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Serbie

Avantage au nationaliste Nikolic

Article publié le 21/01/2008 Dernière mise à jour le 21/01/2008 à 01:57 TU

Après l'annonce des résultats, Tomislv Nikolic fête sa victoire.( Photo : Reuters )

Après l'annonce des résultats, Tomislv Nikolic fête sa victoire.
( Photo : Reuters )

Les électeurs serbes ont placé l’ultranationaliste Tomislav Nikolic en tête du premier tour de la présidentielle, qui a été marqué par une très forte participation. Avec près de 40% des voix, il devance nettement le Président actuel, le démocrate Boris Tadic (35,4%). Le second tour aura lieu le 3 février. En 2004, le candidat radical était déjà arrivé en tête au premier tour, avant d'être finalement battu.

De notre correspondant à Belgrade, Jean-Arnault Derens

C’est une Serbie plus divisée que jamais qui est ressortie des urnes dimanche soir. Les élections ont été marquées par une forte participation, de l’ordre de 62% des inscrits, exceptionnelle dans un pays où l’on vote traditionnellement fort peu. Le candidat de l’extrême droite nationaliste, Tomislav Nikolic, président par intérim du Parti radical serbe (SRS) – une formation dont le chef historique, Vojislav Seselj, est toujours en attente de jugement devant le Tribunal pénal international de La Haye – est arrivé nettement devant l’actuel président de la république, le démocrate Boris Tadic, avec près de 40% des voix contre 35,4%.

Après une campagne dominée par la question du Kosovo et celle de l’intégration européenne de la Serbie, les électeurs se sont passionnés pour l’enjeu. La participation est forte partout, à Belgrade et dans les grandes villes, comme dans les zones rurales ou au Kosovo, où 45% des 112 000 électeurs inscrits dans les enclaves serbes se sont rendus aux urnes.

Tout dépendra des reports

Les deux principaux candidats semblent avoir fait le plein des voix, ce qui rend très aléatoire l’issue du second tour, fixé au 3 février. Tomislav Nikolic pourra néanmoins compter sur le report des voix qui se sont portées sur le candidat du Parti socialiste de Serbie, la formation de feu Slobodan Milosevic (6%), tandis que Boris Tadic espère récupérer les voix des électeurs du candidat de la minorité hongroise Istvan Pastor (2,2%) et de Cedomir Jovanovic, le candidat du Parti libéral-démocratique (5,4%). Beaucoup d’analystes pensent que Boris Tadic dispose d’un potentiel légèrement supérieur à celui de son rival nationaliste, mais tout dépendra de la mobilisation finale. Des cadres du Parti démocratique (DS), la formation de Boris Tadic, reconnaissaient dimanche soir que leur candidat s’en était tiré « mieux qu’espéré », tout en reconnaissant que « le second tour se jouerait à 50 000 voix ».

Dimanche soir, Boris Tadic a promis qu’il « porterait tous les drapeaux de la révolution du 5 octobre 2000 », qui avait mis à bas le régime de Slobodan Milosevic, et il espère profiter de la peur d’un retour à l’isolement international du pays que pourrait entraîner une victoire de Tomislav Nikolic.

En théorie, les deux candidats partagent la même approche sur la question du Kosovo, « partie intégrante de la Serbie », mais Boris Tadic entend défendre l’appartenance du Kosovo à la Serbie sans remettre en cause les perspectives européennes, tandis que Tomislav Nikolic ne mise que sur l’alliance russe.

Entre solidarité gouvernementale et intérêts propres

Le Premier ministre Vojislav Kostunica, remarquablement absent durant toute la campagne, détient sûrement certaines des clés de la victoire. Son Parti démocratique de Serbie (DSS) ne présentait pas de candidat, mais soutenait le populiste Velimir Ilic, qui a obtenu le piètre score de 7,6%. Le DS de Boris Tadic, le DSS de Kostunica et le parti Nouvelle Serbie de Velimir Ilic sont associés dans l’actuel gouvernement, et la logique de la solidarité gouvernementale voudrait donc que Vojislav Kostunica et Velimir Ilic apportent leur soutien à Boris Tadic, mais ils défendent des positions souvent beaucoup plus proches de celles des Radicaux.

Si la partie se jouait vraiment entre les « deux Serbie », celle qui rêve d’intégration européenne, de normalisation de la vie politique et sociale, de modernisation du pays, et celle qui n’arrive pas à rompre avec les vieilles obsessions nationalistes, alors le pays est bien divisé, et nul ne saurait prédire dans quel sens penchera finalement la balance.