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Politique française

PS : gagner… ou ne pas trop perdre

Le Premier secrétaire du PS, François Hollande, lors d'une conférence de presse le 21 mai à Lyon. 

		(Photo: AFP)
Le Premier secrétaire du PS, François Hollande, lors d'une conférence de presse le 21 mai à Lyon.
(Photo: AFP)
Les socialistes se sont engagés dans la bataille pour les élections législatives. Après la défaite de Ségolène Royal à la présidentielle, leur objectif est donc de prendre leur revanche. Ou au moins d’obtenir suffisamment de sièges de députés afin de pouvoir résister à la vague bleue annoncée et peser à l’Assemblée nationale. Pour y parvenir, le mot d’ordre est «mobilisation». La rénovation, c’est pour plus tard.

Rien n’est perdu pour la gauche. En tout cas, il ne faut pas partir battu. C’est le message que tentent de faire passer les socialistes depuis quelques jours. Après le dépit ou la colère exprimés par certains ténors, comme Dominique Strauss-Kahn, au soir de la défaite à la présidentielle, l’heure est à la reprise en main. Il était temps car les élections législatives vont arriver vite, les 10 et 17 juin. La campagne officielle est ouverte depuis le 21 mai. Et à droite, l’UMP est en ordre de marche derrière le Premier ministre François Fillon, plus décidée que jamais à collecter aux législatives les fruits de l’élection confortable de Nicolas Sarkozy à la présidentielle.

L’état-major socialiste s’est donc mobilisé pour essayer de remotiver les électeurs de gauche. Ceux qui ont mis un bulletin Ségolène Royal dans l’urne, le 6 mai dernier. Soit environ 17 millions de Français. Et à entendre François Hollande, il ne s’agit pas seulement de «résister», de se «défendre» mais surtout d’aller de l’avant. Officiellement, le défaitisme n’est pas à l’ordre du jour. Au contraire. Le Premier secrétaire du PS a expliqué : «Nous sommes en conquête, notamment sur les 200 circonscriptions [sur 577] où Ségolène Royal a fait plus de 50% des voix». Une manière de dire qu’il y a des raisons objectives d’espérer. Ce que semblerait confirmer une enquête réalisée par l’institut BVA, publiée par Les Echos du 21 mai, qui montre que le rapport de forces idéologique dans le pays est plutôt favorable à la gauche. La victoire de Nicolas Sarkozy serait alors celle d’un homme et d’une campagne, plus que d’un camp.

Attaquer le gouvernement

De là à gagner les législatives, il y a tout de même un grand pas. Tous les sondages indiquent, en effet, que l’UMP devrait réussir à avoir la majorité à l’Assemblée nationale. Aucun n’envisage une victoire de la gauche, même si les socialistes affirment qu’elle est «mathématiquement» possible. L’objectif le plus réaliste semble donc d’essayer d’améliorer le score de 2002. Cela permettrait au PS de jouer un véritable rôle d’opposition. Le parti dispose actuellement de 138 élus à l’Assemblée nationale.

Pour réussir ce pari, la stratégie des socialistes consiste tout d’abord à mettre sur la sellette les décisions du nouveau président de la République et de son Premier ministre. A commencer par le choix de l’ouverture du gouvernement à des personnalités de gauche : Bernard Kouchner, Eric Besson, Martin Hirsch. Elle a été dénoncée comme une «manœuvre» politicienne, un effet de «communication», d’«affichage». Le choix du Premier ministre de mener directement la campagne pour les législatives à partir de Matignon -il y a réuni les cadres de l’UMP pour organiser la campagne- a aussi fait l’objet de critiques. Stéphane Le Foll, le bras droit de François Hollande, qui est d’ailleurs le rival de François Fillon dans la 4ème circonscription de la Sarthe, a désapprouvé cette manière de procéder et de mélanger les genres : «On ne peut pas lancer la campagne législative avec tout l’UMP à Matignon. Ce n’est pas le siège de l’UMP».

Le PS a aussi choisi de mettre en avant sa capacité à «renouveler» les candidatures. Il s’est enorgueilli de présenter 30% de nouvelles têtes, 48% de femmes et 17 candidats issus de la diversité. Ségolène Royal a, quant à elle, annoncé qu’elle ne se présenterait pas dans les Deux-Sèvres pour respecter la règle du non-cumul des mandats. Elle a choisi de conserver la direction de la région Poitou-Charentes. Cela ne devrait pas pour autant l’empêcher de jouer un rôle dans la campagne pour les législatives. Vincent Peillon, qui était l’un de ses porte-parole durant la campagne pour la présidentielle, a ainsi affirmé qu’elle serait évidemment «le leader» des socialistes.

Quel rôle pour Ségolène Royal ?

Dès son retour de Djerba, où elle était partie pour quelques jours de vacances, Ségolène Royal a d’ailleurs repris le collier. Elle a choisi le ton de l’ironie pour se réjouir notamment du fait que Nicolas Sarkozy ait désigné Martin Hirsch, l’ancien président d’Emmaüs qui avait participé à sa campagne, pour prendre en charge le dossier des solidarités. Elle a aussi annoncé son intention d’aller soutenir les candidats socialistes. Certains de ses proches en auront besoin. Arnaud Montebourg, par exemple, qui se trouve en situation délicate en Saône-et-Loire, où il est opposé au candidat de l’UMP, Arnaud Dangean.

Elle n’a pas encore annoncé, en revanche, si elle participerait aux trois grands meetings organisés par le Parti socialiste à Bordeaux (22 mai), puis dans le Nord-Pas-de-Calais et en région parisienne. François Hollande a, pour sa part, prévu de se rendre au meeting de Bordeaux après avoir lancé la campagne à l’occasion d’une réunion publique avec le candidat Faouzi Lamdaoui, à Argenteuil, mardi. Le Premier secrétaire ne semble pas décidé à laisser le leadership de la bataille pour les législatives, même si sa responsabilité sur le mauvais bilan du PS a été mise en cause. Il l’a annoncé, le parti «ouvrira tous les débats», y compris celui sur la direction. Mais après le 17 juin.



par Valérie  Gas

Article publié le 22/05/2007 Dernière mise à jour le 22/05/2007 à 14:26 TU