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Violences au Tibet

Propagande chinoise, mode d'emploi

par Alain Renon

Article publié le 19/03/2008 Dernière mise à jour le 20/03/2008 à 00:34 TU

« Guerre populaire », « combat à la vie, à la mort contre la clique du Dalaï Lama » : depuis les très violents affrontements du vendredi 14 mars à Lhassa, les autorités chinoises ont décidé de communiquer sur les événements qui ensanglantent le Tibet. En menant d’abord une campagne à usage interne et désormais tournée aussi vers l’extérieur pour couper court aux menaces de boycott des JO de Pékin ou d’actions symboliques pendant la compétition.

Un moine tibétain passe devant les policiers postés derrière les barricades qui séparent les parties chinoise et tibétaine de la ville de Xiahe (province de Gansu).(Photo : Reuters)

Un moine tibétain passe devant les policiers postés derrière les barricades qui séparent les parties chinoise et tibétaine de la ville de Xiahe (province de Gansu).
(Photo : Reuters)

La  stratégie initiale de Pékin, en début de semaine dernière, avait été le silence, face aux informations, plus ou moins vérifiables, sur les manifestations à Lhassa, qui émanaient principalement d'organisations internationales pro-tibétaines. Silence médiatique et, semble-t-il, répression modérée, année olympique oblige et peut-être aussi en raison d’une sous-estimation de la mobilisation des moines et des laïcs tibétains. 

Le pic de violence de vendredi, avec les premiers morts, signalés par des sources hospitalières, et les scènes d'émeutes, rapportées par des touristes étrangers, ont changé la donne. Dès le lendemain, la télévision chinoise diffusait les premières images de la capitale tibétaine. Images d'incendies, de vandalisme, mais aussi de caillassage et de traque de passants chinois par des groupes de Tibétains, curieusement livrés à eux-mêmes alors que l'armée et la police disposent sur place d'effectifs considérables.

Ces images et le premier bilan officiel de « 10 Chinois  innocents tués et 12 policiers grièvement blessés » ont permis d’alimenter la dénonciation de saboteurs, voyous et autres séparatistes à la solde de la clique du Dalaï Lama. Cette rhétorique, dénigrant les manifestants et évoquant des bilans fantaisistes, rappelle fortement celle du maire de Pékin et du gouvernement, en juin 1989, dans la foulée de la répression du Printemps de Pékin.

Dimanche 16 mars, à Lhassa, le numéro un du Parti communiste au Tibet s’est chargé de radicaliser le face-à-face, et de conforter la version d’attaques racistes des manifestants « séparatistes » tibétains, en appelant à une « guerre populaire » . La diabolisation du chef spirituel tibétain a aussitôt suivi : le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, l'accusant de télécommander les violences depuis Dharamsala, en Inde, pour « saboter les Jeux Olympiques » de Pékin, au moins d’août ; le Parti communiste le décrivant, depuis, comme un « loup enveloppé d'une bure de moine », un « monstre à face humaine mais avec un coeur d'animal » ;  la presse se chargeant elle d'annoncer, mercredi 19 mars, la reddition d'une centaine d'émeutiers, qui ont « avoué » et regretté d'avoir « bêtement suivi des extrémistes », ou « agi sous l'emprise de l'alcool ».

Mais la propagande a ses limites. Car tout en affirmant que la situation au Tibet et dans les provinces voisines est sous contrôle, Pékin continue d’éloigner les touristes et les résidents étrangers, de refouler les journalistes, de renforcer le contrôle de l’internet en Chine et s‘est même lancé dans des cyber-attaques contre des sites internationaux pro-tibétains.

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