par Myriam Berber
Article publié le 30/11/2007 Dernière mise à jour le 30/11/2007 à 12:21 TU
La semaine dernière, les ministres des Finances de l’UE et les eurodéputés ont éliminé l’obstacle financier à la mise en œuvre de Galileo. Le projet qui a déjà accumulé retards et dépassements de coûts, était en effet dans l’impasse depuis l’abandon du financement public-privé prévu à l’origine. Malgré les réticences de l’Allemagne, les Vingt-Sept sont tombés d’accord pour financer intégralement sur le budget communautaire les 2,4 milliards d’euros nécessaires pour ce GPS européen. Pour remplir cette enveloppe affectée à Galileo, Bruxelles propose de puiser l’essentiel de cette somme dans les fonds de la politique agricole commune qui n’ont finalement pas été dépensés en 2007. Le reste proviendra d’autres programmes de recherche prévus pour 2008.
Après l’accord budgétaire, restait à trouver un accord sur le volet industriel. C’est désormais chose faite. Vingt-six pays de l’Union européenne sur 27 ont approuvé, dans la nuit de jeudi à vendredi, un texte d’accord politique sur le partage des futurs contrats industriels dans le respect des règles de concurrence. Chaque pays participant au financement du projet a eu l’assurance d’obtenir des compensations industrielles. Selon le compromis adopté, l’ensemble du projet européen de radionavigation par satellite sera découpé en six segments (satellites, lanceurs, logiciels, relais au sol, centres de contrôle et gestion de l’ensemble) attribuables par appels d’offres. Aucune entreprise ne pourrait être le maître d’œuvre ou le chef de file sur plus de deux lots et chaque chef de file aurait des obligations de sous-traitance à hauteur de 40%. L’objectif est de faire participer les PME européennes.
Une répartition en six segments
Ce mode de répartition a d’ailleurs été bien accueilli par l’Allemagne qui dispose de nombreuses entreprises de taille moyenne dans l’industrie spatiale. Tout comme l’Italie, l’Allemagne disposera d’un centre de contrôle au sol vérifiant le fonctionnement des 30 satellites et leurs transmissions vers la terre. L’Espagne, qui a insisté pour disposer d’un centre de contrôle au sol, a finalement obtenu le droit d’abriter un centre chargé du signal dédié spécifiquement à la protection civile, utilisé en cas de problème dans le domaine de la sécurité maritime, aérienne et ferroviaire.
La Commission européenne et les Etats membres ont dû jeudi trouver un équilibre entre les règles habituelles de stricte concurrence et le fait qu'un certain nombre d'entreprises ont déjà travaillé sur le projet depuis sept ans, dans le cadre de la phase initiale de développement. Certes, des appels d'offres seront lancés et le mieux disant gagnera. Reste que le secteur spatial est concentré en Europe entre quelques grands groupes - dont les deux ténors, l'européen EADS Astrium et le franco-italien Thales Alenia Space - incontournables pour chapeauter certaines parties de Galileo. L'Allemagne devrait ainsi se retrouver chef de file, via la société Astrium, pour la construction de 26 satellites.
Galileo opérationnel en 2013
Les premiers services de Galileo son prévus pour début 2013. Le futur GPS européen va déployer une trentaine de satellites en orbite à 20 000 km d’altitude, à des fins civiles mais également militaires. En effet, même si les applications du projet sont essentiellement civiles, les militaires pourraient s’en servir comme utilisateurs. Quelque 150 000 emplois devraient être créés en vue de la mise en place et de l’exploitation de ce dispositif.
Compatible avec le système militaire américain GPS (Global positioning system), ses multiples applications en font le plus important des projets de haute technologie engagés par l’Europe. Cet instrument sera utilisé entre autres pour la navigation aérienne et maritime, la gestion des transports (réduction des embouteillages, réduction des accidents grâce au guidage automatique des véhicules, renforcement de la sécurité des personnes et des biens) ou pour la préservation de l’écosystème (gestion des ressources rares telles que l’eau ou le pétrole).
Le système satellitaire va également permettre de surveiller le respect des réglementations communautaire en matière de pêche et de protection de l’environnement. A terme, le système européen devrait devenir le dispositif mondial le plus important pour les services de localisation. La Chine et Israël se sont déjà joints à Galileo. Des discussions sont actuellement en cours avec l’Inde, la Russie, le Japon, le Brésil, l’Ukraine, le Canada ou encore l’Australie.