, le ministre des Infrastructures nationales, Benyamin Ben Eliezer. Le ministre israélien de la Sécurité, Avi Dichter, membre du cabinet de sécurité, a ainsi qualifié Khaled Mechaal de «cible plus que légitime (…) Je suis persuadé qu'à la première occasion, nous nous débarrasserons de lui», a-t-il déclaré à la radio militaire israélienne. En 1997, les services secrets israéliens (Mossad) avaient déjà tenté d'éliminer Khaled Mechaal par empoisonnement, à Amman, la capitale jordanienne. L’opération s’était soldée par un échec.

Réagissant aux menaces israéliennes, un responsable du bureau politique du Hamas, basé à Damas, a affirmé que son mouvement était «habitué» aux éliminations israéliennes et prenait des mesures préventives. Tous les cadres du mouvement ont, notamment, reçu pour consigne de se montrer extrêmement discrets dans leurs déplacements et leurs communications.

Paris et Moscou condamnent

Lundi soir, le gouvernement palestinien a semblé manifester sa volonté d’apaiser la tension. Il a, une nouvelle fois, proposé une trêve à Israël. «Tout en insistant sur le droit de notre peuple à la légitime défense, nous réitérons notre offre pour une trêve globale, simultanée et réciproque», a déclaré le porte-parole du gouvernement, Moustapha Barghouthi, lors d'une conférence de presse à Ramallah, en Cisjordanie. «Cette trêve globale doit s'étendre sur tous les territoires palestiniens, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza», a-t-il ajouté. Ces derniers temps, l’Autorité palestinienne avait déjà, à plusieurs reprises, proposé l’instauration d’une trêve. Israël n’y a pas donné suite, expliquant que les deux précédentes trêves proclamées unilatéralement par les Palestiniens depuis le début de la seconde Intifada, en septembre 2000, n'avaient pas tenu.

Certaines capitales ont déploré l’escalade des violences entre Israéliens et Palestiniens. Moscou a jugé, lundi, «excessifs» et «disproportionnés» les raids israéliens de ces derniers jours. La France, de son côté, a rappelé son opposition aux «exécutions extra-judiciaires, contraires au droit international», tout en condamnant les tirs de roquettes palestiniennes à partir de Gaza. Quant à la Grande-Bretagne, elle s’est dite «profondément inquiète» après les raids israéliens.

par Philippe  Quillerier

Article publié le 21/05/2007 Dernière mise à jour le 21/05/2007 à 15:16 TU