Article publié le 03/02/2008 Dernière mise à jour le 04/02/2008 à 04:27 TU
Avec notre correspondante à Ndjamena, Sonia Rolley
Je me suis rendue dans une zone où il y a eu des combats. Ce n’était pas non plus les combats avec la plus grande intensité, mais on a une idée du chaos qui peut régner dans la capitale : des arbres ont été abattus par des tirs d’obus et de mitraillettes, ils sont donc là et entravent le passage des routes. Des façades sont complètement criblées de balles, avec des véhicules calcinés aux intersections et des corps qui gisent encore sur les bas-côtés.
Il y a encore des tirs en ville, malgré le fait que dans la zone où j’étais, c’est bien l’armée gouvernementale qui contrôle la zone, une zone assez proche de la présidence.
Ministre tchadien de l'Intérieur
« Je tiens à vous confirmer qu’à l’heure actuelle la situation est complètement sous contrôle, toute la ville de Ndjamena est sous contrôle ; les mercenaires sauvages sont en débandade et nos forces de défense et de sécurité sont à leurs trousses… »
Et il y a effectivement toujours des ambulances qui circulent pour ramasser les blessés.
Il y a donc aussi les pillages, évidemment, qui continuent. Des pillages qui sont de plus en plus difficiles à identifier, puisqu’il y a des habitants qui fuient la ville avec leurs effets, et donc pour les autorités, c’est assez difficile de faire la différence entre un civil, une personne qui fuit avec ses effets, et un pillard qui vient juste de rentrer dans une maison et qui en ressort avec des marchandises.
Tout cela donne donc, forcément, une impression générale de chaos. Alors au milieu, la population ressort de chez elle lorsqu’il y a des périodes d’accalmie comme c’était le cas cet après-midi. On sort sans véhicule, les hommes comme les femmes. Mais essentiellement, ceux qui circulent sont surtout des militaires tchadiens.
La situation était devenue tellement tendue ces derniers jours, que samedi, l'armée française a commencé à organiser l'évacuation des ressortissants étrangers souhaitant quitter le Tchad. Dimanche, ces opérations se sont poursuivies. 700 personnes en tout sont parties pour Libreville, en transit. Ensuite, direction Paris, à bord d'un avion affrété par Air France. Ce vol est attendu en fin de soirée sur l'un des aéroports parisiens.
A Libreville, des ressortissants français évacués de Ndjamena attendent leur rapatriement vers Paris, le 3 février 2008.
(Photo : AFP)
« On nous a laissé le choix de rester à Ndjamena, on s'est posé la question, il n'y avait plus rien à faire, on est parti ».
Dans un entretien recueilli à Addis Abeba par RFI, le chef de la diplomatie tchadienne a accusé le pouvoir soudanais d'avoir organisé l'attaque des rebelles tchadiens. Ahmat Allami s'est montré menaçant à l'égard de Khartoum.
« Nous avons fait face à une attaque venue du Soudan et soutenue par les rebelles janjawids (...). Chaque fois que les Soudanais nous ont agressés, nous avons toujours dit que nous userions de notre droit de légitime défense ».