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Tchad / Centrafrique / Eufor

L'Eufor à l'épreuve de la neutralité

par  RFI

Article publié le 30/01/2008 Dernière mise à jour le 31/01/2008 à 08:49 TU

Coup d'envoi « local » de l'Eufor, la force européenne au Tchad et en Centrafrique : il est donné ce jeudi, au Tchad, par le général français Jean-Philippe Ganascia qui commande l'opération sur le terrain. Le contingent de l'Eufor aura-t-il les moyens de la « neutralité » revendiquée par ses chefs et par les dirigeants politiques ?

Le lieutenant général Patrick Nash, de nationalité irlandaise, est le commandant de l’opération de l’Union européenne au Tchad et en République Centrafricaine (EUFOR Tchad-RCA).(Photo : Reuters)

Le lieutenant général Patrick Nash, de nationalité irlandaise, est le commandant de l’opération de l’Union européenne au Tchad et en République Centrafricaine (EUFOR Tchad-RCA).
(Photo : Reuters)

Point sensible : les effectifs ... « Nation-cadre » de fait, sur un terrain qu'elle connaît particulièrement bien, la France est appelée finalement à fournir la majorité du contingent de l'Eufor, alors qu'elle dispose déjà de troupes au Tchad au sein du dispositif Epervier : elle devra veiller à bien distinguer les uniformes, en espérant que la population, et les rebelles,  seront sensibles à ce genre de détails...

En outre, pour des raisons d'efficacité, près de 600 soldats français d'Epervier, stationnés d'ordinaire à Ndjamena, la capitale, vont changer de casaque vers le milieu de ce mois, et être transférés au sein de l'Eufor, dont le champ d'action est à l'est, autour d'Abéché. De même, les soldats français de l'opération Boali, en République Centrafricaine, passeront sous mandat de l'Eufor. Là aussi, on risque de confondre...

Enfin, les éléments de la force européenne qui vont entrer « en premier » appartiennent aux forces spéciales des armées autrichienne, belge, irlandaise, suédoise et française, dont le métier est précisément de se fondre dans la nature, dans la discrétion, pour des besoins de reconnaissance : difficile de les distinguer les uns des autres.

Il est prévu bien sûr qu'Eufor occupera des camps séparés d'Epervier, et sera indépendante sur le terrain. Mais, sur la base logistique de Ndjamena, comme au commandement avancé d'Abéché, à l'est, les camps français et européens ne sont séparés que... par la largeur de la piste aérienne. Et le général Pat Nash n'a pas caché qu'en cas d'urgence, il était prévu que les chasseurs Mirage français se porteraient au secours de l'Eufor.

Reprise de l'activité militaire dans l’est du Tchad

Mardi matin, les hélicoptères de l'armée tchadienne avaient bombardé les rebelles dans la région d'Adé, après qu’ils ont passé la frontière soudanaise : mercredi, la rébellion a affirmé s’être emparée de la localité d'Oum Hadjer, à une centaine de kilomètres d'Abéché, et à 600 km de Ndjamena, aux environs de midi.

« Nos deux colonnes n'ont pas eu besoin de tirer un coup de feu pour s'emparer de cette localité », assure le général Mahamat Nouri. « Nous avons désarmé les gendarmes qui étaient là, et maintenant nous attendons les troupes d'Idriss Déby ».

L'attente n'a pas été trop longue puisque dans l'après midi, toujours selon lui, 2 hélicoptères de l'armée tchadienne sont venus bombarder les nouveaux occupants des lieux, des bombardements confirmés par le général Mahamat Ali Abdallah.

Mais le ministre des Mines et de l'Energie minimise l'importance de cette incursion rebelle loin de la frontière soudanaise. Selon lui, cette attaque est une manoeuvre de déstabilisation de la part de la rébellion, pour gêner le déploiement de l'Eufor.

« Pas du tout », répond le général Nouri. « Notre volonté est de couper l'armée tchadienne en 2, entre ses positions à l'est et ses positions à l'ouest, dit il., Oum Hadjer est un noeud de communication qui va nous permettre de rayonner dans la région ».

Le chef rebelle assure n'avoir pour l'instant pas l'intention de lancer une offensive sur la capitale.

Bluff ou pas, les autorités se disent sereines, malgré la présence de troupes rebelles à quelque 600 kilomètres de Ndjamena. « S'ils viennent, nous leur réserverons le même sort qu'à Mahamat Nour en avril 2006 », avance sans crainte une source gouvernementale.

A écouter

Reportage : l'insécurité dans un camp de réfugiés soudanais du Darfour à Kounoungou, près de Guéréda, dans l'Est du Tchad.

« Le berger est arrivé avec sa kalachnikov, il a demandé à la petite fille de partir avec lui… Les filles ne peuvent pas dire qu’elles ont été violées car c’est une honte pour nous...»

31/01/2008 par Sonia Rolley