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Entreprises

France : des patrons en or

par Myriam Berber

Article publié le 12/02/2008 Dernière mise à jour le 12/02/2008 à 18:37 TU

Trois PDG français sur quatre ont vu leur rémunération augmenter de plus 40% en 2007. C’est ce que révèle une étude du cabinet HayGroup, spécialiste mondial des rétributions, publiée mardi 12 février 2008 par le quotidien économique La Tribune. Cette hausse tient en grande partie à l’accroissement de la valeur de leurs stock-options et de leurs bonus. Les PDG de l'Hexagone sont donc les patrons les mieux payés d'Europe.
(Photo : AFP)

(Photo : AFP)

En plein débat sur le pouvoir d’achat, le résultat de cette étude du cabinet HayGroup risque d’en choquer plus d’un. On y apprend que la rémunération médiane (*) annuelle des grands patrons du CAC 40 (les entreprises réalisant plus de 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires et employant au moins 140 000 personnes) atteint 6,175 millions d’euros, salaire de base, bonus, actions gratuites et stock-options compris. Celle des patrons des groupes réalisant un chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros et employant 100 000 salariés atteint 4,518 millions d’euros.

Quant aux dirigeants des sociétés réalisant 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires et employant 50 000 salariés, ils ont gagné 2,679 millions d'euros de salaire médian en 2007. Enfin, la rémunération des patrons des plus petites entreprises atteint 88 2000 euros. Au total, ce sont les comptes de 135 groupes qui ont été analysés par HayGroup, notamment ceux du CAC 40 et de ceux des plus grosses sociétés du SBF 120 (autre indice boursier comprenant le CAC 40 et 80 valeurs supplémentaires choisies parmi les 200 premières capitalisations boursières françaises), plus quelques quinze entreprises emblématiques telles que ASF, Colas, Latécoère, Sanef, Airbus, DCNS.

Envolée des bonus et stock-options

Une hausse de la rémunération de 40% qui s’explique en partie par l’envolée des bonus et la valorisation des stock-options. Selon HayGroup, « d’une façon générale, la part du bonus dans la rémunération continue à croître de manière significative ». Cette augmentation des bonus, décidée à partir de critères de profitabilité publiés par l’entreprise, est censée récompenser le travail des principaux dirigeants des grands groupes français. Mais l’étude révèle que cette augmentation des bonus n’est pas toujours liée aux performances réalisées. L’étude met également en évidence « l’augmentation considérable du montant valorisé des stock-options et autres actions gratuites qui atteint 4,828 millions d’euros pour le haut du CAC 40 et 1,610 million pour le bas ».  Sur ce point, Haygroup souligne également que « seuls les deux tiers des entreprises soumettent la distribution d’actions gratuites à des indicateurs de performance ». Les salaires de base, qui sont garantis quels que soient les résultats obtenus, ont également progressé, en moyenne de 12% pour 61% des PDG.

En ce qui concerne les indemnités de départ de ces hauts dirigeants, l’étude HayGroup montrent que de plus en plus de PDG bénéficient d'un «parachute doré» qu'ils peuvent toucher en cas de départ. Ils étaient 40% à en avoir en 2006, ils sont en 2007 plus de 60% à en bénéficier. Il semble donc que les différents scandales survenus ces dernières années, concernant l’ancien patron de Carrefour Daniel Bernard ou plus récemment Noel Forgeard au sein du groupe européen d’aéronautique et de défense (EADS) n’ait pas amorcé une prise de conscience chez les patrons français. En août 2007, une loi a été votée en urgence pour réglementer les modalités d’attribution des indemnités de départ de ces hauts dirigeants.

À de tels niveaux, les patrons français sont donc les mieux payés d’Europe. Ils arrivent en deuxième position, derrière les Américains (12,97 millions d'euros en moyenne), mais devant les Britanniques (5,85 millions d'euros), et les Allemands (3,94 millions d'euros). Ce sont surtout les distributions de bonus, stock-options et actions gratuites qui s’ajoutent au salaire de base, qui permettent aux Français de se hisser à la première place en Europe : selon HayGroup, l’ensemble représente 270% du salaire de base, contre une moyenne de 120% pour l’Europe.

(*) valeur médiane : rémunération au dessus de laquelle se trouve 50 % des patrons pris en compte dans l’ étude et au dessous de laquelle se trouve l’autre moitié.