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Affaire Société Générale

Le PDG Daniel Bouton sauve son poste

par Myriam Berber

Article publié le 30/01/2008 Dernière mise à jour le 31/01/2008 à 05:50 TU

(Photo: Reuters)

(Photo: Reuters)

Le conseil d'administration de la Société Générale, réuni mercredi 30 janvier 2008, a confirmé Daniel Bouton à la présidence du groupe après la révélation d’une fraude présumée qui lui a coûté 5 milliards d’euros perpétrée par l'un de ses traders. Dans le même temps, le conseil a décidé de mettre en place un comité spécial, composé d'administrateurs indépendants, chargé de gérer la crise. La commission des Finances du Sénat a entendu, mercredi, sur le sujet, le Gouverneur de la Banque de France et le président de l’Autorité des marchés financiers (AMF).

C’est à l’unanimité que les seize membres du conseil d’administration de la banque, réunis mercredi 30 janvier 2008, ont renouvelé leur confiance à Daniel Bouton à la présidence de la Société Générale, ainsi qu’à son numéro deux, Philippe Citerne. Les administrateurs ont demandé à Daniel Bouton, sur la sellette depuis le début de la semaine,  de « rester pour gérer la crise » et d' «assumer sa responsabilité de capitaine d'un navire pris dans le gros temps ».

Pour gérer la crise actuelle, le conseil d'administration a également décidé la création d'un comité spécial d'administrateurs indépendants. Ces trois membres font partie du conseil d’administration de la Générale, mais ne sont pas salariés. Ce comité devra s'assurer notamment que les montants et les causes des pertes record perpétrées par le trader Jérôme Kerviel « ont bien été complètement identifiés ». Ce comité de crise, composé de trois membres, devra aussi s'assurer que des mesures ont été ou seront prises pour éviter que des événements de même nature ne se reproduisent, que « l'information diffusée rend compte fidèlement des constatations des investigations » et que « la gestion de la situation est bien conduite dans l'intérêt de l'entreprise, de ses actionnaires, de ses clients et de son personnel ». Les trois membres retenus pour siéger à ce comité social sont le directeur général de Groupama, Jean Azema, Jean-Martin Folz et Antoine Jeancourt-Galignani, respectivement anciens patrons de PSA Peugeot Citroën et d'AGF.

Une augmentation de capital

Le patron de la Société Générale, Daniel Bouton reste donc à la tête de la banque, mais il est écarté de ce comité. Les critiques à son encontre ont pris de l'ampleur en début de semaine après les déclarations de la classe politique, au nombre desquelles celles du président de la République. Nicolas Sarkozy a, en effet, estimé qu'une telle crise ne pouvait «pas rester sans conséquences, s'agissant des responsabilités, y compris au plus haut niveau ». 

A l'ordre du jour du conseil de mercredi, figurait une autre priorité : la recapitalisation de l'établissement. Une augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros doit être prochainement lancée pour combler les pertes liées à la fraude (4,9 milliards d'euros) et aux crédits immobiliers à risques (« subprimes ») (2 milliards d'euros). Dans le même temps, l'hypothèse d'un rapprochement avec BNP Paribas pour faire échec à une OPA hostile d'une banque étrangère et créer un champion bancaire français est revenue en force.  Des scénarios de démantèlement circulent également qui verraient sa rivale BNP Paribas reprendre la banque de détail et le Crédit Agricole le pôle de Financement et d’Investissement (BFI).

De nombreuses interrogations demeurent également sur le déroulement de cette fraude massive. Dans ses déclarations aux enquêteurs de la brigade financière, Jérôme Kerviel a contredit la version des dirigeants de la banque. Il affirme ainsi que la Générale ne pouvait pas ne pas être au courant du montant de ses positions sur le marché, soit 50 milliards d'euros et accuse sa hiérarchie « d’avoir couvert ses positions tant qu’elles étaient bénéficiaires ». Or depuis la semaine dernière, la direction de la Générale répète que la banque a été victime d’une fraude orchestrée par le trader qui a réussi à déjouer tous les systèmes de contrôle.

Une révision des limites fixées aux traders

La commission des Finances du Sénat a entendu, mercredi, sur le sujet le Gouverneur de la Banque de France et le président de l’Autorité des marchés financiers (AMF).  Le premier, Christian Noyer, qui préside la Commission bancaire chargée du contrôle des banques françaises, a estimé, pour sa part, que « tous les contrôles permanents ne semblent pas avoir fonctionné comme ils auraient dû et ceux qui ont fonctionné n'ont pas toujours fait l'objet d'un suivi approprié ». Christian Noyer s’est également prononcé lors de cette audition pour «une révision des limites fixées aux traders ». De son côté, le président de l’Autorité des marchés financiers (AMF) a, lui, estimé que «Daniel Bouton et les autorités de contrôle, AMF et Banque de France, avaient bien agi dans la gestion de la crise ». « En trois jours, Daniel Bouton a coupé ses positions,  c’est-à-dire liquidé les engagements pris par son trader et organisé une augmentation de capital pour renflouer les fonds de la banque », a expliqué Michel Prada.

Par ailleurs, le ministre de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, va remettre, lundi 4 février 2008, un rapport au Premier ministre François Fillon nourri des conclusions de la Banque de France et de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Ce rapport devrait préciser le déroulement exact des faits, y compris leur découverte par la direction de la Banque et avant la diffusion de l’information au public.

A écouter

Daniel Bouton, PDG de la Société Générale

A propos de Jérôme Kerviel

« Pourquoi a-t-il cru, lui, Jérôme Kerviel, être dans un autre monde, le monde de la grande finance spéculative qui n'est pas celui de la Société Générale ? »

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Michel Marchet

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La Société Générale, une entreprise forte

« Je suis extrèmement déterminé à ce que cette affaire éminament regretttable n'est pas de conséquences sur nos clients. »

30/01/2008 par France 2