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Législatives 2007

PS : «tous ensemble» au Zénith

Le Parti socialiste a organisé au Zénith de Paris son premier grand meeting de la campagne pour les élections législatives. Tous les principaux responsables du PS y ont participé autour du Premier secrétaire François Hollande : la candidate à la présidentielle Ségolène Royal, ses deux rivaux pour l’investiture socialiste, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, mais aussi le maire de Paris Bertrand Delanoë. Même Lionel Jospin s’est manifesté à sa manière en envoyant un message d’encouragement. Chacun a essayé de mobiliser les troupes en vue des élections législatives. Tous ont vanté les mérites de l’union. Ce 29 mai, il n’y a pas eu une seule note discordante dans la mélodie socialiste.

De gauche à droite : François Hollande, Ségolène Royal, Patrick Bloche, Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius et Bertrand Delanoë. 

		(Photo : AFP)
De gauche à droite : François Hollande, Ségolène Royal, Patrick Bloche, Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius et Bertrand Delanoë.
(Photo : AFP)


Le temps des roses peut-il revenir ? C’est ce que les militants socialistes avaient envie d’entendre. C’est ce que les ténors du Parti sont venus leur dire, tous ensemble, au Zénith de Paris. Il y avait côte à côte tout ce qui compte, tout ce qui a compté et tout ce qui comptera peut-être demain au PS. Par ordre d’entrée en scène : Bertrand Delanoë, Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius, François Hollande. A moins de quinze jours des élections législatives, les querelles d’éléphants ont fait «pschittt». Les critiques ont été mises de côté. Il n’y a plus que le rassemblement qui compte. Et pour cause, il y a encore une bataille électorale à mener. Tout le monde a donc fait un effort pour donner l’image d’un PS en ordre de marche, mobilisé, uni et combatif.

A entendre les clameurs à chaque fois qu’un intervenant parlait de victoire possible, et surtout affirmait comme François Hollande à la fin du meeting que «lorsque les socialistes sont rassemblés rien ne peut les arrêter», on comprenait bien vite que les militants ont encore envie d’y croire. Ils ne veulent pas entendre des discours qui annoncent la défaite avant même le scrutin. Ils en ont assez des règlements de compte motivés par les ambitions personnelles. Dominique Strauss-Kahn, qui avait été le premier à mettre en cause la gestion du Parti socialiste après l’échec de Ségolène Royal à la présidentielle, se sera rendu compte au Zénith, que la base n’a pas apprécié cette démarche hâtive. Là où la candidate malheureuse -qui avait revêtu une veste rose, tout un symbole encore une fois- a été acclamée par une foule enthousiaste, il a eu droit à des sifflets. Et lorsqu’il a déclaré à propos des législatives : «Nous sommes tous engagés dans cette bataille», un militant lui a crié, du haut des gradins, un «bienvenu (!)», un peu amer. Il n’y a pas que les éléphants qui ont de la mémoire.

A gauche toute !

La salle était enflammée et un brin capricieuse. De temps en temps, c’est elle qui a donné le tempo, qui a imposé ses préférences à ceux qui défilaient à la tribune. Il fallait être à la hauteur de ses attentes. Et pour y parvenir tous les intervenants ont pris soin de parler des valeurs de gauche aux électeurs de gauche. Sur les écrans géants, la rose et le poing avaient repris leurs droits. La réforme du système de santé et les franchises, les baisses d’impôts, la défiscalisation des heures supplémentaires, le contrat de travail unique, l’autonomie des universités, la déduction des intérêts des emprunts immobiliers pour l’achat de la résidence principale… toutes les réformes proposées par Nicolas Sarkozy ont été passées au crible socialiste et présentées comme les pierres d’une politique inégalitaire, faite sur mesure pour les plus nantis.

Nicolas Sarkozy lui-même n’a pas été épargné. Si on ne parle plus de «tout sauf Sarko» -il est élu, les socialistes n’y reviennent pas-, cela n’empêche pas de le placer en première ligne des attaques. Lui, le symbole de ce «pouvoir vorace» auquel François Hollande veut opposer une gauche «coriace». Des joggings du président, à son omniprésence dans les médias, en passant par son implication directe dans le choix des ministres et même de leurs collaborateurs, tous les actes et toutes les décisions du nouveau chef de l’Etat ont été placés sur la sellette. Et surtout, l’ouverture du gouvernement à des personnalités de gauche, présentée comme du «racolage». A chacun sa formule pour mettre en garde contre les dérives possibles. Celle de Laurent Fabius est évocatrice. L’ancien Premier ministre socialiste a estimé qu’avec Nicolas Sarkozy, la France courait le risque «d’avoir une présidence absolue». Ségolène Royal a, elle, posé une question : «Voulez-vous donner tous les pouvoirs à ce gouvernement insatiable ? »

Donner du poids à la gauche

C’est bien cet argument qui a été mis en avant : les législatives représentent la dernière occasion pour les Français, avant 2012, d’empêcher Nicolas Sarkozy et l’UMP d’avoir tous les pouvoirs. Ou à défaut de donner à la gauche du poids dans la nouvelle Assemblée nationale. Qu’il s’agisse des ténors ou des huit candidats qui se présentent dans des circonscriptions d’Ile-de-France, venus s’exprimer eux aussi au Zénith, ils ont tous appelé les électeurs à aller voter massivement pour permettre à la gauche de remporter le maximum de sièges. Ils ont aussi, chacun leur tour, insisté sur les scores réalisés par Ségolène Royal au second tour de la présidentielle dans 200 circonscriptions où elle a battu Nicolas Sarkozy. Une manière de dire que, là au moins, tous les espoirs sont permis.

De la refondation du PS, il n’a pas été directement question. Dominique Strauss-Kahn a bien tenté d’évoquer l’avenir, mais il l’a fait très vite comme si de rien n’était. Ce terrain était trop risqué pour lui. Ça n’était pas la question du jour. Tout le monde le savait. Mais cela pourrait être la question dès le 17 juin au soir. François Hollande en est conscient. Si le Parti socialiste sort malmené des législatives, il y a peu de chances que la famille reste aussi soudée autour de lui que ce 29 mai au soir.

par Valérie  Gas

Article publié le 29/05/2007 Dernière mise à jour le 29/05/2007 à 20:28 TU