Article publié le 16/03/2008 Dernière mise à jour le 17/03/2008 à 07:08 TU
La répression contre les manifestations de moines tibétains dans le sud-ouest de la Chine a fait sept nouvelles victimes. Le mouvement s'est étendu à des provinces voisines du Tibet, le Sichuan et le Gansu où se trouvent d'importantes communautés tibétaines. Une contamination qui explique sans doute la brutalité de la réaction des autorités chinoises qui ont déclaré « la guerre populaire contre le Dalaï Lama et sa clique ».
Avec notre correspondant à Pékin, Marc Lebeaupin
Deux jours après les violentes manifestations du 14 mars, les forces de police sont plus que jamais présentes dans les rues de Lhassa.
(Photo : AFP)
Depuis vingt-quatre heures, on sentait monter cette campagne contre le chef spirituel tibétain. La réaction a été brutale de la part de Pékin. Sur le terrain, avec des perquisitions et sans doute des arrestations la nuit dernière à Lhassa, mais aussi aujourd'hui dans le Sichuan, où la police n'a pas hésité à tirer sur des moines qui s'en prenaient à un commissariat.
Des représailles accompagnées d'une vaste campagne politique destinée à mettre en difficulté le Dalaï Lama et ses partisans. C'est l'appel à « la guerre populaire, selon la terminologie adoptée par Pékin, pour s'opposer au séparatisme et préserver la stabilité du pays ».
L'agence de presse chinoise, Chine nouvelle, relaie largement cet appel dans un éditorial qui dénonce « les actions criminelles, qui exposent au grand jour le visage odieux du Dalaï Lama et de sa clique ».
Cet appel à la guerre populaire, largement relayé par la presse officielle, est soutenu également par les dirigeants locaux et les responsables religieux sous contrôle du Parti communiste chinois. C'est le cas du Panchen Lama, le numéro deux dans la hiérarchie bouddhiste, soutenu par Pékin, et qui, selon l'agence de presse chinoise, a dénoncé lui aussi les émeutes de Lhassa.
Sinologue et chercheur au CNRS
« Il y a très régulièrement des violences, notamment dans les campagnes. Il y a des affrontements qui sont assez importants, et dans ces conditions il faut bien montrer que le régime est extrêmement vigilant sur toute forme d’instabilité. »
Une charge de plus à l'encontre de chef spirituel tibétain, en attendant certainement une suite à cette guerre populaire déclarée par Pékin.
Sinologue et chercheur au CNRS
« C’est évidemment une terminologie qui est assez radicale, parce que la guerre populaire, ça fait partie de la manière pour le Parti communiste d’arriver au pouvoir. »
Porte-parole du gouvernement tibétain en exil, à Dharamsala
« Selon nos sources et les personnes que nous avons pu joindre à Lhassa, les autorités ont imposé un couvre-feu ce dimanche à 8 h 00 dans la ville. Les magasins et les écoles sont fermés. Les gens doivent rester chez eux. Les soldats encerclent la ville, la police patrouille. »
Porte-parole du gouvernement tibétain en exil, à Dharamsala
« Sa Sainteté le Dalaï Lama a simplement affirmé que quelle que soit la colère des manifestants au Tibet, même s’il comprend cette colère, rien ne doit se résoudre par la violence. »
A écouter
« Pour le Dalaï Lama ce qui se passe en ce moment au Tibet n'est ni plus ni moins qu'un génocide culturel. Il a également demandé l'ouverture d'une enquête internationale contre les répressions sanglantes faites par Pékin envers les Tibétains. »
16/03/2008 par Mouhssine Ennaimi
A lire