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Tchad

Une enquête plus difficile que prévu

Quelques-uns des 103 enfants à Abéché, dans l'est du Tchad qui devaient être accueillis en France.  

		( Photo : Reuters )
Quelques-uns des 103 enfants à Abéché, dans l'est du Tchad qui devaient être accueillis en France.
( Photo : Reuters )

La question de l'origine des 103 enfants que l'association Arche de Zoé avait l'intention d'emmener en France est toujours au coeur de cette affaire. Hier, un conseiller de Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie française, affirmait que ces enfants sont « en majorité Tchadiens avec des parents tchadiens ». Depuis vendredi, le HCR, la Croix-Rouge internationale et l'Unicef enquêtent ensemble pour déterminer la provenance de ces enfants, et cela en collaboration avec le ministère tchadien des Affaires sociales. Le résultat de leur enquête n'a toujours pas été rendu public.

Hier encore à Abéché, dans l'est du Tchad, les trois organisations se réunissaient pour déterminer si elles avaient suffisamment d'éléments vérifiés pour communiquer le résultat de leurs cinq jours d'enquête au gouvernement tchadien ou même de le rendre public.

Beaucoup de prudence donc aujourd'hui, surtout dans un contexte dit sensible, ce qui tranche avec la première attitude, notamment de l'Unicef qui avait annoncé dès vendredi qu'il s'agirait majoritairement d'enfants tchadiens.

Beaucoup de prudence, car l'enquête se révèle plus difficile que prévue.

Complicités tchadiennes

«Un 757 à Abéché, c'est extrêmement rare. La piste est juste assez longue pour accueillir cet avion de 200 places. On n'était plus dans la routine humanitaire, et certains fonctionnaires tchadiens ont peut-être fait preuve de négligence.»

Les enfants ont en majorité entre 3 et 6 ans, le plus jeune a tout juste un an, un âge où il est difficile de répondre aux questions et où l'on est facilement impressionnable, surtout pour des enfants déjà traumatisés.

Certains enfants ont déjà changé plusieurs fois de nom, de village, d'origine ou même d'histoire. « Cet enfant cherche à comprendre ce que vous voulez lui faire dire », confie une assistante sociale tchadienne pour expliquer ses revirements dans le témoignage.

On sait en revanche que ces enfants sont originaires de la zone frontalière avec le Darfour, une zone où il y a eu beaucoup de déplacements de populations. On sait également que beaucoup d'enfants réclament leurs parents ou parlent de membres de leur famille.

Mais quel que soit le résultat de l'enquête des humanitaires, ces déclarations seront vraisemblablement à mettre au conditionnel, du moins jusqu'à ce que les informations données par les enfants soient vérifiées dans chaque village et que tous les parents soient effectivement retrouvés.

Par ailleurs, le sort des membres de l'association Arche de Zoé a fait également l'objet de questions. Les neuf Français inculpés pour enlèvement de mineurs sont toujours à Abéché et attendent leur transfert vers N'Djaména, où les chefs d'inculpation pourraient être requalifiés.

Gilbert Collard, l'un des avocats chargé de défendre les militants de l'association, s'insurge contre la position du gouvernementr français qui, à ses yeux, abandonne ces compatriotes détenus au Tchad.

Maître Gilbert Collard

Avocat des membres de l'association Arche de Zoé détenus au Tchad.

«Non seulement l'Etat français nous abandonne, mais en plus il se fait le procureur.»

 

En outre, cette affaire a pris une tournure très politique en France. Elle a donné lieu à de vifs échanges à l'Assemblée nationale mardi après-midi lors de la séance des questions au gouvernement.

L'opposition socialiste a dénoncé un fiasco des autorités françaises. Le socialiste Jean-Louis Bianco a reproché au gouvernement de se désintéresser du sort des ressortissants français mis en cause par la justice tchadienne et de n'avoir rien fait pour bloquer à temps une opération controversée qu'il connnaissait parfaitement. En l'absence de Bernard Kouchner, c'est une fois de plus la secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme, Rama Yade, qui est montée au créneau pour défendre le Quai d'Orsay.

Vifs échanges à l'Assemblée nationale sur l'affaire Arche de Zoé.

Par Florent Guignard

«La France était-elle au courant ? Pour le socialiste Jean-Louis Bianco, la réponse ne fait pas de doute. Et Rama Yade, dans sa réponse, n'a pas apporté d'éléments précis aux questions posées.»

 

Quant à Pierre Moscovici, député socialiste, il a estimé que la diplomatie française devait se recentrer.

Pierre Moscovici

Deputé socialiste

«L'indignation sur le volet humanitaire de cette affaire peut paraître un peu disproportionnée. Elle cache une certaine complaisance par rapport aux autorités tchadiennes... Le président tchadien s'est emparé de l'affaire à des fins internes.»

 



par RFI

Article publié le 31/10/2007 Dernière mise à jour le 31/10/2007 à 04:17 TU