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Cameroun

Un calme précaire

Article publié le 29/02/2008 Dernière mise à jour le 29/02/2008 à 02:50 TU

Paul Biya, le président camerounais(Photo : AFP)

Paul Biya, le président camerounais
(Photo : AFP)

Des émeutes contre la cherté de la vie et contre le projet du président Paul Biya de se maintenir au pouvoir après 2011 ont eu lieu jeudi dans au moins deux villes de l'ouest du pays, Bafang et Bamenda, où trois personnes auraient été abattues par les forces de l'ordre, selon des journalistes locaux. Les plus graves émeutes au Cameroun depuis 15 ans ont déjà fait une vingtaine de morts depuis samedi, notamment à Douala, la capitale économique du pays. Celle-ci, comme Yaounde, est restée calme jeudi, mais la tension reste forte, après le discours musclé de Paul Biya.

Des villes silencieuses, avec les commerces, les bureaux, les administrations fermés, toujours aucun taxi dans les rues et très peu de voitures particulières : au lendemain de l’intervention télévisée du président Biya, les Camerounais n’ont pas osé braver son interdiction de manifester, redoutant de devenir la cible des forces de l’ordre.

Le chef de l’Etat l'avait annoncé, « Force doit rester à la loi, et tous les moyens seront utilisés » : les militaires ont été déployés, aussi bien à Douala qu’à Yaounde, des soldats en très grand nombre et fortement armés.

Le pays est toujours paralysé, les problèmes d’approvisionnement commencent et on redoute maintenant des pénuries. Les rares magasins ouverts ont été pris d’assaut, et beaucoup de denrées manquent désormais. La population reste sur le qui-vive, après la tension des derniers jours c’est désormais la peur qui règne. Des arrestations ont eu lieu et Radio Magic, une radio de Yaounde à la grande liberté de ton, n’émet plus depuis hier : les militaires ont fait irruption dans ses locaux et saisi tout le matériel.

Jules Elobo

Responsable de la station Magic FM.

« La gendarmerie est venue saisir le matériel de la radio sous prétexte que Magic FM avait permis à des individus d'insulter le gouvernement et le chef de l'Etat. L'événement s'est produit après une émission de débat où les auditeurs pouvaient réagir...»

écouter 0 min 53 sec

29/02/2008 par Raphaël Reynes

 La France « très préoccupée »

 « Nous sommes très préoccupés par les violences au Cameroun », a déclaré jeudi la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Pascale Andréani, « ces violences, d'où qu'elles viennent, sont inacceptables, nous appelons au retour au calme. Nous souhaitons que le débat politique puisse se dérouler de manière pacifique et démocratique ». Interrogée sur une éventuelle réforme de la Constitution, la porte-parole a estimé « souhaitable qu'elle donne lieu à un débat large et ouvert avec toutes les composantes de la société camerounaise. C'est dans cet esprit que l'Union européenne se concerte à l'initiative de la présidence slovène », a-t-elle précisé. 

Réactions et commentaires à écouter

Jacques Fame Ndongo

Ministre de l'Enseignement supérieur et secrétaire à la Communication du RDPC

« Le RDPC exhorte la population à ne pas sombrer dans la panique. La sécurité est assurée, j'appelle les gens à vaquer à leurs occupations. L'Etat n'est pas sourd à vos revendications... ».

29/02/2008 par Sarah Tisseyre

Mathias Ofone

Porte parole du SDF, l'un des principaux partis d'opposition

« Le discours du président Biya a déçu toute la nation. Le gouvernement a profité de la CAN pour augmenter le prix des carburants... C'est la cause immédiate de la crise. Que veut-il faire d'un nouveau mandat.. après 25 ans de pouvoir... »

29/02/2008 par Sarah Tisseyre

Rodrigue Batogna

Président de l'Association de défense des droits des étudiants au Cameroun

« Des militaires sont venus dans la cité universitaire mercredi soir. Ils ont cassé des chambres et battu des étudiants... Les forces de l'ordre sont restées sur le campus, il y règne un climat de terreur et de tension ».

29/02/2008 par Sarah Tisseyre

André Ziaka

Président du Gicam, le groupement interpatronal du Cameroun.

« Des stations service et des dépôts de magasins ont été saccagés. Le port est paralysé. Quand il reprendra, il y aura un engorgement. Ce qui m'inquiète le plus, c'est la paralysie dans la ville...»

29/02/2008 par Frédéric Garat