par RFI
Article publié le 27/02/2008 Dernière mise à jour le 29/02/2008 à 00:59 TU
Les manifestants brandissent des pancartes avec les prix qu'ils souhaitent obtenir.
(Photo : Reuters)
Plusieurs milliers de jeunes ont tenté de marcher mercredi matin vers les services du gouverneur. Sur les pancartes qu’ils brandissaient, on pouvait lire, les prix qu’ils souhaitent voir appliqués sur les produits de grande consommation: savon, sucre, ciment, sel, huiles végétales, entre autres, en plus du carburant, font désormais partie du panel des produits dont les coûts sont estimés trop élevés.
Parlant du carburant, les manifestants estiment à Douala que la concession des 6 francs CFA, faite hier par le gouvernement est insignifiante. Ils espéraient le dire au gouverneur, mais leur marche a été dispersée.
Les manifestants toujours aussi nombreux sur les routes réclament que Paul Biya s’exprime sur la crise. Trois pharmacies et cinq boulangeries ont été réquisitionnées et mises sous protection de l’armée, pour servir de points d’approvisionnement aux populations. Des files de 3 à 500 mètres sont observées devant ces points d’approvisionnement où des bousculades sont régulièrement enregistrées.
Un marché de vivres frais a ouvert ce matin, mais les prix y ont grimpé de façon vertigineuse. Un cageot de tomates qui était encore vendu 3 500 francs CFA, la semaine dernière, y est aujourd’hui vendu 10 500 francs CFA.
Dans les hôpitaux, le personnel de santé commence à faire défaut, et on signale ici et là des actes de sabotage sur les circuits de distribution d’eau. Dans les chaînes de télévision, de hauts responsables politiques n’arrêtent pas d’appeler au calme, sans grands effets pour l’instant.
Habitante de Yaoundé
« Nous éprouvons des difficultés pour s'approvisionner. Il y a eu des morts dans mon quartier ».
Président du syndicat des transporteurs urbains de Douala
« A Yaoundé, la grève a été levée mais ici à Douala, la population empêche les taxis de circuler. La tension est vive dans la rue. »
Les violences visent à renverser le pouvoir, selon Paul Biya
Dans une allocution télévisée mercredi soir, le chef de l'Etat a évoqué un « bilan humain et matériel (...) probablement très lourd », et estimé que les violences avaient pour but de le renverser.
« Pour certains, le but est d’obtenir par la violence ce qu’ils n’ont pu obtenir dans les urnes… (Des) apprentis sorciers dans l’ombre ont manipulé ces jeunes en les exposant à des affrontements avec les forces de l’ordre...»
L'intervention de Paul Biya a duré 5 minutes, et si elle a montré la volonté du président camerounais de reprendre le contrôle de la situation, elle n'a pas apporté de réponse aux questions concrètes que posent les manifestants.
« Le Cameroun entend bien rester un Etat de droit… Le désordre ne peut apporter que malheur et misère. Tous les moyens légaux dont dispose le gouvernement seront mis en œuvre pour que force reste à la loi. »
A écouter
29/02/2008 à 18:55 TU
Président de l'UDC, dans l'opposition
« L'opposition s'attendait à tout, sauf à cette déclaration de guerre du président Biya. L'opposition n'est pas derrière cette agitation, elle est le résultat des problèmes des camerounais et le président Biya devrait réagir autrement plutot que d'employer un langage musclé d'un autre temps ».
28/02/2008 par Cyril Bensimon
Président de l'association de défense des droits des étudiants du Cameroun.
« Sur le campus de Yaounde 1, nous avons eu une intervention violente des forces de l'ordre, qui a fait des blessés. Cette représaille n'a aucune justification ».
28/02/2008 par Cyril Bensimon
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