par Myriam Berber
Article publié le 31/12/2007 Dernière mise à jour le 31/12/2007 à 17:14 TU
Sur un bâtiment à Bruxelles est souhaitée la bienvenue à Chypre et Malte dans la zone euro.
(Photo : AFP)
Chypre et Malte rejoignent à leur tour, le 1er janvier 2008, la zone euro. Plus de 318 millions d’Européens partageront désormais la même unité monétaire. Ces deux îles-Etats de la Méditerranée font leur entrée dans la zone euro fortes d’une croissance soutenue, autour de 4% chacune et du satisfecit de Bruxelles en terme de préparatifs. La Commission européenne a noté que les deux pays semblent « bien préparés », quatre ans seulement après leur entrée dans l'Union européenne. Avec 800 000 habitants pour Chypre et 400 000 pour Malte, ces anciennes possessions britanniques, indépendantes depuis les années 1960, font figure de petits poucets au sein de la zone. Pour autant, l'opération a entraîné l'émission de plus de 100 millions de billets en euros et plus de 500 millions de pièces, selon les deux banques centrales des deux pays. Les Chypriotes et les Maltais ont également pu se familiariser avec les nouvelles pièces grâce à des mini-kits mis en circulation début décembre.
Pour parvenir à satisfaire aux critères de convergence fixés par le traité de Maastricht sur la stabilité des prix, des changes, des taux d’intérêt et la maîtrise des comptes publics, le gouvernement de Malte n’a pas ménagé sa peine. En moins de deux ans, il a ainsi réussi à redresser la barre. Résultat, le déficit public qui atteignait 5,1% du PIB en 2004 est tombé à 2,6% en 2006 et la dette publique a été ramenée à 60,3% du PIB en 2006. De leur côté, les autorités maltaises attendent de l’adoption de l’euro des dividendes. Le tourisme, secteur clé de l’économie, attire de nombreux Européens qui n’auront plus à payer des frais de change. Au total, près d’un quart du PIB de l’île est généré par le tourisme et la zone euro est à l’origine, à elle seule, de la moitié du commerce extérieur du pays.
Des accords avec les distributeurs
Tout au long de l’année 2007, les autorités maltaises, les organismes professionnels et les banques ont informé les consommateurs pour que le passage à l’euro se déroule dans les meilleures conditions. Le double affichage des prix a été mis en place et des centaines de milliers de convertisseurs ont ainsi été distribués. Face aux risques d’inflation, les pouvoirs publics ont également multiplié les accords branche par branche avec les distributeurs. Le gouvernement a signé 12 accords de stabilisation des prix avec les importateurs, couvrant 6 700 produits et services jusqu’à mars 2008. Pour éviter les dérapages, les autorités maltaises ont aussi encouragé les particuliers à surveiller l’évolution des prix.
Le cas de Chypre est un peu plus compliqué. Pour cette île encore divisée entre la zone occupée par l’armée turque au nord et celle contrôlée par le gouvernement internationalement reconnu au sud, seule cette dernière, la partie grecque de Chypre qui a rejoint l’Union européenne en mai 2004, peut adopter l’euro. Dans la partie turque de l'île, les habitants n'y auront, officiellement, pas droit. A Chypre, le déficit public qui atteignait 6,5% du PIB en 2004, est tombé à 1,2% en 2006. Mais sa dette publique qui atteignait 69% du PIB, n’était revenue en 2006 qu’à 65%.
Risque d’inflation
Tout comme Malte, l’arrivée de l’euro est perçue avec inquiétude par la population chypriote qui craint une hausse des prix. Selon des sondages récents effectués pour l’UE, près de 70% des Chypriotes estiment que l’euro engendrera une hausse de l’inflation. Le gouvernement chypriote assure avoir pris les mesures nécessaires pour éviter les dérapages, en pratiquant notamment le double affichage. Il encourage également les consommateurs à dénoncer toute hausse des prix abusive. Si pour les Chypriotes, le passage à l’euro est une date importante, pour la Bourse de Nicosie, il s’agit d’un non événement. L’essentiel des cotations sont, en effet, libellés en euro depuis deux ans. La mise en place d’une plate-forme commune en 2006 entre la Bourse de Chypre et la Bourse d’Athènes a ainsi permis d’internationaliser les échanges.
Ce changement de devise est également observé dans d’autres pays européens concernés, eux aussi, par une future adhésion à la monnaie unique. Après Chypre et Malte, la Slovaquie devrait rejoindre la zone euro en 2009. Les trois pays baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie) vont devoir attendre 2010-2011, en raison d’un taux d’inflation trop élevé. La Pologne devrait suivre vers la fin 2011, mais le gouvernement n’a toujours pas arrêté de calendrier. La Hongrie, tout comme la République tchèque, en raison d’un déficit public trop élevé, ont repoussé à 2013 leur adhésion à l’euro.