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Cameroun

Emeutes : un lourd bilan

par  RFI

Article publié le 07/03/2008 Dernière mise à jour le 07/03/2008 à 18:27 TU

Le ministre camerounais de la Communication, Jean-Pierre Biyiti bi Essam, a annoncé mercredi à Yaoundé que les violences de la semaine dernière ont fait 24 morts, dont un policier, et que « plus de 1 500 personnes » avaient été arrêtées à la suite de ces incidents. Ces émeutes se sont produites notamment à Douala, la capitale économique du pays, et aussi à Yaoundé, capitale administrative, en marge d’un mouvement de contestation contre la vie chère. Les émeutiers protestaient aussi contre un projet de révision constitutionnelle qui autoriserait le président Paul Biya, 75 ans, au pouvoir depuis 1982, à briguer un nouveau mandat en 2011.

Les violences de la semaine passée ont pu faire plus de 100 morts. C'est l'estimation, en tout cas, de la Maison des droits de l'homme du Cameroun. Estimation, puisque les défenseurs des droits de l'homme n'ont pas accès aux morgues. Ils pensent également que plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées, des casseurs, des manifestants, mais aussi, selon la Maison des droits de l'homme, des personnes injustement interpelées. L'organisme dénonce aussi des cas de tortures.

Madeleine Afitté

Coordinatrice de la maison des droits de l'homme au Cameroun

Les forces qui sont descendues à Douala et un peu partout pour exercer la repression n'avaient pas de sentiments, elles étaient là parce qu'elles avaient reçu l'ordre de tirer pour faire cesser les manifestations.

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07/03/2008 par Carine Frenk


Selon le ministre camerounais de la Communication, « il y a beaucoup de jeunes parmi les personnes interpellées, dont la quasi-totalité ont été prises en flagrant délit » pour « casse et vols » en marge des manifestations. Jean-Pierre Biyiti bi Essam a également annoncé qu’une cinquantaine de personnes ont déjà été « condamnées » à Yaoundé. Des avocats ont protesté contre le gouvernement et une « justice expéditive », soulignant qu’il y a eu des « condamnations en série », au mépris de la procédure judiciaire normale.

Alice Nkom

Présidente de l'AFHRO, organisation africaine des droits de l'homme

Compte tenu du caractère expéditif de ce qui se passe, aucun avocat n'a eu accès au dossier.

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07/03/2008 par Carine Frenk


Mais, pour le vice-Premier ministre et ministre de la Justice, Amadou Ali, tout se fait dans les règles de la procédure même si les choses vont vite.

Amadou Ali

Vice-Premier ministre et ministre de la Justice du Cameroun

De manière générale on accuse la justice camerounaise d'être lente, donc je me félicite qu'on dise qu'elle fait preuve de plus de céléritée.

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07/03/2008 par Carine Frenk


Les journalistes camerounais se sont également plaints d’être victimes de violences de la part des forces de l’ordre et ont accusé le gouvernement de chercher à restreindre la couverture des émeutes du mois de février. La radio Magic FM a dû suspendre sa programmation. Pour avoir mis à l’antenne des critiques d’auditeurs contre le président Biya, Magic FM a vu son matériel de diffusion confisqué par les gendarmes. La télévision Equinoxe a été fermée en raison du non-paiement d’une caution. Le Syndicat national des journalistes du Cameroun, SNJC, a alors dénoncé des atteintes aux droits de la presse et le « climat d’insécurité généralisée » subi par les journalistes du pays.

Jean-Marc Soboth

Secrétaire général du Syndicat national des journalistes du Cameroun

Nous sommes d'autant plus inquiets que l'on a l'impression que ce n'est que le début.

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07/03/2008 par Carine Frenk


Rappelons que, le 27 février, le président Paul Biya avait promis d’utiliser « tous les moyens légaux » pour faire cesser les violences. Dans ce discours musclé, il a denoncé de façon voilée l’opposition, accusant notamment « les apprentis sorciers qui, dans l’ombre, ont manipulé ces jeunes, afin d’obtenir par la violence ce qu’ils n’ont pas eu par la voie des urnes ». L’opposition, quant à elle, souligne que Biya n’a fait aucune concession, face à la grogne sociale liée à l’augmentation du prix de l’essence et des produits de première nécessité et au projet de révision de la Constitution visant à l’autoriser à briguer un nouveau mandat.

Ces événements ont également fait sortir du silence le capitaine Mbara Guérandi, 54 ans, qui a participé à la tentative de coup d’Etat de 1984 au Cameroun. En exil au Burkina Faso, il a publié un communiqué dans lequel il se prononce contre toute réforme de la Constitution camerounaise qui supprimerait la limitation du nombre de mandats présidentiels. C’est la première fois qu’il s’exprime depuis 1984.

Mbara Guérandi

Militaire camarounais

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07/03/2008 par Carine Frenk