par Marion Urban
Article publié le 08/06/2007 Dernière mise à jour le 08/06/2007 à 15:56 TU
«Il ne faut pas exclure la possibilité de voir le projet Galileo échouer», a reconnu le ministre des Transports allemand, Wolfgang Tiefensee, à la sortie de la réunion de la Commission européenne, ce vendredi, à Luxembourg. Les ministres des Transports des 27 États membres ont reporté au mois d’octobre l’étude du financement public du projet européen de géolocalisation par satellite. L’Union européenne a besoin de 2,4 milliards d’euros supplémentaires pour poursuivre celui-ci.
Les ministres veulent étudier tous les scénarios possibles de collaboration entre secteurs public et privé et chiffrer les rallonges budgétaires nécessaires pour chacun d’entre eux. Les propositions devront être mises à jour, en tenant compte des progrès des équipements et des accords déjà conclus.
La discussion entre les ministres a été vive. Le ministre britannique, Douglas Alexander est intervenu, en soulignant que si le secteur privé n’était pas prêt à prendre des risques, «pourquoi les pouvoirs publics le feraient-ils ?».
Le projet de système de radionavigation par satellite Galileo, prévu pour être développé en 2012, a pris d’énormes retards depuis son lancement, en raison de querelles entre les partenaires européens et le consortium des huit industriels concernés.
Un satellite militaire prêté aux civils
La gageure du projet européen Galileo est d’avoir été annoncé comme un projet civil, et non pas militaire, dès sa conception. À partir de cet instant, les industriels, habitués à travailler avec l’armée en ce qui concerne la recherche et la télécommunication, ont décidé que l’affaire Galileo ne serait pas rentable pour eux.
Son concurrent direct, le GPS (Global Position System) américain, a été mis au point par les militaires. Le premier satellite des 24 existants aujourd’hui a été lancé en février 1978. Le système a été progressivement développé jusqu’au 26 juin 1993, quand le dernier satellite est venu compléter la constellation. Coût total de l’opération : 12 milliards de dollars.
L’armée américaine a concédé une utilisation pour les civils, sous la pression des sociétés de télécommunications qui, au fil du développement des technologies, y ont vu un formidable marché commercial. L’armée garde cependant le contrôle complet du système de géopositionnement. À savoir, qu’elle peut décider de brouiller une zone géographique entière, en cas de besoin stratégique et plus particulièrement en cas de conflits. Le département de la Défense s’autorise aussi à introduire des erreurs de longitude et de latitude, si bon lui semble.
En 1996, avec le GPS, un civil bénéficiait d’une localisation à 100 mètres près. Depuis 2000, l’armée américaine autorise une localisation à 20 mètres. Le service de GPS américain est gratuit, mais les autorités peuvent le rendre payant à tout moment.
Où suis-je ?
Un système de radionavigation par satellite permet en un milliardième de seconde de se situer géographiquement sur la planète, que l’on soit sur terre, dans l’eau ou dans les airs. C’est au cours de la guerre du Golfe, en 1991, que le grand public a découvert ce système. Il a permis aux troupes américaines de cibler leurs attaques et de se déplacer dans le désert.
Les applications du GPS dans le civil se sont multipliées depuis, notamment dans les opérations de secours. De l’ambulance qui cherche sa route en rase campagne (ou en ville) à l’hélicoptère en quête du navire en détresse, en passant par les sauveteurs de montagne.
Les services de transport terrestre ont appris à mieux gérer leur flotte de camions et à réduire les délais de livraison tout comme les transports maritimes avec leurs cargos, grâce au GPS. Les bus de transport public, les taxis sont désormais équipés : en cas d’embouteillage, ils peuvent se dérouter. L’utilisation du GPS permet aussi aux avions de mieux contrôler les opérations délicates comme l’atterrissage et le décollage.
Le GPS est utilisé pour mesurer la terre, détecter ses soubresauts, repérer les incendies de forêt tout comme pour diriger les bulldozers sur des chantiers. Avec lui, l’agriculteur peut choisir la meilleure saison d’épandage des engrais ou de semis.
Des millions d’euros peuvent être économisés par les États et les entreprises grâce au GPS. Certaines peuvent même en gagner : le marché du géopositionnement par satellite a été évalué à plus de 1,5 milliards d’euros et il devrait atteindre plus de 22 milliards d’euros dans les dix prochaines années.
La constellation Galileo
Pour fonctionner, un système de localisation par satellite a besoin de 4 satellites au minimum, dans lesquels sont intégrées des horloges atomiques. Il calcule la distance entre la balise et les 4 satellites. Les centres de contrôle terrestre connaissant la position des satellites sont capables de donner les coordonnées de la balise.
Le 28 décembre 2005, le premier satellite de la future constellation Galileo a été lancé, à partir de la base russe de Baïkonour. Ce lancement fait partie de la phase de validation, financée par la Commission européenne et l’Agence spatiale européenne.
Vingt-quatre satellites sont nécessaires pour couvrir la planète. Pour l’instant, seul le GPS est capable de cette performance. Le système de géopositionnement russe GLONASS, qui pendant la Guerre froide, comptait 24 satellites, n’en possède plus que 6 aujourd’hui. Beidou (chinois), qui n’a débuté qu’en 2000, n’a prévu que 4 satellites, mais il pourrait être tenté de remplacer le système européen, en panne de financement.
Pour en savoir plus:
http://esamultimedia.esa.int/multimedia/Galileo_tour/galileo.html