Article publié le 01/02/2008 Dernière mise à jour le 01/02/2008 à 03:38 TU
L’Union africaine, qui est réunie en sommet depuis jeudi à Addis Abeba peut-elle éviter de prendre de position sur la crise kényane ? C’est un test pour la jeune organisation continentale africaine qui dit être animée par le principe de non-indifférence, alors que l’OUA, elle, défendait l’idée de non-ingérence… Les chefs d’Etat et de gouvernement doivent débattre ce vendredi de la situation au Kenya, et prendre des décisions sur le renouvellement de la commission.
Dans son discours au sommet de l'UA, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a invité les chefs d’Etat et de gouvernement africains à demander avec insistance aux populations et aux dirigeants Kényans de calmer la violence.
(Photo : L. Correau/RFI)
De l’un de nos envoyés spéciaux à Addis Abeba, Laurent Correau
Dans son discours d’ouverture du sommet, le président de la Commission, le Malien Alpha Oumar Konaré a renouvelé l’appel qu’il avait lancé aux ministres des Affaires étrangères : « Disons les choses nettement, a-t-il déclaré : on parle d’épuration ethnique, on parle de génocide. Nous ne pouvons pas nous croiser les mains ».
Même cri d’alarme du secrétaire général de l’ONU : « Plus de 800 personnes ont d’ores et déjà perdu la vie dans les accrochages ethniques de plus en plus nombreux qui ont suivi les élections récentes, a déclaré le responsable. La violence continue. Elle menace même d’atteindre des niveaux catastrophiques ».
« J’en appelle à vous excellences, dirigeants de l’Afrique, a dit Ban Ki-moon pour que vous encouragiez… que vous demandiez même avec insistance aux populations et aux dirigeants kényans de calmer la violence ».
Cette cérémonie d’ouverture a été l’occasion de passer en revue des questions aussi diverses que la mise en place de la force hybride au Darfour, le défi de l’énergie pour l’Afrique ou la nécessité d’une réforme de la Commission de l’UA.
Alpha Oumar Konaré, qui avait déjà dit qu’il n’était pas candidat à sa propre succession a été un peu plus insistant encore : « Il me paraît souhaitable, a-t-il lancé, que votre assemblée élise ici un nouveau président de la Commission ».
La Tanzanie obtient la présidence de l’UA
Vêtu d’’un costume blanc frappé d’une silhouette verte de l’Afrique, Muhammar Kadhafi n’a pas fait grand cas de la cérémonie d’ouverture de ce 10e sommet. Dès le discours d’Alpha Oumar Konaré terminé, il a laissé le fauteuil de la Libye vide. Un guide libyen fâché : selon des sources diplomatiques, il aurait souhaité qu’on modifie l’ordre du jour du sommet et qu’on parle à nouveau du gouvernement de l’Union.
Après la cérémonie d’ouverture, les chefs d’Etat et de gouvernement ont confié pour un an la présidence de l’Union africaine au jeune président tanzanien, Jakaya Kikwete, qui a prononcé son discours d’investiture en swahili.
Les dirigeants africains ont ensuite abordé le thème officiel du sommet, l’industrialisation de l’Afrique. Certains sans grande conviction : dans l’après-midi, on pouvait voir de nombreux conciliabules entre ministres, et des chefs d’Etat entourés de leur délégation qui quittaient la plénière pour rejoindre des salons plus discrets.
La succession du président de la Commission, Alpha Oumar Konaré a occupé une partie de ces échanges bilatéraux, sans pour autant qu’une tendance claire ne se dessine : en fin de journée, les partisans du report de l’élection et ceux d’une élection immédiate continuaient à se compter. C’est ce vendredi que de nombreux diplomates espèrent obtenir une réponse.
C’est également ce vendredi que le sommet doit examiner le dossier de la crise kényane : un dossier sur lequel l’Union africaine joue gros. Saura-t-elle rompre avec la non-ingérence de l’OUA et mettre en œuvre la doctrine de « non-indifférence » dont elle se réclame ?
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