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France

Remous au sein du patronat français

par Myriam Berber

Article publié le 10/03/2008 Dernière mise à jour le 10/03/2008 à 17:20 TU

La présidente du Medef, Laurence Parisot.(Photo : AFP)

La présidente du Medef, Laurence Parisot.
(Photo : AFP)

La présidente du Medef, Laurence Parisot, et le président de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM), Frédéric Saint-Geours, se sont rencontrés lundi 10 mars 2008. Après une crise sans précédent, les deux parties ont joué l’apaisement. Ce week-end, Laurence Parisot a annoncé sa décision de porter plainte en diffamation contre deux anciens présidents de l’UIMM. Ces derniers ont affirmé que la présidente du Medef était au courant du système des retraits en espèces à l’UIMM.

Les tractations ont repris entre le patronat français et l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM), sa principale fédération. La présidente du Medef Laurence Parisot a réuni, lundi 10 mars 2008, un bureau de l’organisation, où siège notamment le patron de la puissante fédération de la métallurgie Frédéric Saint-Geours. Le bureau du Medef a indiqué lundi à l'issue de cette réunion « qu'il ignorait tout des pratiques de l'ancien président de l'UIMM » et qu'il les réprouvait à nouveau. Laurence Parisot avait déjà pris de telles positions. Les membres du bureau du Medef ont également exprimé « leur attachement aux valeurs de transparence, de modernité et d’unité qui doivent caractériser le patronat du XXIe siècle ».

Peu avant cette réunion, un autre entretien a justement eu lieu entre le nouveau président de l'UIMM, Frédéric Saint-Geours, et Laurence Parisot. Rien à voir avec le climat glacial qui avait marqué mardi dernier leur premier entretien depuis le début de la crise, l’heure est à l’apaisement. A l'issue de cette discussion, Frédéric Saint-Geours a indiqué avoir « rappelé que la modernisation du patronat ne se ferait pas sans son unité et qu'il poursuivrait le dialogue avec Mme Parisot sur le sujet ». Mais l’épineuse question des mandats patronaux (formation professionnelle ; 1% logement, assurance chômage) que les membres de l’UIMM exercent au nom du Medef dans les instances nationales et dont Laurence Parisot exige une «remise à plat » n’a pas été évoquée.  

Escalade verbale

Cette nouvelle rencontre intervient après un week-end très mouvementé marqué par une escalade verbale, par médias interposés à propos des 19 millions d’euros retirés en liquide par l’UIMM entre 2000 et 2007 et dont la justice cherche à établir les bénéficiaires. Dans un entretien au quotidien Le Monde, puis samedi soir sur la chaîne de télévision France 2, Laurence Parisot a réaffirmé n’avoir appris l’existence de ce système occulte de retraits en liquide que « la veille de la publication des faits dans la presse », soit le 25 septembre 2007.

Réaction immédiate du front industriel, Daniel Dewawrin et Denis Gautier-Sauvagnac, anciens présidents de l’UIMM, ont affirmé, dimanche, que la présidente du Medef avait été mise au courant avant l’été 2007, et par Denis Gautier-Sauvagnac lui-même, du système de retraites en espèces à l’UIMM. Arnaud Leenhardt, ancien président de l'UIMM, a appuyé les propos des deux anciens dirigeants de la fédération. Laurence Parisot a dénoncé des « propos mensongers » et décidé de porter plainte pour diffamation.

Une caisse noire en cas de grève

L’affaire qui secoue actuellement le patronat français occupe aussi la justice. Les difficultés de l’enquête viennent du silence de l’ancien président Denis Gautier-Sauvagnac et de son adjoint Dominique de Calan sur les mystérieux destinataires des fonds. A qui était destiné cet argent et surtout à quoi des sommes aussi importantes ont-elles servi ? L’hypothèse de corruptions ponctuelles de délégués syndicaux en échange de la signature d’accords est examinée. Denis Gauthier-Sauvagnac a lui-même reconnu que l’argent avait servi à « fluidifier le dialogue social » suggérant un financement occulte des syndicats.

Un document publié ce week-end sur le site web du journal de l’Humanité apporte un nouvel éclairage. Le document estampillé « strictement confidentiel » et daté du 18 février 1972 prône la création d’un fonds de solidarité entre employeurs de la métallurgie pour résister aux grèves. Il a servi de cadre pour créer l’Epim (caisse d’entraide professionnelle des industries de la métallurgie), la fameuse « caisse noire » de l’UIMM dont la valorisation est estimée aujourd’hui à près de 600 millions d’euros. Une caisse qui aurait servi à deux choses, selon ce document. Premièrement, aider les chefs d’entreprises à résister aux revendications des syndicats en refusant toute hausse de salaires. Deuxièmement, en compensant le manque à gagner de l’entreprise pendant les jours de grève.