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Conjoncture

Crise économique : qui y échappera ?

par Myriam Berber

Article publié le 21/03/2008 Dernière mise à jour le 21/03/2008 à 17:33 TU

Plusieurs études de conjoncture semblent démontrer que la crise financière qui a secoué les marchés cet été se transforme en crise économique à travers le monde. En France, l’Institut national de la statistique (Insee) pointe clairement un ralentissement. L’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour les Etats-Unis. Le Fonds monétaire international (FMI) pourrait faire de même.

Les chiffres que publie l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), vendredi 21 mars 2008, ne tablent plus que sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 0,4% au premier trimestre 2008 au lieu des 0,5% prévus. Cette hypothèse rend peu crédible l’objectif de 2% de croissance sur l’ensemble de 2008 avancé jusqu’à présent par le gouvernement français. Et même si la ministre de l’Economie Christine Lagarde a rappelé que « l’économie française est plus résistante que celle des autres pays européens », elle a reconnu que la France allait prochainement « réviser en légère baisse » sa prévision de croissance pour 2008. Du côté de l’inflation, le taux devrait atteindre 3% en mars et se maintenir à ce niveau plusieurs mois, sous l’effet de la flambée des prix alimentaires et de la hausse du pétrole. Le chômage devrait se stabiliser au premier semestre 2008 autour de 7,5% de la population active.

Même si les conséquences de la crise financière mondiale affectent l’économie française, celle-ci, comme le reste de l’Europe, a jusqu’ici bien résisté. L'Organisation de coopération et le développement économique (OCDE) s’attend néanmoins à une croissance de la zone euro à 0,5% au premier trimestre 2008 et à 0,4% au deuxième, contre respectivement 0,4% et 0,5% dans le précédent rapport. Mais l’OCDE maintient pour la zone euro sa prévision de croissance à 1,9% pour l’ensemble de l’année 2008, après 2,6% en 2007.

« Une période néfaste pour les Etats-Unis »

En revanche, les taux de croissance prévus aux Etats-Unis ont été révisés à la baisse, avec une stagnation de la croissance au premier trimestre de 0,1% et au deuxième de 0%. Au total, la croissance des Etats-Unis en 2008 ne dépasserait pas 1,4% en 2008 contre 2% prévu lors des précédentes estimations. Jorgen Elmeskov, chef économiste à l’OCDE, parle d’une « période néfaste pour les Etats-Unis, l’inflation s’élevant à 4% sur un an, bien au-delà de ce qui est acceptable ». Le Fonds monétaire international (FMI) rejoint les inquiétudes de l’OCDE. Selon l’agence italienne de presse Ansa, le FMI qui doit publier ses perspectives économiques les 12 et 13 avril prochain a réduit sa prévision de croissance pour les Etats-Unis à 1,5% pour 2008.

L’annonce du recul en février des ventes de détail (-0,6%) a fragilisé le billet vert et conforté le scénario d’un effondrement de la conjoncture américaine. L’impact a été d’autant plus fort que cette baisse des ventes de détail fait suite à d’autres mauvaises nouvelles. L’économie a perdu plus de 80 000 emplois en janvier et février dans les secteurs de la construction, de l’industrie, de la finance et du commerce de détail. Les prix à la pompe et au supermarché sont à la hausse. Les prix des logements baissent.

Pas de découplage avec les pays émergents

La politique de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui a ramené son principal taux directeur à 2,25%, soit le niveau le plus bas depuis la fin de l’année 2004, a peu de prise sur les marchés. Les baisses de taux ne se répercutent pas facilement dans une économie américaine où l’inflation grimpe et où les banques à court de fonds propres hésitent à prêter aux particuliers et aux entreprises. Qui plus est, cette politique offensive de la Fed a accentué la pression sur les places boursières. Aux yeux des opérateurs, l’intervention des autorités monétaires américaines est une preuve supplémentaire que l’économie de la première puissance mondiale va très mal. 

Cette stagnation qui pourrait se transformer en récession, se fait désormais sentir sur toute l’économie mondiale. L’excédent commercial chinois s’est ainsi fortement contracté en raison du ralentissement de l’économie américaine. Le débat sur le découplage avec les pays émergents est toujours à l’ordre du jour. Pour le directeur général du FMI, la crise financière actuelle devrait « durer assez longtemps avec de graves conséquences ». Et Dominique Strauss-Kahn d’expliquer qu’« il n’y a pas de découplage entre les pays développés et les pays émergents, mais un décalage dans le temps ». Un avis partagé par Robert Zoellick, président de la Banque mondiale, qui rejette également « la théorie d’un découplage entre les pays occidentaux en difficulté et les pays émergents à forte croissance ». Si l’on en croit différentes prévisions, cette crise devrait coûter à la Chine et à l’Inde, de 0,75 à 1 point de croissance dès cette année.