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Cameroun

L'agitation continue

par  RFI

Article publié le 27/02/2008 Dernière mise à jour le 29/02/2008 à 00:59 TU

Le président camerounais Paul Biya a déclaré mercredi soir dans une allocution télévisée que les manifestations étaient organisées par ses opposants et qu'elles avaient pour but de le renverser. Dans un climat social dégradé, les violences se sont poursuivies mercredi en dépit de la fin de la grève. En effet, après avoir signé avec les autorités un accord de révision des prix du carburant, les syndicats de transporteurs ont appelé à la reprise du trafic mardi soir. Des tentatives de reprise d’activité ont été notées par-ci par-là dans les grandes villes, mais elles ont été rapidement découragées par des manifestants. Des témoins ont signalé encore des coups de feu à Douala et à Yaoundé. Un premier bilan des victimes a été dressé par l’AFP et fait état d’au moins 17 personnes tuées depuis le début des manifestations, samedi dernier. En marge de la grève des transporteurs et des protestations contre la vie chère, se développe aussi l’opposition au projet de révision de la Constitution qui permettrait au président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, de briguer un nouveau mandant présidentiel en 2011.

Les manifestants brandissent des pancartes avec les prix qu'ils souhaitent obtenir.(Photo : Reuters)

Les manifestants brandissent des pancartes avec les prix qu'ils souhaitent obtenir.
(Photo : Reuters)

Plusieurs milliers de jeunes ont tenté de marcher mercredi matin vers les services du gouverneur. Sur les pancartes qu’ils brandissaient, on pouvait lire, les prix qu’ils souhaitent voir appliqués sur les produits de grande consommation: savon, sucre, ciment, sel, huiles végétales, entre autres, en plus du carburant, font désormais partie du panel des produits dont les coûts sont estimés trop élevés.

Parlant du carburant, les manifestants estiment à Douala que la concession des 6 francs CFA, faite hier par le gouvernement est insignifiante. Ils espéraient le dire au gouverneur, mais leur marche a été dispersée.

Les manifestants toujours aussi nombreux sur les routes réclament que Paul Biya s’exprime sur la crise. Trois pharmacies et cinq boulangeries ont été réquisitionnées et mises sous protection de l’armée, pour servir de points d’approvisionnement aux populations. Des files de 3 à 500 mètres sont observées devant ces points d’approvisionnement où des bousculades sont régulièrement enregistrées.

Un marché de vivres frais a ouvert ce matin, mais les prix y ont grimpé de façon vertigineuse. Un cageot de tomates qui était encore vendu 3 500 francs CFA, la semaine dernière, y est aujourd’hui vendu 10 500 francs CFA.

Dans les hôpitaux, le personnel de santé commence à faire défaut, et on signale ici et là des actes de sabotage sur les circuits de distribution d’eau. Dans les chaînes de télévision, de hauts responsables politiques n’arrêtent pas d’appeler au calme, sans grands effets pour l’instant.

Marie-Albertine Mollo Maré

Habitante de Yaoundé

« Nous éprouvons des difficultés pour s'approvisionner. Il y a eu des morts dans mon quartier ».

écouter 0 min 50 sec

28/02/2008 par Stanislas Ndayishimiye

Thomas Dignou

Président du syndicat des transporteurs urbains de Douala

« A Yaoundé, la grève a été levée mais ici à Douala, la population empêche les taxis de circuler. La tension est vive dans la rue. »

écouter 00 min 52 sec

27/02/2008 par Stanislas Ndayishimiye

Les violences visent à renverser le pouvoir, selon Paul Biya

Dans une allocution télévisée mercredi soir, le chef de l'Etat a évoqué un « bilan humain et matériel (...) probablement très lourd », et estimé que les violences avaient pour but de le renverser.

Extrait de l'allocution du Président Paul Biya

« Pour certains, le but est d’obtenir par la violence ce qu’ils n’ont pu obtenir dans les urnes… (Des) apprentis sorciers dans l’ombre ont manipulé ces jeunes en les exposant à des affrontements avec les forces de l’ordre...»

écouter 2 min 40 sec

28/02/2008 par Emmanuel D'Abzac

L'intervention de Paul Biya a duré 5 minutes, et si elle a montré la volonté du président camerounais de reprendre le contrôle de la situation, elle n'a pas apporté de réponse aux questions  concrètes que posent les manifestants.

Compte-rendu de l'allocution de Paul Biya : Force restera à la loi

« Le Cameroun entend bien rester un Etat de droit… Le désordre ne peut apporter que malheur et misère. Tous les moyens légaux dont dispose le gouvernement seront mis en œuvre pour que force reste à la loi. »

écouter 2 min 4 sec

28/02/2008 par Emmanuel D'Abzac

A écouter

Chornique des matières premières

Le pétrole au Cameroun, une production en déclin

29/02/2008 à 18:55 TU

Adamou Ndam Njoya

Président de l'UDC, dans l'opposition

« L'opposition s'attendait à tout, sauf à cette déclaration de guerre du président Biya. L'opposition n'est pas derrière cette agitation, elle est le résultat des problèmes des camerounais et le président Biya devrait réagir autrement plutot que d'employer un langage musclé d'un autre temps ».

28/02/2008 par Cyril Bensimon

Rodrigue Batogna

Président de l'association de défense des droits des étudiants du Cameroun.

« Sur le campus de Yaounde 1, nous avons eu une intervention violente des forces de l'ordre, qui a fait des blessés. Cette représaille n'a aucune justification ».

28/02/2008 par Cyril Bensimon