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Liban

Retour au calme, mais la tension persiste

Article publié le 28/01/2008 Dernière mise à jour le 29/01/2008 à 04:03 TU

Le commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane, s’est rendu, lundi 28 janvier, chez Nabih Berry avec qui il a évoqué les incidents de la veille.(Photo : Reuters)

Le commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane, s’est rendu, lundi 28 janvier, chez Nabih Berry avec qui il a évoqué les incidents de la veille.
(Photo : Reuters)

Le calme est revenu dans les rues de la banlieue sud de Beyrouth, théâtre dimanche d’émeutes sanglantes qui ont fait neuf morts et une cinquantaine de blessés dans les rangs de manifestants proches des deux grandes formations chiites de l’opposition, le Hezbollah et le Mouvement Amal, dirigé par le président du Parlement, Nabih Berry.

De notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh

Les manifestations ont cessé mais la tension reste très forte. Ecoles, universités et commerces sont restés fermés en raison de la journée de deuil national décrétée par le gouvernement, et la circulation s’est faite rare. L’armée s’est déployée en force sur l’ancienne ligne de démarcation qui coupait Beyrouth en deux pendant la guerre civile, entre le quartier chiite de Chiyah et la région chrétienne de Aïn el-Remmané. C’est d’ailleurs dans ce même secteur qu’un bus transportant des Palestiniens avait été attaqué un certain 13 avril 1975, déclenchant l’étincelle d’un conflit qui devait durer quinze ans.

Aux cris de « vengeance, vengeance », des milliers de personnes ont participé aux obsèques des victimes. Scandant des slogans hostiles au gouvernement de Fouad Siniora, des hommes armés ont tiré des rafales de mitrailleuses pendant les funérailles, semant la panique parmi les habitants.

Le calme est revenu, mais la plaie reste grande ouverte. Que s’est-il passé ? Comment et pourquoi cette manifestation s’est-elle terminée dans un bain de sang ? Qui a tiré sur des jeunes qui protestaient contre les coupures sauvages du courant électrique dans leur quartier ?

Des versions contradictoires circulent sur le déroulement des événements. La coalition du 14-mars au pouvoir accuse l’opposition d’avoir instrumentalisé les revendications sociales des manifestations dans le but de « déstabiliser le pays à la demande de l’axe syro-iranien ». Certains manifestants armés auraient tiré sur les soldats, provoquant la riposte de la troupe. La presse a fait état de « snipers inconnus » postés sur des toits d’immeubles à Aïn el-Remmané, qui auraient ouvert le feu sur les protestataires et sur l’armée, en même temps, pour semer la zizanie. Des images diffusées par les chaînes de télévision montrent effectivement des hommes armés perchés sur des immeubles surplombant le secteur. D’autres images-vidéos, qui n’ont pas été diffusées celles-ci, montreraient des soldats libanais en train de tirer dans la foule. Elles seraient entre les mains de la direction du Hezbollah et de Nabih Berry.

L’armée face à l’opposition ?

Une chose est sûre, la relation entre l’armée et le Hezbollah n’est plus aussi bonne qu’il y a quelques mois. Tard dans la nuit de dimanche, quelque sept heures après le début des émeutes, la troupe a essayé de reprendre la situation en main. Des unités d’élite appuyées par des véhicules blindés ont foncé vers les manifestants rassemblés près de l’église Saint-Michel, à l’entrée est de la banlieue sud. Dans le même temps, une unité de blindés a traversé de bout en bout une des principales artères de la banlieue, en tirant dans toutes les directions. Généralement, tout mouvement de troupe dans cette région se fait après une étroite coordination avec le Parti de Dieu. C’est bien la première fois depuis 1983 que l’armée pénètre de la sorte dans le plus important fief du Hezbollah.

Les deux formations chiites ont réclamé une enquête rapide pour déterminer les responsabilités. Dans un communiqué publié après minuit, le Hezbollah a dénoncé « le massacre perpétré contre des manifestants désarmés ». Le parti de Hassan Nasrallah ne couvre pas l’armée. « Si ce sont les militaires qui ont ouvert le feu, il faut savoir qui a donné l’ordre de tirer, ajoute le communiqué. Si c’est une tierce partie, il faut la nommer et juger les criminels ». Dans les coulisses, certains accusent des partisans de l’ancienne milice des Forces libanaises, dirigée par Samir Geagea, un des leaders chrétiens du 14-mars, d’avoir tiré sur les manifestants à partir de Aïn el-Remmané.

Le commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane, s’est rendu ce lundi chez Nabih Berry avec qui il a longuement évoqué les incidents de la veille. Il s’est engagé à mener une enquête rapide pour faire la lumière sur ce drame.

Les analyses politiques sont tout aussi contradictoires que les informations factuelles. Pour le 14-mars, en déclenchant ces émeutes, l’opposition a voulu exercer des pressions sur les ministres arabes des Affaires étrangères qui se réunissaient au Caire au même moment pour débattre de la crise libanaise. Après huit heures de délibérations, les chefs des diplomaties arabes ont en effet publié un communiqué plutôt neutre. Les informations des derniers jours affirmaient que le Conseil ministériel de la Ligue arabe ferait assumer à l’opposition l’échec de la médiation de son secrétaire général Amr Moussa, destinée à mettre en application le plan arabe de règlement de la crise. Celui-ci comporte trois points : l’élection immédiate du candidat consensuel Michel Sleimane, la formation immédiate d’un gouvernement d’union nationale, et l’élaboration d’une nouvelle loi électorale.

Le 14-mars et l’opposition avaient présenté des interprétations divergentes des deux derniers points. Pour la coalition au pouvoir, le prochain gouvernement devrait être composé de 14 ministres à la majorité parlementaire, 10 à l’opposition et 6 au futur président. L’opposition, elle, réclame le tiers de blocage (11 ministres dans un cabinet de 30) ou un gouvernement de trois tiers égaux pour chacune des trois parties. Concernant la loi électorale, l’opposition réclame un découpage basé sur les petites circonscriptions, une vieille revendication des chrétiens, alors que le 14-mars préfère rester dans les généralités, parlant d’une « loi juste et équitable ».

Une autre explication des incidents de dimanche affirme que l’armée se serait rapprochée du 14-mars après que l’opposition eut bloqué l’élection de son chef à la première magistrature de l’Etat.

On ne saura peut-être jamais ce qui s’est réellement passé en ce « dimanche noir », comme a titré le quotidien al-Moustaqbal, qui appartient à la famille Hariri. Mais une chose est certaine, après tout ce sang versé, la candidature consensuelle de Michel Sleimane est sérieusement compromise.

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Beyrouth : les émeutes peuvent reprendre à tout moment

« En ce jour de deuil national, Beyrouth tourne au ralenti. Les bulldozers, cette nuit et ce matin ont déblayé les restes de pneus brûlés, les débris de verre, les bennes à ordures calcinées. La pluie a fini d’effacer les traces des émeutes. »

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Ziad Baroud

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« Ce n’est pas uniquement une question de coupure de courant, c’est beaucoup plus grave que cela, c’est une discorde qui commence à devenir dangereuse… ».

28/01/2008 par Philippe Lecaplain

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Ministre des Affaires sociales dans le gouvernement de Fouad Signora

Il faut poursuivre les pressions internationales sur la Syrie et l'Iran, car la solution de la crise politique libanaise est à l'extérieur.

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