Article publié le 15/03/2008 Dernière mise à jour le 16/03/2008 à 05:17 TU
L'armée chinoise, épaulée par des policiers, quadrille étroitement la capitale du Tibet. Selon les rares témoignages de touristes ou de résidents étrangers, recueilles samedi, il est devenu quasiment impossible de circuler dans la ville, où les véhicules et les piétons sont systématiquement et minutieusement contrôlés.
Les étrangers sont invités à quitter Lhassa par les autorités locales qui ont également interdit, jusqu'à nouvel ordre, l'accès à la région autonome du Tibet. Certains y voient le prélude à une répression qui se déroulera à huis clos, une fois expiré l'ultimatum donné aux émeutiers. Les manifestants tibétains ont jusqu'à lundi minuit (heure locale) pour se rendre.
Des bouclages ont également été imposés par les autorités chinoises dans les préfectures tibétaines des provinces voisines du Qinghai, du Gansu et du Sichuan, où les minorités religieuses et laïques ont manifesté leurs solidarités avec le Dalaï Lama.
Pékin a donc de décidé de reprendre intégralement le contrôle de la situation et de l'information sur ces événements, les plus meurtriers enregistrés au Tibet depuis les manifestations de 1989.
« Ces évènements auront encore une fois entaché l'image du pays à quelques mois seulement des Jeux Olympiques. »
Professeur de littérature tibétaine à l'Inalco
« Le gouvernement a dû comprendre que la situation lui échappait. »
Le retard de réaction de l'armée
Professeur de littérature tibétaine à l'Inalco
« Les Tibétains sont complètement exclus du développement économique. »
La discrimination anti-tibétaine
Conséquences de la sinisation forcée du Tibet |
Qu'ils aient surpris ou non, les témoignages sur les violences de vendredi, décrivant des groupes de Tibétains s'en prenant à des Chinois Han ou à des Hui, des Chinois musulmans, dans les rues de Lhassa, renvoient aux frustrations accumulées depuis des décennies. Les images aussi de laïcs et de moines bouddhistes attaquant les devantures de magasins chinois ou des panneaux en mandarin, disent le ras-le-bol d'une sinisation qui écrase l'identité tibétaine, à force de répression et de colonisation de peuplement. Explosions de colère et gestes de désespoir aussi comme ces tentatives de suicide de deux moines qui, jeudi, se sont ouvert les veines. Le plus étonnant, c'est la relative passivité des soldats chinois jusqu'à vendredi, aussi bien à Lhassa que dans les préfectures tibétaines des provinces voisines. Comme si, Jeux Olympiques obligent, Pékin avait d'abord opté pour la souplesse, avant d'en venir à la manière forte, vu l'ampleur des protestations, avec un ultimatum aux émeutiers de Lhassa qui ont jusqu'à lundi minuit pour se rendre. Avec, d'ici là, des consignes de départ pour les étrangers encore présents au Tibet et un bouclage de la région. Comme les prémisses d'un règlement de compte à huis clos. |
A écouter
« Le Dalaï Lama et sa "clique" sont accusés d'avoir manigancé ces troubles... Ces événements risquent d'entraîner dans les jours à venir une vague de mécontentement à travers le monde... Mais Pékin refuse toute remise en cause de ses projets... »
16/03/2008 par Marc Lebeaupin
« Depuis Dharamsala dans le nord de l'Inde, le porte-parole du Dalaï Lama... a rejeté toute influence sur les manifestants. Quelques centaines de moines ont repris leurs manifestations à Dharamsala malgré l'interdiction... »
16/03/2008 par Moussine Enaimi
A lire