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Géorgie

Une présidentielle au bord du gouffre

par Béatrice Leveillé

Article publié le 25/12/2007 Dernière mise à jour le 25/12/2007 à 18:46 TU

La campagne présidentielle en Géorgie prend une sale tournure. Le pouvoir accuse l’opposition de projeter assassinats et coups d'Etat. Dans un pays en pleine dérive autoritaire, l'élection du 5 janvier s’annonce mal.

Badri Patarkatsichvili devant le Parlement à Tbilissi, le 2 novembre 2007. 

		(Photo : AFP)
Badri Patarkatsichvili devant le Parlement à Tbilissi, le 2 novembre 2007.
(Photo : AFP)

La situation est sans espoir pour l’opposition, même les opposants les plus folkloriques comme le milliardaire géorgien Badri Patarkatsichvili, l’un des sept candidats face au chef de l'Etat sortant Mikheïl Saakachvili, se retrouvent mis en accusation par le pouvoir.

Au cours de cette campagne où tous les coups sont permis, le Parquet général de Géorgie a accusé le chef d’état-major de campagne de Badri Patarkatsichvili de planifier un renversement du pouvoir après la présidentielle. Les accusations s’appuient sur des enregistrements en caméra cachée, aussitôt diffusés par la télévision géorgienne. L’opposition, avait elle-même, accusé, la veille, les autorités géorgiennes d'avoir commandité le meurtre de Badri Patarkatsichvili en louant les services d'un chef de guerre indépendantiste tchétchène.

Badri Patarkatsichvili a promis de dépenser un milliard de dollars sur sa fortune personnelle pour transformer la Géorgie en un « pays rayonnant ». Il pourrait, en fait, se retrouver inculpé pour complot contre l’Etat. Badri Patarkatsichvili est l’un des hommes les plus riches de Géorgie et le principal financier de l'opposition. Il était déjà soupçonné par le Parquet général d'avoir voulu renverser le pouvoir après des manifestations de l'opposition du 2 au 7 novembre qui ont entraîné l'instauration d'un état d'urgence pendant neuf jours et la convocation de cette élection présidentielle anticipée.

En 2004, la « révolution des roses » devait faire fleurir la démocratie dans le Sud-Caucase. L’arrivée au pouvoir, après les premières élections libres en Géorgie d’un jeune avocat pro-occidental Mikheïl Saakachvili avait suscité beaucoup d’espoir mais très vite le chef de l’Etat géorgien a fait preuve d’autoritarisme et la presse d'opposition a été mise au pas. Les relations de la Géorgie déjà tendues avec la Russie se sont dégradées avec l’Union européenne.

En septembre dernier, Mikheïl Saakachvili a fait arrêter son ancien ministre de la Défense qui l’accusait d’avoir ordonné le meurtre de plusieurs personnalités « importantes et influentes ». Arrestation dénoncée par les partis d'opposition. Son ancien ministre des Affaires étrangères, la franco-géorgienne Salomé Zourabichvili a déclaré récemment que des réseaux totalitaires et mafieux avaient leurs entrées au gouvernement.

Malgré la présence de nombreux observateurs de l’OSCE, réclamée par Mikheïl Saakachvili, l’élection présidentielle du 5 janvier risque de ne pas répondre aux attentes des Géorgiens et de la communauté internationale.

Chronologie

Novembre 2003 : début des manifestations anti-Chevardnadzé

22 novembre 2003 : les opposants menés par Mikheil Saakashvili, roses à la main, interrompent une session du Parlement.

23 novembre 2003 : Edouard Chevarnadzé annonce sa démission.

4 janvier 2004 : Mikheïl Saakachvili est élu à la présidence de la Géorgie.

28 mars 2004 : son parti remporte largement les élections législatives.

2 novembre 2007 : des milliers de Géorgiens descendent dans la rue à Tbilissi pour réclamer la démission du président Saakachvili.

7 novembre 2007 : le président géorgien Saakachvili décrète l'état d'urgence à Tbilissi, la capitale, puis dans l'ensemble du pays, pendant 9 jours, après le déclenchement d’un mouvement de protestation qu'il considère comme une tentative de coup d’Etat.

25 novembre 2007 : il annonce sa démission de la présidence de la république afin de pouvoir se représenter le 5 janvier 2008.