par Sophie Malibeaux
Article publié le 07/02/2008 Dernière mise à jour le 08/02/2008 à 06:31 TU
Le déséquilibre des forces est aujourd’hui mis en exergue par les Britanniques, les Américains et les Canadiens, qui souhaitent une meilleure répartition du fardeau dans le sud. En date du 31 décembre 2007, les Américains y avaient déployé 15 000 hommes, dans l’attente d’un renfort de 3 200 hommes supplémentaires au printemps prochain. Tandis que les Britanniques disposent de 7 700 hommes et les Canadiens de 2 500.
Ce jeudi, alors que les pays membres de l’OTAN tenaient une réunion informelle à Vilnius, la ministre américaine des Affaires étrangères Condoleezza Rice et son homologue britannique David Miliband ont effectué un voyage surprise en Afghanistan, avec une escale sur la base aérienne de Kandahar afin de marquer leur volonté de renforcer la présence militaire étrangère là où elle apparaît nécessaire, en particulier dans les provinces de Helmand et Kandahar, où d’autres se refusent pour l’instant à poser le pied.
De son côté, le ministre de la Défense canadien, Peter MacKay, a déclaré devant ses homologues à Vilnius que le renfort d’un millier d’hommes réclamé par son pays, était une condition « non négociable » au maintien de ses propres troupes. La prolongation de la présence militaire canadienne au-delà de l’échéance de février 2009 est en effet soumise au vote d’une motion devant le parlement canadien, qui risque de censurer le gouvernement sur la question afghane. Et il devient de plus en plus difficile aux autorités canadiennes de faire passer la pilule de l’engagement en Afghanistan, alors que leurs partenaires au sein de la coalition refusent de leur prêter main forte sur le terrain le plus dangereux.
A l’écart du front
De fait, tous les soldats déployés en Afghanistan ne sont pas logés à la même enseigne. En nombre de soldats, l’Allemagne arrive au troisième rang des pays contributeurs au sein de l’ISAF, devant le Canada, mais les autorités allemandes refusent catégoriquement d’intervenir dans le sud. Les 3 200 soldats allemands devraient donc rester stationnés dans le nord.
D’autres contributeurs de l’ISAF, tels que l’Italie (2880 hommes), la France (1515 hommes), l’Espagne (740) et une trentaine de pays aux effectifs plus modestes, sont déployés au sein de Provincial Reconstruction Teams. Il s’agit d’équipes mixtes, alliant personnels militaires et civils pour des missions de reconstruction réparties dans 25 provinces du pays.
Ce type d’intervention, censé permettre d’entretenir de bons rapports entre les forces étrangères et les populations locales, contraste donc avec les opérations menées par les troupes en milieu hostile, au contact des insurgés.
Le mélange des genres
La façon dont les troupes étrangères sont perçues par les civils afghans souffre d’une véritable confusion entre ces divers modes d’opération. D’autant qu’en dehors des 42 000 hommes déployés au sein de l’ISAF (39 pays participants dont les 26 nations de l’Alliance atlantique), les Américains sont également déployés dans le cadre de l’opération Liberté Immuable (Enduring Freedom). Au total, les forces étrangères sont donc au nombre de 60 000, sous des commandements différents, avec des missions différentes.
Alors que l’établissement de l’ISAF émane des Nations unies, le mandat des forces engagées au sein de l’opération Liberté Immuable a été défini unilatéralement par les Etats-Unis, au lendemain des attentats contre le World Trade Center de New York le 11 septembre 2001.
La part afghane du fardeau
Que dire du rôle joué par les forces afghanes elles mêmes, aux côtés des troupes étrangères? Selon les statistiques du ministère de la défense britannique, ils seraient 28 600 hommes de l’armée nationale afghane, et 30 200 dans les rangs de la police. Il s’agit là d’effectifs « formés et équipés » avec l’aide étrangère. C’est essentiellement sur leurs épaules que repose l’avenir de la lutte contre le terrorisme en Afghanistan. Ils devraient être, de l’avis des dirigeants du pays, beaucoup plus nombreux et encore mieux équipés.
A écouter
« Le Premier ministre, minoritaire depuis deux ans, est prêt à mettre son gouvernement en jeu pour prolonger la présence des troupes canadiennes en Afghanistan... »
08/02/2008 par Pascale Guéricolas
« Les Etats-Unis et le Royaume-Uni demandent plus de soldats et surtout une juste répartition des troupes dans le pays...»
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