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Fraude fiscale

L’affaire s’internationalise

par Myriam Berber

Article publié le 26/02/2008 Dernière mise à jour le 26/02/2008 à 15:40 TU

La banque Liechtenstein Global Trust (LGT), propriété de la famille princière est au cœur du scandale de fraude fiscale qui secoue l’Allemagne depuis le 17 février 2008.(Photo: Reuters)

La banque Liechtenstein Global Trust (LGT), propriété de la famille princière est au cœur du scandale de fraude fiscale qui secoue l’Allemagne depuis le 17 février 2008.
(Photo: Reuters)

Le scandale d’évasion fiscale qui a ébranlé l’Allemagne ces derniers jours pourrait concerner d’autres pays. Dans cette affaire, plusieurs centaines de personnalités-clé du pays sont soupçonnées d’avoir fraudé le fisc via un système de fondations liées à la banque Liechtenstein Global Trust (LGT), propriété de la famille princière. L’Allemagne devrait communiquer des informations obtenues par ses services secrets à des pays comme la Suède, la Norvège, la Finlande, le Royaume-Uni mais également à la France.

Le scandale de l’évasion fiscale vers le Liechtenstein pourrait s’étendre à d’autres pays. Un porte-parole du ministère allemand des Finances a confirmé, lundi  26 février 2008, que « Berlin était prêt à partager les informations en sa possession avec tout pays avec lequel il a un accord de coopération juridique ».  Les services secrets allemands (BND) ont, en effet, versé à un informateur Heinrich Kieber, avec l’aval du gouvernement, plus de 4 millions d'euros pour se procurer la liste des comptes suspects gérés par la banque LGT au Liechtenstein.

Selon le quotidien britannique Financial Times, regroupant des informations de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, la Grande-Bretagne a acquis auprès du même Heinrich Kieber des données sur une centaine de ses ressortissants qui auraient dissimulé de l’argent au Liechtenstein. Le gouvernement britannique aurait payé 100 000 livres (soit 133 000 euros) à cet ancien employé de la LGT. Pour sa part, l’administration fiscale britannique confirme que des paiements ont été effectués mais sans mentionner de chiffre précis.

Des Français impliqués

La France, elle aussi, s’intéresse aux informations vendues aux services secrets allemands. Selon le quotidien économique La Tribune, la direction générale des impôts (DGI) mènerait également des investigations liées à cette affaire sur des contribuables français qui auraient des comptes au Liechtenstein. Dans un communiqué, la DGI confirme les informations rapportées par La Tribune, mais précise que, contrairement à Londres, Paris n'a pas payé pour les obtenir. Les noms de ces contribuables lui auraient été fournis dans le cadre de coopérations administratives européennes.

Avec la France, Berlin aurait également eu des demandes en provenance de Finlande, de Suède et de Norvège. En effet, la Suède a annoncé, mardi 26 février, qu'elle enquêtait sur une centaine de Suédois soupçonnés de fraude fiscale au Liechtenstein. Dans une tribune du quotidien Dagens Nyheter, Mats Sjöstrand, le directeur du Trésor public, a expliqué que « la Suède faisait partie d'un groupe de neuf pays de l'OCDE [avec la Grande-Bretagne, la France, l'Italie, l'Espagne, le Canada, les Etats-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande qui, ensemble, ont reçu et étudient des informations sur des comptes au Liechtenstein ».

Une deuxième banque suspecte

Pour l’heure, en Allemagne, les perquisitions ont marqué une pause depuis la fin de la semaine dernière. Plusieurs centaines de personnalités-clé du pays sont soupçonnées d’évasion fiscale dans cette affaire qui a déjà entraîné la démission de Klaus Zumwinkel, influent patron de Deutsche Post. Selon le procureur de Bochum, 91 personnes visées par l'enquête ont reconnu les faits et déjà payé 27,8 millions d'euros sur les rappels d'impôts exigés. Selon des révélations du quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, outre la banque princière Liechtenstein Global Trust (LGT), un deuxième établissement de la principauté serait soupçonné dans cette affaire : ce serait une filiale du groupe bancaire suisse Vontobel. Pour sa part, la banque suisse dément tout vol ou usage frauduleux de données sur les clients de sa filiale au Liechtenstein.