Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Economie

Face à la crise, le FMI prône l'interventionnisme

par Myriam Berber

Article publié le 08/04/2008 Dernière mise à jour le 08/04/2008 à 20:37 TU

Dominique Strauss-Kahn, le 28 mars 2008.(Photo : AFP)

Dominique Strauss-Kahn, le 28 mars 2008.
(Photo : AFP)

Les nouvelles prévisions 2008 et 2009 du Fonds monétaire international seront officiellement rendues publiques mercredi 9 avril 2008. L’organisation devrait abaisser sa prévision de croissance mondiale à 3,7% cette année, en raison de la crise économique et financière. Son directeur général Dominique Strauss-Kahn en appelle aux gouvernements pour régler la crise. Le patron du FMI estime qu'ils ne doivent pas hésiter à intervenir dans le secteur bancaire.

Le Fonds monétaire international (FMI) réduit sa prévision de croissance 2008 pour la deuxième fois cette année, prenant acte des répercussions de la crise de l’immobilier et du crédit aux Etats-Unis sur le reste du monde. La prévision de croissance mondiale a été ramenée à 3,7%, ce qui est la plus faible de ces deux dernières décennies. En janvier, l’organisation tablait sur une estimation de 4,1% du PIB mondial. L'information a été confirmée par le directeur général du FMI avant même que les nouvelles prévisions 2008 et 2009 soient officiellement publiées mercredi 9 avril 2008. « Ce n’est pas un ralentissement dramatique, mais c’est un ralentissement important », selon les termes de Dominique Strauss-Kahn.

Pour le reste, les économistes du FMI n’ont pas confirmé les autres données divulguées la semaine dernière par les médias, lesquelles indiquent que la croissance ne dépasserait pas 0,5% cette année aux Etats-Unis au lieu de 1,5% initialement prévu et 1,3% dans la zone euro au lieu de 1,6%. Ces chiffres ont suscité de fortes critiques parmi les responsables de la zone euro. Ce taux de 1,3% a été jugé « trop pessimiste » par Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe. Un avis partagé par Alex Weber, le président de la Banque centrale allemande : « Je ne partage pas la vision du FMI. Pour l'instant nous avons seulement des conséquences limitées de la crise financière aux Etats-Unis sur la zone euro et l'Allemagne». Une contestation qui n’est pas restée sans effet, puisque selon les dernières estimations, le FMI table dorénavant sur une croissance du PIB (Produit intérieur brut) de 1,4% pour l’Allemagne. C'est moins qu'en février (1,5%), mais plus que la semaine dernière, où le chiffre de 1,2% avait filtré pour la première économie de la zone euro.

« Une troisième ligne de défense » contre la crise

Cette stagnation, qui pourrait se transformer en récession, se fait désormais sentir sur toute l’économie mondiale. Le patron du FMI a indiqué que les Etats-Unis et les pays européens sont les principales victimes de la crise du crédit, mais que les pays émergents auraient également à en pâtir. « La soi-disant théorie du découplage est trompeuse. En réalité, les pays émergents, dont la Chine, l’Inde et le Brésil, souffrent du ralentissement du reste du monde, même s’ils maintiennent des niveaux élevés de croissance », a expliqué Dominique Strauss-Kahn. Si l’on en croit différentes prévisions, cette crise devrait coûter à la Chine et à l’Inde de 0,75 à 1 point de croissance dès cette année.

Dans son rapport semestriel, le service du FMI chargé de la surveillance des marchés a chiffré à 945 milliards de dollars le coût de la crise actuelle pour le système financier mondial, dont 565 milliards générés par l'exposition des banques au secteur des crédits hypothécaires à risques («subprimes »). Pour le patron du FMI, le besoin d’une intervention publique devient évident, face à l’aggravation de la crise économique. Après les interventions des banques centrales et le plan de relance budgétaire américain, « les pouvoirs publics constituent la troisième ligne de défense pour empêcher l’économie mondiale de tomber dans la récession », a argumenté Dominique Strauss-kahn dans un entretien publié le 7 avril 2008 par le quotidien économique britannique The Financial Times.  

Une intervention dans le secteur bancaire

Pour l'ancien ministre français de l’Economie et des Finances, un effort doit être fait sur la restructuration des prêts à problème. « En ce qui concerne les banques, si leur matelas de fonds propres ne peut être restauré suffisamment rapidement par le secteur privé, l'usage d'argent public peut être envisagé », a-t-indiqué. Le patron du FMI se dit favorable à la mise en place de structures pour permettre aux banques de se défaire des actifs à problèmes, comme celle qui avait permis au Crédit Lyonnais de tourner une page sombre de son histoire.

La crise économique et les moyens d'en sortir devraient donc occuper la majeure partie des débats des assemblées de printemps du FMI et de la Banque mondiale qui se tiendront le 12 et 13 avril 2008 d'autant plus que tous les pays représentés à Washington ont été touchés par cette crise. Les Européens, de leur côté, souhaiteraient aussi aborder une autre question : celle des taux de change. L'euro atteint des niveaux record face au dollar et cela pénalise les exportations européennes.

A écouter

Rapport FMI et crise monétaire

« Selon le FMI, les pertes liées à la crise des crédits hypothécaires à risque, pourraient atteindre 945 milliards de dollars. »

08/04/2008 par David Baché