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Tibet

Des divisions de plus en plus apparentes

Article publié le 19/03/2008 Dernière mise à jour le 19/03/2008 à 12:41 TU

L'heure est à la remise au pas. A Pékin, le numéro un du Parti communiste a des mots très durs contre ce qu'il appelle communément « le Dalaï Lama et sa clique », qualifié ce mardi de « loup enveloppé dans une bure de moine ou de monstre à face humaine et au coeur d'animal ». Les autorités chinoises annoncent que 105 personnes se sont rendues mardi soir. Elles ont reconnu avoir participé aux violentes manifestations de vendredi à Lhassa. Officiellement, les émeutes dans la capitale du Tibet ont fait 13 morts. Une centaine au moins, affirment de leur côté, les partisants du Dalaï Lama.

Chaque jour des moines manifestent devant le temple de Dharamsala pour protester contre les violences commises par le régime de Pékin. Certains ont entamé une grève de la faim.
(Photo : M. Ennaïmi/RFI)

Chaque jour des moines manifestent devant le temple de Dharamsala pour protester contre les violences commises par le régime de Pékin. Certains ont entamé une grève de la faim.
(Photo : M. Ennaïmi/RFI)

Avec notre envoyé spécial à Dharamsala, Mouhssine Ennaïmi

Des moines tibétains appellent la communauté internationale et en particulier l'ONU (UNO) à intervenir au plus vite au Tibet.
(Photo : M. Ennaïmi/RFI)

Des moines tibétains appellent la communauté internationale et en particulier l'ONU (UNO) à intervenir au plus vite au Tibet.
(Photo : M. Ennaïmi/RFI)

Dès la matinée, les premiers manifestants investissent la place principale de Dharamsala où vit une importante communauté tibétaine dans le nord de l'Inde. « Je suis venu parce que nos frères et nos sœurs sont en train de se faire tuer par les chinois » dit Tsering un jeune moine tibétain de 23 ans. Les slogans fusent « nous voulons la liberté », « arrêtez les meurtres au Tibet ». Moines bouddhistes, habitants et étudiants parcourent les rues de la ville toute la journée devant le regard des commerçants et des touristes occidentaux. « C'est très émouvant et je suis triste pour eux. Tout ce qu'ils veulent c'est se faire entendre par la communauté internationale » dit Florent, un voyageur.

Des jeunes étudiants regardent les photos de cadavres envoyées du Tibet par internet. (Photo : M. Ennaimi/RFI)

Des jeunes étudiants regardent les photos de cadavres envoyées du Tibet par internet.
(Photo : M. Ennaimi/RFI)

Au cours de ces manifestations, devenues quotidiennes maintenant, certains brandissent des drapeaux du Tibet, d'autres se sont carrément peints le visage aux couleurs nationales. Dans les rues de la ville, les banderoles hostiles au régime de Pékin ont étés accrochées au fenêtres. Des photos et des articles, la plupart parvenus par internet, sont scotchés aux murs. Devant ces photos de cadavres et les articles de médias internationaux, des jeunes discutent et prennent de clichés avec leur téléphone portable.

A quelques dizaines de mètres de ces rassemblements, le Dalaï Lama annonce aux journalistes qu'il démissionnera de ses fonctions si la situation dégénère en violence. « Les Chinois disent que Sa Sainteté est la cause des ces violences et qu'il a fomenté et orchestré ces manifestations. Il leur répond que si les Tibétains sont derrière ces violences, alors il est prêt à démissionner. Ce qui prouve bien qu'il n'y est pour rien, non? ».

Samdhong Rinpoche, Premier ministre du gouvernement tibétain en exil à Dharamsala.(Photo : M. Ennaïmi/RFI)

Samdhong Rinpoche, Premier ministre du gouvernement tibétain en exil à Dharamsala.
(Photo : M. Ennaïmi/RFI)

Pour le Premier ministre, Samdong Rinponche, après avoir qualifié les accusations de Pékin d'être « sans fondements », il rappelle que le Dalaï Lama a déjà dit à maintes reprise que « si le peuple tibétain choisit la violence, alors il ne pourra plus être leur leader ».

Divisions

Après plusieurs générations d'exil, Tsewang Rigzin, le président du Congrès de la jeunesse tibétaine (TYC), se pose des questions sur la stratégie du Dalaï Lama. Pour lui, aucun résultat n'est sorti des dernières vingt années de négociation. Il dénonce la « frustration grandissante chez la jeune génération » et « l'extinction de la culture tibétaine » et souhaite que l'approche du Dalaï Lama soit « revue ».

Samdong Rinponche ne conteste pas la légitimité d'indépendance mais souligne qu'une constitution pour une autonomie régionale est suffisante pour que le peuple tibétain préserve sa culture et son identité.

Même discordance sur les Jeux Olympiques de 2008. Le gouvernement exilé du Tibet se prononce contre « une sanction contre TOUS les Chinois » tandis que des voix plus radicales reprochent à Pékin d'avoir floué la communauté internationale en promettant une amelioration des droits de l'homme.

Prières

En fin de journée, le rassemblement prend une allure de procession. Le long d'un chemin escarpé dans la montagne, les Tibétains récitent des prières, des bougies à la main, avant de rejoindre le temple en face de la résidence du Dalaï Lama. Assis, tout le monde écoute les discours politiques des principales organisations non gouvernementales. « Nous savons que la Chine est une puissance économique dont les grandes puissances ne peuvent se passer, mais nous leur demandons de faire pression sur Pékin afin que la Chine arrête de nous opprimer » hurle un leader d'une association étudiante sous les applaudissements de la foule.

Les caciques du gouvernement exilé tibétain, eux, avouent leur impuissance et confient qu'il n'ont pas de consignes à donner aux Tibétains vivant sous autorité chinoise.

A écouter

Le point sur les divergences

« Il est difficile de savoir si la rupture est consommée. Il y a de nombreuses divergences entre le Dalaï Lama et les étudiants, notamment sur le boycott des Jeux Olympique et le statut du Tibet. Il reste toutefois quelques points communs, comme la résolution de la crise par la non violence, ainsi que l'intervention internationale. »

19/03/2008 par Mouhssine Ennaimi