par RFI
Article publié le 31/01/2008 Dernière mise à jour le 01/02/2008 à 11:50 TU
Jusqu'à maintenant il n'y a pas eu de combats, mais l'atmosphère qui règne à Ndjamena est celle d'une veillée d'armes.
L’armée tchadienne a manifestement choisi d'attendre les rebelles plutôt que de contrer leur avancée. Le président Deby, parti jeudi matin en direction des positions ennemies, à environ deux cents kilomètres de Ndjamena, a finalement rebroussé chemin dans l'après-midi, avec son escorte.
Un changement de stratégie qui signifie que si la confrontation a lieu, elle se déroulera aux portes de Ndjamena. Les forces armées ont mis en place des lignes de défense successives tout autour de la ville en verrouillant certains points stratégiques.
Difficile de dire précisément à quelle distance se trouvent les rebelles. Des sources tchadiennes indiquaient jeudi en fin de journée qu'ils étaient à 150 kilomètres de Ndjamena. L'un des chefs de l'alliance rebelle affirme être tout proche de la capitale. Les assaillants, qui disposent de 300 pick-ups, se sont probablement scindés en plusieurs colonnes.
L'histoire se répète au Tchad. Comme en avril 2006, une rébellion venue du Soudan traverse tout le pays et lance un assaut sur Ndjamena. Mais cette fois, les attaquants sont trois fois plus nombreux, et de son côté, l'armée tchadienne a consolidé ses lignes de fortification.
Le Soudan, le Tchad et la France
Du côté des rebelles, le Soudan joue un rôle clé depuis deux ans. Déjà en avril 2006, c'est Khartoum qui avait appuyé l'offensive de Mahamat Nour. Cette fois-ci, le gouvernement soudanais a insisté pour que les chefs rebelles regroupent leurs combattants arabes, goranes et zaghawas, et pour qu'ils attaquent de concert. De fait, aujourd'hui, les rebelles sont trois fois plus nombreux.
L'objectif du président soudanais Omar el-Béchir est double : il veut chasser Idriss Déby du pouvoir afin de couper l'aide du Tchad aux rebelles du Darfour, et il veut empêcher le déploiement du dispositif européen Eufor dans l'Est du Tchad avant la saison des pluies.
Du côté du président Deby, la France est un acteur essentiel. Comme il y a deux ans, les avions français suivent tous les mouvements des rebelles et écoutent toutes leurs conversations au profit de Ndjamena. La différence avec 2006, c'est que cette fois-ci, l'aviation française n'a pas tiré de coup de semonce au devant des colonnes rebelles. Il semble que la France de Nicolas Sarkozy veuille être moins visible que celle de Jacques Chirac. Mais sur le fond, la politique est la même.
Ces dernières heures, le soutien logistique de la France à l'armée tchadienne a été significatif. Pour les Français, il s'agit de défendre un président légitime, et d'empêcher le régime islamiste de Khartoum de satelliser le Tchad.
A écouter
Président du Rassemblement des forces pour le changement
« C'est toute l'opposition de l'Est du Tchad et du Soudan qui est réunie... On est prêt à négocier un réel partage du pouvoir...Idriss Deby doit choisir entre la guerre et la paix...»
01/02/2008 par Carine Frenk
Commandant de l'Eufor au Tchad
« Le déploiement de l'Eufor va peut-être être retardé car l'emploi des voies terrestres pour déplacer la logistique va être retardé... Mais le calendrier du déploiement de la force, qui était de toute façon lent, ne sera pas perturbé par les actions militaires... »
01/02/2008 par Sonia Rolley
Porte-parole du ministère français de la Défense
« L'Eufor est là pour sécuriser les populations civiles et les réfugiés, pas pour prendre part au conflit... De son côté, la France n'est pas partie prenante... aux formes directes de combat qui peuvent exister entre les parties...»
01/02/2008 par Philippe Leymarie
Chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU
« C'est un événement très grave... Il ne faut pas que ces tensions régionales s'ajoutent à la complexité de la crise du Darfour... Il ne faut pas d'incursion du Soudan au Tchad, ni du Tchad au Soudan... Il y avait eu des engagements pris... »
01/02/2008 par Laurent Correau
A lire