Arche de Zoé
Enquête en France, auditions au Tchad
(Photo : Reuters)
Comment l'Arche de Zoé a-t-elle pu dissimuler son identité et ses agissements au Tchad ? Et quelles-sont les responsabilités des services de l'Etat français dans le développement de cette affaire ? Le Premier ministre français François Fillon demande une enquête. A N'djamena, la justice tchadienne a entamé les auditions des inculpés.
Le Premier ministre français a chargé les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Bernard Kouchner et Hervé Morin, d'enquêter sur ces questions. François Fillon leur a demandé de mandater conjointement une mission de l'inspection générale du ministère des Affaires étrangères et une enquête de commandement de l'Inspection des forces en opération. Les zones d'ombre sont en effet nombreuses.
Arche de Zoé en France, Children Rescue au Tchad : la double identité de l'association lui a sans doute facilité la tâche.
Il convient pourtant de se demander comment il est possible que les avions Transal de l'armée aient pu servir deux fois pour transporter du matériel et des membres de l'association entre N'djamena et Abéché.
Difficile d'imaginer en effet que l'autorisation d'embarquer des civils sur des avions militaires ait été accordée sans l'aval de l'ambassade de France au Tchad.
Et le nom d'Eric Breteau, chef de mission de Children Rescue sur place, mais directeur de l'Arche de Zoé en France, aurait dû apparaître, rendant le lien possible entre les deux organismes. Ce lien n'a pourtant pas été établi.
Le Quai d'Orsay s'inquiétait pourtant des projets de Breteau dès la fin du mois de juillet. et a été avisé que l'opération devrait probablement passer par le Tchad fin septembre. Mais a-t-il bien mesuré la situation ?
Pendant ce temps, Children Rescue est arrivée à la mi-août au Tchad et a commencé à travailler alors qu'elle était totalement inconnue au rayon des ONG jusque-là. L'ambassade de France a-t-elle fait les vérifications nécessaires ?
Enfin, dernière question et non la moindre : comment une évacuation aérienne d'Abéché à Vatry dans la Marne (nord-est de la France) pouvait être ignorée des autorités françaises alors que l'avion était attendu à l'aéroport, par des journalistes notamment et que son plan de vol était officiel au Tchad depuis dix jours ?
Pression politique et médiatique
Le juge d'instruction de N'djamena chargé du dossier a entamé hier les auditions des 16 Européens inculpés dans cette affaire. 9 Français, 7 Espagnols, 1 Belge et 4 Tchadiens sont entendus, poursuivis pour enlèvement de mineurs ou complicité d’enlèvement.
Audition des inculpés
De notre correspondante à N'djamena, Sonia Rolley
«Dans cette affaire la justice tchadienne est soumise à une énorme pression politique et médiatique.»
Parmi les 9 Français, figurent trois journalistes : Marc Garmirian, caméraman pour l'agence CAPA, Jean-Daniel Guillou, photographe du collectif Synchrox et la journaliste de la télévision France 3 Méditerranée, Marie-Agnès Peleran qui était en congé humanitaire. Les directeurs de rédaction de ces trois journalistes sont arrivés hier à N'djamena, en compagnie de leurs avocats.
Hervé Chabalier, le directeur de l'agence CAPA, s’est rendu au Tchad pour prouver que son cameraman, Marc Garmirian, n' afit que son travail de journaliste et rien d'autre.
Hervé Chabalier
«Mon objectif est d'apporter des preuves qui montreront que Marc (Garmirian) a exercé vraiment son métier de journaliste dans cette affaire.»
Le secrétaire général de l'association Reporters sans frontière, Robert Ménard, a fait également le déplacement pour soutenir les journalistes arrêtés. Il espère les voire libre le plus tôt possible.
Robert Ménard
Secrétaire général de l'association Repoters sans frontières (RSF)
«Les juges essayent de bien faire leur travail dans une affaire où les choses ont été mal faîtes.»
Article publié le 03/11/2007 Dernière mise à jour le 03/11/2007 à 21:14 TU