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Politique française

Objectif législatives

La campagne pour les élections législatives a débuté le lundi 21 mai. Dans la foulée de l’élection présidentielle, les partis doivent préparer ce nouveau scrutin qui va se dérouler en deux temps, les 10 et 17 juin prochains. Face à l’UMP, donnée largement favorite par les sondages, le Parti socialiste et le Mouvement démocrate, le nouveau parti centriste lancé par François Bayrou, vont avoir bien du mal à se positionner.


François Fillon s'est rendu dans sa circonscription de la Sarthe pour lancer la bataille des législatives. 

		(Photo : AFP)
François Fillon s'est rendu dans sa circonscription de la Sarthe pour lancer la bataille des législatives.
(Photo : AFP)


François Fillon a décidé de mener lui-même la bataille pour les législatives. Le nouveau Premier ministre a effectué, ce week-end, son premier déplacement depuis la formation du gouvernement, dans la Sarthe sa circonscription, dans laquelle il va essayer de retrouver son mandat de député (il était sénateur depuis 2004). Il a ensuite réuni, lundi 21 mai, une quinzaine de dirigeants de l’UMP pour organiser avec eux la campagne électorale. Pour lui, l’enjeu est clair. Il s’agit non seulement d’obtenir sur un plan personnel une validation populaire par le suffrage universel, mais aussi de mener la majorité présidentielle à la victoire la plus large possible, pour lui permettre de mettre en œuvre les réformes attendues. François Fillon explique, en effet, que «cette bataille des législatives, il ne faut pas la sous-estimer. Rien ne serait pire que de relâcher nos efforts, rien ne serait plus dangereux que de se montrer présomptueux. Rien n’est gagné».

A n’en pas douter, le Premier ministre veut montrer aux Français sa détermination et son investissement dans la tâche qui lui a été confiée. Il ne sera d’ailleurs pas le seul membre du gouvernement à se présenter aux législatives. Onze autres ministres ou secrétaires d’Etat, sur les 20 nommés vendredi dernier, se lancent eux aussi à la conquête (ou reconquête) d’un siège de député. Parmi eux, les principaux poids lourds du gouvernement comme Alain Juppé, devenu numéro deux du gouvernement, à Bordeaux, Jean-Louis Borloo à Valenciennes, Michèle Alliot-Marie dans les Pyrénées-Atlantiques ou Xavier Bertrand dans l’Aisne. En revanche, Brice Hortefeux, le nouveau ministre de l’Immigration, l’intégration, l’identité nationale et du co-développement, ne se présente pas.

Confiance à l’UMP

Cet engagement massif des ministres n’est pas anodin. Il envoie un message fort aux Français et aux autres partis en lice. La majorité présidentielle se présente humble mais très confiante. Il est vrai que les sondages indiquent tous qu’elle devrait remporter les élections législatives avec une avance assez confortable sur ses concurrents. Ils la créditent d’environ 37% des intentions de vote au premier tour, contre 28% au PS (Ifop pour Paris Match). Ce qui devrait lui permettre de gagner entre 300 et 400 sièges sur les 577 à pourvoir (aujourd’hui l’UMP a 359 députés).

L’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence avec un peu plus de 53% des suffrages représente pour l’UMP un atout considérable, car les Français ont pour habitude de confirmer leur choix lorsque les législatives interviennent rapidement après la présidentielle. C’est en tout cas ce qu’ils ont fait les trois fois où cela a été le cas dans la Ve République en 1981, 1988, 2002. Les sondages indiquent, par ailleurs, que la formation d’un gouvernement d’ouverture sous la houlette de François Fillon a été considérée comme une bonne chose par les Français. Selon une enquête TNS-Sofres-Unilog publiée par Le Figaro, l’entrée dans l’équipe de Bernard Kouchner, ancien ministre socialiste, en tant que chef de la diplomatie, a été appréciée par 86% des électeurs de Nicolas Sarkozy, mais aussi par 61% de ceux de Ségolène Royal.

Au Parti socialiste, on a en revanche beaucoup critiqué ce «débauchage». François Hollande a dénoncé «les manœuvres» de Nicolas Sarkozy. Il a estimé que la formation de ce gouvernement n’avait qu’un objectif : «jeter la confusion» pour «déstabiliser» la gauche. L’ouverture façon Sarkozy est présentée comme un effet de «communication à des fins purement électorales». Après quelques soubresauts à la suite de la défaite de Ségolène Royal à la présidentielle, les socialistes ont essayé de rectifier le tir ces derniers jours. De Laurent Fabius à Dominique Strauss-Kahn en passant par Razzye Hammadi (Mouvement des jeunes socialistes), ils ont tous appelé à la mobilisation pour endiguer la vague bleue. Le Premier secrétaire a insisté sur l’enjeu des législatives : «Le pire peut encore être évité si, à l’occasion des législatives, les Français permettent l’émergence d’une force de proposition et de vigilance. C’est le rôle du Parti socialiste».

On sent néanmoins que l’ambiance n’est pas à l’optimisme au Parti socialiste. La défaite de Ségolène Royal représente le troisième échec consécutif à la présidentielle pour les socialistes. Et un certain nombre de voix se sont élevées pour mettre en cause ce bilan plutôt négatif. Dominique Strauss-Kahn a même directement accusé François Hollande, qui assume la direction du parti depuis une dizaine d’années, d’en être responsable. Ce dernier a essayé de botter en touche en promettant d’ouvrir le débat interne après les législatives. Il joue donc très gros dans cette élection et il le sait. Il a néanmoins choisi la stratégie du chacun pour soi vis-à-vis des anciens alliés du PS, Verts et communistes, avec lesquels les relations ne sont pas au beau fixe. Aucun accord n’a pu être conclu avec les écologistes ou le PC, deux formations dont les résultats à la présidentielle ont mis en valeur le déclin.

Quelle place pour le MoDem ?

L’éventualité d’une alliance avec le nouveau parti centriste lancé il y a quelques jours par François Bayrou, n’est pas à l’ordre du jour non plus. Le MoDem, pour Mouvement démocrate, qui revendique 70 000 nouvelles adhésions, va présenter des candidats dans la quasi-totalité des circonscriptions (535 sur 577). François Bayrou veut ainsi essayer de faire fructifier ses quelque 18% de voix du premier tour pour obtenir les moyens de jouer le rôle de contre-pouvoir face à l’UMP à l’Assemblée nationale. Mais cette ambition paraît difficilement réalisable. D’autant que la majorité des députés de l’UDF se sont ralliés à l’UMP et ont décidé de créer, de leur côté, une formation centriste rivale, dont le nom n’est pas encore choisi. Ce nouveau parti devrait présenter une centaine de candidats sous l’étiquette majorité présidentielle.

A défaut d’obtenir suffisamment de sièges pour former un groupe (20 élus), le MoDem pourrait dans certaines circonscriptions provoquer des triangulaires préjudiciables pour les candidats de l’UMP. En vertu du scrutin uninominal à deux tours en vigueur en France pour les législatives, tout candidat ayant obtenu plus de 12,5% des voix des inscrits peut, en effet, se maintenir au second tour. Il n’est pas exclu, non plus, que des désistements puissent être organisés, au cas par cas, entre le MoDem et le PS en vue de battre les représentants de la majorité. Dans tous les cas, le MoDem va avoir du mal à se faire une place.



par Valérie  Gas

Article publié le 21/05/2007 Dernière mise à jour le 21/05/2007 à 14:15 TU