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Tchad / Soudan

Deux conflits imbriqués

par Laurent Correau

Article publié le 11/02/2008 Dernière mise à jour le 11/02/2008 à 18:41 TU

Un rebelle de l'UFDD à la frontière Tchad-Soudan.(Photo : L. Correau/ RFI)

Un rebelle de l'UFDD à la frontière Tchad-Soudan.
(Photo : L. Correau/ RFI)

Les crises tchadienne et soudanaise ont une dimension régionale que la communauté internationale s'est refusé jusqu'ici à réellement prendre en compte. Si le Soudan soutient les mouvements rebelles qui ont attaqué Ndjmena le 2 février dernier, le régime d'Idriss Déby – lui – s’appuie sur les rebelles du Darfour pour assurer sa défense... Les combats qui viennent d'avoir lieu de part et d'autre de la frontière ces dernières semaines montrent bien l'imbrication des conflits tchadien et soudanais.

Le conflit silencieux qui oppose Tchad et Soudan depuis plus de deux ans se joue par groupes rebelles interposés. Chaque pays compte sur la rébellion d'en face pour l'aider à assurer sa sécurité.

Les rebelles tchadiens s'étant déployés dans la ville d'El-Geneina et dans les environs, les autorités tchadiennes ont (selon nos informations) relancé fin 2007 leur soutien aux rebelles soudanais du MJE (le Mouvement pour la Justice et l'Egalité)... « L'objectif était de bloquer les rebelles tchadiens à El- Geneina en portant le conflit au Darfour », explique un membre de l'entourage d'Idriss Déby.

Un rebelle du Mouvement pour la justice et l'égalité, le MJE soudanais.(Photo : AFP)

Un rebelle du Mouvement pour la justice et l'égalité, le MJE soudanais.
(Photo : AFP)

Selon un diplomate, c'est pour desserrer cet étau autour d'El-Geneina et permettre à la rébellion tchadienne de passer à l'attaque que l'armée soudanaise a déclenché une série de bombardements sur les positions du MJE en janvier.

Fin janvier, les rebelles tchadiens ont finalement pu lancer leurs opérations. Le 2 février ils étaient dans Ndjamena. Comme en 2006, certaines factions du Darfour sont alors venues prêter main forte au régime d'Idriss Déby.

Le secrétaire général de l’UFDD, l’Union des Forces pour la Démocratie et le Développement, Abakar Tollimi, affirme qu’il a fait face à des combattants du MJE en territoire tchadien : « Nous étions en direction d’Oum-Hadjer, explique-t-il, nous avons été interceptés par une colonne du MJE qui avait tendu une embuscade. C’est une réalité : nous avons fait des prisonniers qui ont témoigné. Ils ont dit que le gouvernement du Tchad les a appelés. Il y en a qui sont à Ndjamena, il y en a qui sont à Mongo en ce moment, il y en a qui sont à Abéché ». Selon le chef rebelle tchadien, différentes factions du Darfour « viennent prêter main forte à Déby parce qu’il n’a plus d’armée ».   

Joint par RFI, le président du MJE, le Soudanais Khalil Ibrahim, dément combattre aux côté de l'armée tchadienne. Les autorités tchadiennes démentent également. Elles affirment que leur armée est suffisamment forte pour affronter la rébellion. 

Ce n’est pourtant pas une coïncidence si l’armée soudanaise et ses supplétifs ont attaqué vendredi des positions du MJE dans le Darfour. Khartoum a manifestement tenté de tirer avantage de la présence du MJE en territoire tchadien. « L'armée du MJE n'était pas là, ils ont profité de l'occasion  », se contente de déclarer le président du MJE, Khalil Ibrahim, joint par RFI.