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France – Union européenne

Sarkozy : mission difficile à Bruxelles

Nicolas Sarkozy reçu, ce mercredi, à Bruxelles par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. 

		(Photo : Reuters)
Nicolas Sarkozy reçu, ce mercredi, à Bruxelles par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
(Photo : Reuters)

Le nouveau président français a rencontré mercredi à Bruxelles le Premier ministre belge Guy Verhofstadt et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, pour tenter de débloquer la crise institutionnelle européenne. Nicolas Sarkozy défend l’idée d’un «traité simplifié», soumis à l’approbation de Parlements nationaux, pour remplacer la Constitution européenne, qui a été rejetée par les électeurs français et néerlandais au projet de Constitution, lors du référendum de 2005. La délicate question de la demande d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne était également au centre des discussions.


Une semaine après sa prise de fonctions, le nouveau président français Nicolas Sarkozy s’est rendu au siège des institutions européennes pour défendre la relance de la construction européenne par le biais d'un projet de traité simplifié, même si ce projet laisse certains gouvernements sceptiques. Mais le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a estimé qu’un «consensus» commençait à se former sur l’idée lancée par le président français de remplacer la Constitution européenne par un traité simplifié. «Je vois qu’autour de cette idée de traité simplifié, on progresse. Le traité simplifié, c’est la seule solution possible. La solution ça ne peut pas être la Constitution», a souligné José Manuel Barroso. Le porte-parole de l’Elysée, David Martinon, a estimé normal qu’il y ait des divergences sur cette question parmi les partenaires européens et que «l’urgence pour Nicolas Sarkozy, c’est de trouver une solution à la crise institutionnelle en Europe».  

Fédéralistes et maximalistes

Le nouveau président français préconise un traité allégé pour les 27, mais en y incluant des principes permettant le fonctionnement d’une présidence stable, une politique extérieure efficace et l’extension de la majorité qualifiée. Ce traité proposé par Nicolas Sarkozy est une sorte de voie médiane parmi les 27 pays membres de l’UE. D’un côté, les eurosceptiques - dont le Royaume-Uni, voire la Pologne - qui s’opposent fermement aux principes fédéralistes et à la majorité qualifiée et, de l’autre côté, les «ultras» ou maximalistes qui défendent le traité constitutionnel, comme c’est le cas de l’Allemagne et de l’Italie. Le Premier ministre italien, Romano Prodi, a menacé mardi de former une Europe à deux vitesses, avec un groupe d’Etats à «l’avant-garde» de la construction européenne, si l’entente à 27 devait s’avérer impossible. La présidence allemande de l’UE, tout comme José Manuel Barroso,  considèrent, néanmoins, qu’un accord est probable au sommet européen des 21 et 22 juin.

Avant de se rendre au siège de la Commission européenne, Nicolas Sarkozy s’est entretenu avec le Premier ministre belge Guy Verhofstadt. Ils se sont déclarés favorables à la création, pour la zone euro, «d’un véritable gouvernement économique au service de l’emploi et de la croissance». Selon le chef du gouvernement belge, «c’est un des chantiers qu’il faut réaliser le plus vite possible, à côté naturellement d’un accord sur le traité constitutionnel». De son côté, le président français a affirmé : «Nous voulons que l’Europe sorte de l’immobilisme». Les observateurs à Bruxelles considèrent que le renforcement de l’Eurogroupe, formé par  les ministres des Finances des pays de la zone euro, permettrait de contrebalancer le pouvoir de la Banque centrale européenne, BCE, accusée de ne se soucier que de l’inflation. Nicolas Sarkozy a assuré qu’il ne voulait pas mettre en cause l’indépendance de la BCE, tout en soulignant qu’il «n’y a pas que les banquiers qui ont une idée de la politique monétaire».

Opposition à l’adhésion de la Turquie

Le nouveau chef de l’Etat français a réaffirmé son opposition à l’entrée de la Turquie dans l’UE, une position manifestée à maintes reprises lors de la campagne électorale. «Je n’ai pas changé d’avis. Je ne vois pas comment on peut être candidat avec une opinion et président avec une autre : je ne pense pas que la Turquie ait sa place dans l’Union», a déclaré Nicolas Sarkozy au cours d’un point de presse au siège de la Commission européenne. Il a ajouté : «Je ne vois pas l’utilité pour un Européen que je suis d’aller poser cette question là, alors qu’elle ne se pose pas maintenant et que nous avons tant de pain sur la planche».

Pendant la campagne électorale, le candidat Sarkozy s’est manifesté à plusieurs reprises contre d’adhésion de la Turquie à l’UE, proposant un partenariat privilégié avec Ankara et la création d’une «union méditerranéenne», en soulignant que «la Turquie est en Asie mineure». Cette position, qui a provoqué des réactions à Bruxelles et en Turquie, risque de perturber les déjà difficiles négociations d’adhésion entamées en octobre 2005 avec Ankara. José Manuel Barroso a manifesté une certaine inquiétude, au sujet des propos électoraux de Nicolas Sarkozy concernant la Turquie.

Le président Sarkozy a voulu que le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner et le secrétaire aux Affaire européennes Jean-Pierre Jouyet, issus de la gauche mais très favorables à la construction européenne, l’ont accompagné dans cette visite hautement symbolique. Selon le quotidien Le Figaro, le président de la Commission européenne a souligné qu’avec Nicolas Sarkozy «on a vraiment une chance d’avoir un traité. Ce n’est pas acquis, mais ce sera mille fois plus facile que si Ségolène Royal avait été à sa place».

par Rédaction Internet  (avec AFP)

Article publié le 23/05/2007 Dernière mise à jour le 23/05/2007 à 18:54 TU