par RFI
Article publié le 02/05/2008 Dernière mise à jour le 03/05/2008 à 14:56 TU
Lovemore Sekeramayi, responsable en chef de la Commission électorale zimbabwéenne (ZEC) annonce à Harare le 2 mai 2008 les résultats du premier tour de l'élection présidentielle du 29 mars.
(Photo : Reuters)
Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) n’a pas encore décidé s’il prendra part, ou non, à un deuxième tour. Le parti de Morgan Tsvangirai définira, ce samedi, la stratégie à suivre dans le cadre d’un Comité national exécutif, la décision devrait être annoncée dimanche.
Lors d’une conférence de presse à Johannesburg, vendredi après-midi, le secrétaire général du MDC, Tendai Biti, a déclaré que Morgan Tsvangirai avait remporté l’élection au premier tour et qu’il devait être déclaré président. Tendai Biti a également condamné sévèrement les résultats proclamés par la Commission électorale, parlant de « triche » et de « vol ». Il a appelé la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à organiser un nouveau sommet extraordinaire pour se saisir de la crise au Zimbabwe.
Secrétaire général du MDC
« Si la SADC nous dit... nous allons internationaliser la commission électorale, demander la fermeture des camps de torture, vérifier que la violence ne surgisse pas de nouveau... Parmi nous, il y en aura plus d’un à être tenté par un deuxième tour...»
La mission des observateurs de la SADC a dénoncé vendredi à Harare une hausse des « violences, tortures et pillages » depuis les élections du 29 mars, en imputant la responsabilité « aux leaders politiques qui ont pris part aux élections ». La SADC a appelé « les parties en présence et les candidats à abandonner leur égocentrisme et à œuvrer pour le bien de la nation zimbabwéenne, en respectant la volonté du peuple, exprimée dans les urnes ».
Réactions de la communauté internationale
Le gouvernement britannique affirme que le résultat officiel de l’élection présidentielle au Zimbabwe « manque de crédibilité », tout en soulignant qu’au moins 60% des Zimbabwéens ont voté pour un changement dans le pays. La porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères a également dénoncé « la campagne de violence et d’intimidation du président Mugabe, conjuguée à l'arrestation de 99 responsables de la Commission électorale », ce qui illustre, selon elle, « ce que ferait le ZANU-PF en cas de second tour ».
Le gouvernement britannique appelle à l’interruption immédiate de la violence et la mise en place d’une plus vaste supervision internationale, avec davantage d’observateurs par rapport au premier tour du scrutin présidentiel zimbabwéen. Le président sud-africain, Thabo Mbeki, a promis d’envoyer une mission au Zimbabwe, pour enquêter sur les accusations de violence.
Le département d’Etat américain considère que les résultats de l’élection présidentielle au Zimbabwe posent de « sérieux problèmes de crédibilité ». La Commission européenne a appelé à ce que le second tour soit « juste, libre et conduit de manière convenable », avec une « présence internationale pour observer l’élection dès le début du processus ».Commissaire européen au développement
« Si le deuxième tour est boycotté par M. Tsvangiraï, cela sera assez facile pour M. Mugabe de remporter les élections, il n'y aura pas d'alternance par défaut...Il faut... une campagne sans violence, avec de nombreux observateurs...»
Mugabe et son parti sont prêts pour un second tour
En tout cas, le gouvernement de Robert Mugabe approuve totalement l'idée d'un deuxième tour. Le chef de l’Etat sortant a fait savoir qu’il acceptait le résultat de l’élection du 29 mars et participerait à un second tour face au candidat de l’opposition. Les partisans de Mugabe affirment que l’opposition a peur de perdre.
Ministre zimbabwéen de l'Information
« La loi dit que si aucun candidat n'obtient plus de 50 % des voix, il faut un second tour (...) le président va gagner le second tour, c'est pour cela que Tsvangirai a la trouille. »
Le parti du président Robert Mugabe, Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique ( ZANU-PF), a annoncé vendredi qu’il avait déposé des recours portant sur 52 sièges à la Chambre des députés, où il a perdu la majorité pour la première fois depuis 1980. Selon les résultats officiels des élections législatives, confirmés samedi par la Commission électorale, le MDC a obtenu 109 sièges, contre 97 sièges au MDC.
Morgan Tsvangiraï ne ferme pas la porte à un second tour |
La question sera tranchée ce dimanche, c'est Morgan Tsvangirai qui l'annoncera à Johannesburg. Une décision lourde de conséquences, car Robert Mugabe, lui participera à un second tour. Si le candidat du MDC s’abstient, le candidat octogénaire décrochera son sixième mandat. La question du boycott a déjà divisé le MDC par le passé, alors Morgan Tsvangirai va certainement solliciter l’avis de ses alliés internationaux. Washington et Londres ont déjà exprimé leur réserve quant à un deuxième tour. Arithmétiquement il devrait l’emporter aisément, car le candidat indépendant Simba Makoni a réuni 8% des suffrages, et ceux-ci devraient aller dans leur majorité à Tsvangirai. Mais ce dernier n’a pas confiance dans la commission électorale. Il craint aussi que Robert Mugabe intensifie sa campagne d’intimidation dans les zones rurales, d’autant plus que le gouvernement Mugabe a indiqué que le deuxième tour pouvait être organisé au-delà des trois semaines prévues par les textes. En tout les cas, il ne fait aucun doute que la SADC (la Communauté de développement des Etats de l’Afrique australe) et peut-être la communauté internationale au sens large, seront sollicitées pour se porter garantes d’un deuxième tour libre et juste. Selon le MDC tout du moins, pour le premier tour, la SADEC a failli dans sa mission. |