Article publié le 15/01/2008 Dernière mise à jour le 15/01/2008 à 16:36 TU
Avec notre correspondante à Jakarta, Solenn Honorine
Ces dix derniers jours, à la télé, à la radio, dans les journaux, vous n'entendez jamais parler de Suharto. Celui dont la santé fait la une, c'est «Pak Harto» ou «Père Harto», le surnom plein de respect ou d'affection, qu'il s'était choisi lui-même. Les plus distants des journalistes parleront du «président Suharto». Jamais personne n'utilisera le terme «dictateur».
Et alors que la presse lui rend hommage, tous ceux qui comptent en Indonésie, hommes d'affaires ou politiques, se succèdent à son chevet. Le président Yudhoyono a même interrompu d'urgence son voyage officiel en Malaisie lorsque l'état de santé de Suharto s'est brusquement dégradé.
On en oublierait presque que l'ancien chef d'Etat a été renversé sous la pression populaire alors que l'Indonésie, il y a 10 ans, était écœurée par la corruption de son régime. Car, avancent beaucoup d'Indonésiens dans la rue, «il faut se montrer bon musulman et pardonner ses fautes à un vieil homme sur son lit de mort». D'autant plus qu'ici, le respect dû aux aînés reste ancré dans les mœurs.
C'est aussi ce qui transparaît dans les médias. Mais eux sont d'autant plus rapides à effacer l'ardoise que, même après une décennie de démocratie, ils sont pour la plupart toujours contrôlés par des proches du dictateur déchu.