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Otan / Afghanistan

Renforts français : combien et où ?

par Stéphane Lagarde

Article publié le 02/04/2008 Dernière mise à jour le 03/04/2008 à 05:30 TU

Le sommet de l'Otan s'est ouvert à Bucarest, la capitale roumaine. On va y parler de l'engagement militaire français en Afghanistan. Nicolas Sarkozy est très attendu dans ce dossier : le président français doit confirmer jeudi une implication plus importante de l'armée française. Que sait-on exactement sur l'ampleur de ces renforts et sur leur destination ?

(Carte : Thomas Bourdeau/Geoatlas)

(Carte : Thomas Bourdeau/Geoatlas)

« Nous partîmes mille cinq cents ; mais par un prompt renfort, nous nous vîmes… » peut-être… mille de plus ? On peut paraphraser ces vers de Corneille pour souligner le flou que les autorités françaises continuent de cultiver concernant le chiffrage des renforts tricolores en Afghanistan. Le journal The Times à Londres, confirmé par des sources militaires et diplomatiques à Paris et à Bruxelles, avait assuré le 22 février dernier que Nicolas Sarkozy envisageait d’envoyer « un millier » de soldats français supplémentaires. Désormais, Paris parle de « quelques centaines » d’hommes en plus. Comme François Fillon devant l’Assemblée mardi, le président Nicolas Sarkozy ne devrait d’ailleurs pas être plus précis concernant le nombre et la localisation de ces nouveaux contingents à l’occasion du sommet de l’Otan qui s’ouvre ce mercredi à Bucarest. « L’important, c’est la décision de principe (…) » explique un conseiller du chef de l’Etat, selon qui « ce sont des discussions techniques entre militaires que sortiront le chiffre précis et la localisation des renforts ».

L’est privilégié par les militaires

La France se réserve encore sur les détails de l’opération, elle s’abrite également derrière les conditions posées par le Premier ministre. Les renforts français n’arriveront qu’en contrepartie notamment de l’aide publique internationale à l’Afghanistan et un engagement simultané des 40 pays alliés engagés dans l’opération dont 25 de l’Union européenne. Sans compter le choix du lieu où seront déployées les troupes : c’est le sud de l’Afghanistan qui manque le plus cruellement de renforts, mais l’état-major français ne cache pas sa préférence pour l’est du pays et pour plusieurs raisons.

L’est de l’Afghanistan est un terrain que la France connaît bien. Quatre équipes de cinquante instructeurs y sont déjà pour former les troupes locales. Un effort de « formation » qui devrait être accentué, selon le Premier ministre français. L’idée étant qu’à l’été 2009, la région de Kaboul puisse passer entièrement sous contrôle de l’armée afghane. Il y aussi des raisons logistiques. Afin de ravitailler ce millier d’hommes supplémentaire, l’est est plus accessible de Kaboul et la France assure le commandement de la région centre en alternance avec l’Italie et la Turquie. Et puis dernière raison, plus politique peut-être, ce choix de l’est – s’il était confirmé – place la France en « retrait » ou en tous cas loin des premières lignes. La France n’est pour l’instant que le septième pays contributeur de l’Otan. Elle entend rester sur des objectifs de « formation » et de contre-insurrection, sachant qu’il y aura de toute façon un panachage entre troupes « classiques » et « forces spéciales ». 200 hommes des forces spéciales pourraient ainsi participer à l’opération « Liberté immuable » sous commandement américain.

Le sud, théâtre des combats les plus violents

Tout cela, évidemment, est encore en discussion avec les partenaires de Paris. Car c’est bien le Sud et non l’Est qui pose le principal problème en Afghanistan. Ces derniers jours, le Canada a tiré Paris par la manche. Hep, hep ! Par ici les renforts ! Ottawa souhaiterais que les français viennent rejoindre les six avions de combats (dont trois Rafale et trois Mirage) basés depuis 2007 à Kandahar, après avoir longtemps été positionné au Tadjikistan. Les provinces de Kandahar et du Helmand restent des bastions talibans où les combats sont les plus intenses.  Les Canadiens y ont perdu 80 soldats alors que la guerre a fait 13 victimes côté français depuis 2002.